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Saran Sérémé "En Afrique, l’homme peut être dirigé ou orienté par une femme..."

Publié le lundi 27 août 2007 à 08h39min

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Saran Sérémé

La députée Saran Sérémé est élue pour un deuxième mandat à l’Assemblée nationale au titre du CDP. Vice-présidente du Caucus genre, Sérémé est également présidente de la Commission de l’agriculture, l’environnement, les ressources en eau et le développement rural au parlement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), basé à Abuja au Nigeria.

Elle est encore membre du Réseau des parlementaires de la Banque mondiale. Le correspondant de IPS au Burkina, Brahima Ouedraogo, l’a rencontrée à Ouagadougou, la capitale.

Treize femmes sur 111 candidates (soit 11,71 pour cent) ont été élues députées en mai dernier, mais aujourd’hui, elles sont 17 au parlement, quatre autres femmes suppléantes ayant remplacé quatre hommes députés titulaires nommés plus tard au gouvernement ou à d’autres fonctions. Sur les 17 femmes parlementaires, le CDP compte 14 et trois autres partis ont chacun une députée. Le pourcentage de femmes candidates avoisinait en général les 15 pour cent.

Etes-vous satisfaite du nombre de femmes au parlement ?

C’est une évolution très infime par rapport au plaidoyer qui a été mené à travers le forum national que le Caucus genre a initié auprès des partis politiques et par rapport à leur engagement de respecter un minimum de quotas. Au niveau du parti majoritaire (le CDP), on avait décidé un quota de 25 pour cent, mais il y a juste eu 18 pour cent de femmes qui ont déposé leurs candidatures. Cela donne l’impression que les femmes ne s’intéressent pas à la politique, or c’est la preuve que les hommes veulent toujours être les leaders. Et en Afrique, l’homme n’a pas encore compris qu’il peut être dirigé ou orienté par une femme sans que cela soit une dictature féminine ou du féminisme.

Que s’est-il passé réellement avec le projet de loi sur les quotas ? (Le Caucus genre, en collaboration avec le président du parlement et le gouvernement, a déposé un projet de loi portant sur 30 pour cent minimum pour l’un ou l’autre sexe).
Nous espérons qu’à la prochaine session parlementaire, ce projet de loi sera déposé, étudié, et nous espérons qu’il sera adopté. Ce n’est pas parce que ce projet de loi sera déposé qu’il sera adopté car il y a un autre combat, un autre plaidoyer à mener auprès des députés qui votent les lois, auprès des populations qui d’office sont d’accord avec ce projet. Nous voulons une certaine pression sans que cela ne soit comme une obligation pour les députés qui doivent comprendre que de toutes les manières, on ne peut pas parler aujourd’hui de développement, de démocratie, de bonne gouvernance sans cette moitié (les femmes).

Comment vaincre les résistances au sein du parlement ?

Nous allons sensibiliser, négocier. Ce projet de loi, s’il est voté, va amener un changement radical sur tous les plans, économique, social, politique ; la société va changer parce qu’on sera obligé de tenir compte des femmes et de leur avis. On s’attend donc à une opposition farouche des hommes qui ne vont pas se laisser faire car il y a une habitude sociale et culturelle qui est là. Ils ont l’habitude d’occuper des postes de responsabilité et nous savons qu’il est difficile d’accepter de considérer la femme égale à l’homme, même s’ils savent que sur le terrain politique, ce sont les femmes qui ont toujours mobilisé pour les faire élire.

Vos faiblesses internes ne sont-elles pas un autre obstacle ?

Oui, il y a le problème de la formation des femmes qui se pose, celui de l’analphabétisme, de taux de scolarisation (41 pour cent pour les filles contre 53,8 pour cent pour les garçons récemment) à relever sur le plan national. C’est pourquoi nous avons demandé au Caucus genre qu’il y ait en amont des activités pour essayer de relever le niveau de scolarisation, d’alphabétisation des femmes afin qu’à un moment donné, les femmes comprennent le sens du combat. Par ailleurs, à l’assemblée, les hommes n’étaient pas toujours des intellectuels, il y avait des bouchers, des vendeurs de pneus ; mais pourquoi quand une femme commerçante veut être députée, on trouve qu’on veut amener des analphabètes ?

Comment vaincre les préjugés sociaux et culturels contre la femme ?

Les préjugés existent, par exemple la femme, en politique, n’est pas de bonne moralité. C’est normal, c’est comme la femme d’affaires, la femme ministre qui sont considérées comme "poussées" par un homme. En fait, cela fait partie des coups bas en politique. Nous ne devons pas écouter cela, sinon les hommes auront atteint leur but. La politique, c’est un peu comme la jungle où il faut se battre pour survivre.

Quel avenir pour la femme en politique au Burkina ?

Il est parsemé d’embûches, mais je suis confiante. Nous avons besoin d’une volonté politique déterminée, très affichée car cela permettra de raisonner certaines personnes qui sont encore accrochées à leur leadership masculin. Cela permettra également aux femmes de s’engager pleinement. La plupart des femmes n’ont pas déposé leurs candidatures, tout simplement parce qu’elles ont estimé que sans le vote d’une loi sur les quotas, cela signifie qu’elles n’auront pas l’appui nécessaire des dirigeants pour être retenues car ce sont les hommes qui sont toujours les responsables des partis politiques.

Quelles devront être les qualités de la femme leader ?

Elle doit être très combative, avoir une dose de volonté d’aller de l’avant, de se battre. Il faut être sociable et avoir le minimum pour faire face aux problèmes auxquels sont confrontées les populations. Transmettre les préoccupations des femmes, des couches défavorisées au parlement et aux autres instances.

Brahima Ouedraogo
Inter Press Service (Johannesburg)
Ouagadougou

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Vos commentaires

  • Le 31 août 2007 à 20:53 En réponse à : > Saran Sérémé "En Afrique, l’homme peut être dirigé ou orienté par une femme..."

    Bonjour Mme SEREME.
    A mon avis il ne doit pas y avoir de quota qui tienne. Vous avez bien parlez en disant que le milieu politique est une jungle ou chacun doit se battre pour sa survie alors battez vous et n’attendez pas de quota car cela signifie qu’il faut toujours assister les femmes puisque ce sont les hommes qui donnent les quota.Dans cette meme jungle l’homme ne doit pas mourir non plus, ou bien...Pourquoi ne creez vous pas de parti à l’image du PCLI de Mme Zébango meme si on connait l’initiateur.
    Je veux bien une femme qui peut dirriger mais que ce leadersheep ne lui soit pas donnée mais mérité.

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