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Déclaration politique de Bamako : Des syndicalistes dénoncent les gouvernants du Mali et du Burkina

Publié le lundi 3 septembre 2007 à 08h29min

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Du 16 au 23 août 2007, une délégation de seize membres du SYNTER à séjourné à Bamako au Mali pour une rencontre syndicale en vue du développement de relations dites internationalistes, avec la Fédération de l’éducation nationale. Une rencontre qui a accouché de "la déclaration politique de Bamako", dont nous avons reçu copie.

Les contextes du Mali et du Burkina Faso présentent des similitudes évidentes. Il n’est donc pas étonnant que nos organisations syndicales et des travailleurs des deux pays soient confrontés à des réalités identiques.

Au plan politique, économique et social :

* L’absence de véritables libertés démocratiques liée aux orientations politiques de nos gouvernants qui considèrent les syndicats authentiques des travailleurs comme une cible à abattre ;

* Les Programmes d’Ajustement Structurels (PAS) mués en Cadres Stratégiques de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) qui rejettent des millions de citoyens dans des condiions de vie et de travail dramatiques caractérisées notamment par : la paupérisation croissante des travailleurs et couches populaires ; le chômage massif des jeunes diplômés ; le développement des fléaux sociaux comme la prostitution et la consommation de la drogue ; l’inaccessibilité des services sociaux comme la santé et l’éducation pour les populations ; etc.

* Le pillage du patrimoine national par les prédateurs publics.

* La contractualisation qui installe la précarité dans le statut des travailleurs de l’éducation et de la recherche.

Dans le domaine de l’éducation, on assiste à la mise en œuvre de politiques imposées par les institutions financières internationales et qui font de ce secteur un milieu sinistre présentant les caractéristiques ci-après : la privatisation et la marchandisation forcenée de l’école ; des réformes éducatives contraires au intérêts des peuples ; la dévalorisation de la fonction enseignante ; les conditions de vie et de travail catastrophiques avec l’absence ou l’insuffisance d’infrastructures et d’équipements éducatifs avec des effectifs démentiels aussi bien dans les salles de classes (plus de 100 élèves par classe) que dans les amphis universitaires (plus de 2000 étudiants par amphi) , avec des salaires de misère servis parfois 8 ou 9 mois sur 12 ; etc.

Les travailleurs exploités

Les gouvernants et les patrons qui exploitent ainsi les travailleurs, se donnent la main dans des institutions à l’échelle régionale et sous-régionale. Aussi, est-il nécessaire que les organisations syndicales qui défendent les intérêts des travailleurs s’unissent au-delà des frontières pour opposer une résistance farouche aux plans de liquidation des acquis sociaux et démocratiques des travailleurs de l’éducation et de la recherche. C’est dans cet esprit que la FEN et le SYNTER ont amorcé depuis quelques temps un travail de coopération avec comme objectif : développer des relations de solidarité internationalistes entre le SYNTER et la FEN pour faire face à ces défis.

Pour concrétiser cet objectif, une délégation de seize (16) travailleurs burkinabè conduite par le SYNTER a séjourné en République du Mali du 16 au 23 août 2007. Elle a, à cet effet, eu avec la FEN des séances de travail autour de thèmes comme la "Contractualisation", "l’Etat de la syndicalisation dans les systèmes éducatifs de nos pays" que sont le Mali et le Burkina Faso. Les discussions autour du premier thème ont permis de rappeler le contexte de la contractualisation qui est celui de l’application des PAS dans nos pays qui se sont mués aujourd’hui en CSLP.

Un cadre juridique comportant plusieurs textes législatifs comme ceux des réformes de l’Administration publique, de la Décentralisation, etc. a été créé pour institutionnaliser et régir cette contractualisation dont les conséquences sont multiples et dramatiques pour les travailleurs d’une manière générale et, partant, ceux de l’éducation et de la recherche. Ces conséquences sont entre autres : le changement du statut des enseignants, les énormes pertes salariales, la dévalorisation de la fonction enseignante, etc.

Respect des libertés démocratiques

Les discussions ont fait ressortir également les résistances que les travailleurs développent sur le terrain à travers notamment leurs organisations syndicales contre cette contractualisation et surtout la nécessité d’amplifier cette résistance aussi bien niveau national et au-delà eu égard à la nature commune des problèmes que vivent les travailleurs de nos deux pays.

Quant à la syndicalisation dans les systèmes éducatifs de nos deux pays, les échanges ont permis de faire l’historique de chacune des deux organisations syndicales que sont la FEN et le SYNTER en le situant à la fois dans le cadre général du mouvement syndical des deux pays et dans celui particulier de l’éducation. Les exposés ont permis de mettre en exergue les luttes menées de part et d’autre, les acquis engrangés au profit des travailleurs mais aussi les difficultés auxquelles les organisations sont confrontées et qui sont liées à la répression abattue par les pouvoirs publics sur elles et leurs militants, la faible mobilisation des ressources financières et parfois des difficultés administratives.

Les deux organisations se sont préoccupées particulièrement de l’aspect du respect des libertés démocratiques. Elles ont particulièrement dénoncé l’incarcération de Kassoum MINTA, professeur au Lycée Nanaîssa Santara ; car cette interpellation par le Procureur de la République est non seulement une intervention de la justice dans la gestion d’une affaire pédagogique, mais aussi une atteinte à la souveraineté de l’administration scolaire.

Au terme de ces échanges, les participants ont, au regard de la gravité des problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs de l’éducation et de la recherche de nos deux pays, de la similitude desdits problèmes, affirmé la nécessité d’établir des relations permanentes solides entre nos syndicats afin de leur permettre de faire face à ces défis.

En plus de ces deux thèmes, les échanges entre la délégation venue du Burkina Faso et celle du Mali, ont porté sur des informations relatives à la vie chère, l’état général des systèmes éducatifs, les réformes mises en œuvre dans le secteur éducatif dans nos pays.

Réalités culturelles et sociologiques

La délégation burkinabè, en compagnie de la FEN, a été reçue par la Confédération Syndicale du Travail du Mali (CSTM) puis elle a rendu une vite de courtoisie au Syndicat National de l’Education et de la Culture (SNEC) et à sa centrale l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM), aux autorités en charge de l’éducation au Mali, à travers notamment, la Direction Nationale de l’Enseignement Technique et Professionnel (DNETP). Avec les syndicats de l’éducation et leurs centrales respectives, les syndicalistes burkinabè ont échangé sur la nécessité de l’unité d’action syndicale à tous les niveaux et sur des questions syndicales diverses.

A la DNETP, les échanges ont porté sur la politique mise en œuvre au Mali en matière d’enseignement technique et professionnel. A cet effet, des informations pertinentes relatives à la présentation générale de l’Enseignement Technique et Professionnel (ETP), les difficultés actuelles du dispositif de l’ETP, les réalisations et les perspectives, on été fournies à la délégation du SYNTER. Les discussions ont permis de mesurer le travail déjà effectué mais aussi les défis qui restent en matière d’ETP.

La délégation à enfin rendu une visite de courtoisie à l’Ambassade du Burkina Faso au Mali. En l’absence de son Excellence, Monsieur l’ambassadeur, en mission hors du Mali, la délégation a été reçue par les collaborateurs de ce dernier. Cela a été une occasion pour les membres de la délégation de demander des informations sur la vie de la communauté burkinabè vivant au Mali et les problèmes actuels ils sont confrontés.

Outre ces rencontres et ces échanges, la délégation burkinabè s’est imprégnée de certaines réalités culturelles, historiques et sociologiques sous la conduite des camarades de la FEN, en visitant le Gnanaklou et la Compagnie Malienne de Navigation (COMANAV) à Koulikoro, le Conservatoire des Arts Balla Fasséké, le jardin zoologique, et d’une façon générale la ville de Bamako.

Au terme de cette visite dont l’initiative a été saluée par les deux parties, les deux organisations syndicales ont décidé de formaliser leur coopération par l’élaboration d’une convention.

Fait à Bamako, le 22 août 2007

Ont signé :

Pour la FEN,
Jean Samaké, Secrétaire général adjoint

Pour le SYNTER,
Mamadou Barro, Secrétaire général

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