Cette 8e session, comme les précédentes, a consisté à faire un bilan d’étape de l’arrangement politique conclu sous la houlette du facilitateur Blaise Compaoré. Si l’on en juge par le communiqué final de ses retrouvailles périodiques, tout baigne sur les rives du Lac Bê, où, petit à petit, les différents éléments du puzzle législatif se réunissent. Il en est ainsi, et à titre d’exemple, du mécanisme de sécurisation du processus électoral, de la campagne de lutte contre les violences en politique et l’impunité, de la formation des magistrats sur le contentieux électoral, de l’achèvement du recensement électoral...

Sur ce dernier point, la liste électorale provisoire, forte de 2 900 000 inscrits, devrait être affichée d’ici deux semaines afin de permettre les recours et les corrections subséquentes avant la publication du fichier définitif. Mais l’annonce principale de cette 8e session du comité du suivi de l’APG aura été la décision prise la veille par le gouvernement togolais de fixer la date du scrutin au 14 octobre 2007. Dans 45 jours donc en gros, le temps nécessaire sans doute pour effectuer les derniers réglages pour une élection apaisée et donc transparente, condition indispensable, comme chacun sait, d’une sortie de la crise dans laquelle le Togo est englué depuis le 05 février 2005, date du décès du Général Gnassingbé Eyadéma et de sa succession dynastique par son fils Faure.

On a encore frais dans la mémoire son intronisation par la haute hiérarchie militaire, sa démission devant le tollé général tant à l’intérieur qu’à l’extérieur qui a accueilli ce putsch et son retour au palais de Lomé II après un semblant d’élection marquée par des tripatouillages grotesques et une violence inouïe qui a contraint à l’exil des milliers de Togolais. Mais au moins les apparences démocratiques étaient-elles sauves, même si la pérennisation à Lomé du régime ethnico-familial, comme certains l’appellent, ne fait pas honneur à l’Afrique.

On a beau vouloir voter des circonstances atténuantes au jeune Faure, forcément plus ouvert, plus respectueux des droits de l’homme et moins buté que son géniteur, il est avant tout le produit et l’otage d’un système, qui a mis ce qui s’appelait jadis "la Suisse de l’Afrique" sous coupe réglée. Et plus que quiconque, il sait que la bonification de son image et de celle de son pays, maintenant qu’il a hérité du trône paternel, passe par des législatives propres. Et il sait que tout le monde l’attend au tournant.

Cap donc sur le 14 octobre, soit, on l’aura remarqué, 24 heures avant le 20e anniversaire de l’arrivée de Blaise Compaoré au pouvoir. Les différents protagonistes du dialogue intertogolais ont-ils donc voulu offrir ce cadeau d’anniversaire à leur facilitateur et contribuer dans une certaine mesure à noyer dans l’actualité africaine le boucan d’un autre 20e anniversaire, celui de l’assassinat de Thomas Sankara ? Allez savoir !

On se rappelle en tout cas qu’en octobre 1987, feu Eyadéma était de ceux qui ont applaudi le coup d’Etat sanglant, et chaperonné le capitaine Blaise Compaoré avant que leurs relations se détériorent.

Cela dit, nous autres Burkinabè pourrions nous demander pourquoi le président du Faso, si précautionneux à l’extérieur, où il obtient des concessions quasi révolutionnaires, ne fait pas montre du même zèle positif dans l’expertise électorale pour parfaire les élections chez lui. Faut-il croire que la thérapie du docteur ès-résolution des conflits ne vaut que pour les pays en crise et qu’il attend que nous aussi y soyons pour se résoudre à appliquer dans sa propre maison les ordonnances qu’il prescrit aux autres ?

L’Observateur Paalga