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Promotion de la jeunesse burkinabè : La danse, la musique... ne sont pas à négliger !

Publié le vendredi 24 août 2007 à 07h24min

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"La danse peut être un projet pour les jeunes contrairement aux idées reçues". Partant de cette conviction, Nouhoun Coulibaly s’insurge contre ceux qui ont l’art de banaliser certains métiers sous le compte de la morale. Ainsi, dans son point de vue ci-dessous qui vous est proposé en intégralité, M. Coulibaly refuse qu’on décourage le ministère de la Jeunesse et de l’Emploi en ramenant tous ses efforts aux concerts.

"Artiste-musicien, ça c’est quelle profession ça !" Ainsi s’exprimait un recruteur de l’armée voltaïque à l’endroit de deux jeunes venus se faire recruter dans l’armée. Cet affront n’a pas ébranlé leur moral puisque, intégrés dans l’armée, ce sont eux qui ont été les piliers de l’orchestre « les léopards » de Bobo qui a fait la fierté de la musique burkinabé. Jusqu’à ce jour certains d’entre eux sont entre deux avions pour réaliser des projets culturels à fortes retombées économiques. Autrefois, être orienté dans les filières techniques ou agronomiques était mal vu et même très mal.

Ces filières de formation n’accueillaient que les laissés-pour-compte de la société, c’est-à-dire les recalés du système des lycées et collèges sous le prétexte de l’âge et de la moyenne en classe. Autrefois, selon des règles convenues, le sport, l’art et la culture étaient des pratiques réservées aux personnes qui ne peuvent réussir nulle part ailleurs. Gare aux enfants donc qui s’y aventuraient même s’ils laissaient transparaître des dispositions pour y exceler. Que de talents gâchés au nom de la convenance.

Autre temps, autres mœurs ; le chemin classique pour réussir dans la vie passait nécessairement et immanquablement par l’école. Et l’école formait pour devenir fonctionnaire de la République, pour être bureaucrate, bref pour être quelqu’un. L’école ne formait pas pour ouvrir des quincailleries, pour devenir menuisier, maçon ou mécanicien encore agriculteur ou éleveur. Elle ne formait surtout pas des chanteurs, des musiciens, des danseurs, des artistes, des sportifs. Pourquoi faire ?

Malgré le changement radical des choses, et leurs leçons, certains, et on les comprend, installés dans leur mentalité formatée, font du conservatisme et de la résistance. Les temps ont vraiment changé.
Plutôt on le saura, plus vite on s’adaptera afin de prendre la place qui est la nôtre dans une mondialisation qui n’a que faire des jérémiades de ceux qui ne savent que faire cela.

Un obstacle inutile et même nuisible

La danse peut être un projet pour les jeunes contrairement aux idées reçues. Comme elle, la musique, le sport, la gestion des boîtes de nuit ou de bars, la mode, le gardiennage, le parking, la menuiserie, la maçonnerie, et tous ces autres métiers qui souffrent de ce type de préjugés qui font que les jeunes préfèrent ne rien faire que de les exercer. Un obstacle inutile et même nuisible qui fait que d’autres jeunes venus d’ailleurs nous imposent le respect.

Tenez en musique par exemple, alors que nous étions assis sur nos coulisses de la honte à faire des scrupules sur l’importance du message en musique, sur ce qu’il faut ou ne pas chanter, sur les valeurs du bien et du mal, des musiques venues des Lacs et des lagunes, sans scrupules, sans égard pour ce moralisme, nous faisaient danser toute honte bue. Ceux qui ont tenté la résistance déclaraient « je ne suis pas un chien pour danser la danse du chien ». On les a surpris un peu plus tard en train de se trémousser en singeant parfaitement l’animal qu’ils n’étaient pas. Alors que les mêmes nationalistes à la morale et au patriotisme à fleur de peau s’échinaient à censurer la musique le coupé-décalé partout où besoin sera, les pistes des boîtes de nuit et les maquis grouillaient de mélomanes burkinabé.

Heureusement que des jeunes Burkinabé, au lieu de s’apitoyer sur leur propre sort, se sont approprié le rythme pour diffuser la bonne nouvelle. Aujourd’hui, tous les DJ sont fiers de vous dire, qu’en la matière, la musique burkinabé tient la dragée haute. On rencontre dans les boîtes de nuit et autres maquis, des tenants de la thèse selon laquelle « la danse n’est pas un projet pour les jeunes » coupez et décalez pour demander à leur voisin si c’est vraiment des Burkinabè qui font cette musique.

Du mérite du ministère de l’Emploi et de la Jeunesse

Les Jeunes ont besoin qu’on leur crée les conditions réelles et concrètes de leur épanouissement. Le débat doit se poser là, sans a priori aucun : qui ne sait pas en effet que jeunesse rime avec réjouissance ? Qui ne sait pas non plus qu’autour des réjouissances se créent et se consolident des milliers d’emplois de tous ordres ? Qui ne sait pas que c’est dans ces réjouissances que les messages les plus sérieux et les moins passent le plus efficacement possible ? Qui ne sait pas que pour vendre leur produit ou leur message, les entreprises et les institutions qui ont besoin de ces occasions sont plus enclines à puiser dans leur budget de publicité et de communication ? Où croit-on qu’elles auraient choisi d’embaucher 100 personnes ou financer une formation avec leur budget de publicité ou de communication ?

Le ministère de la Jeunesse et de l’Emploi a au moins un mérite que beaucoup de jeunes des associations de jeunesse lui reconnaissent : celui d’avoir réussi à faire parler, en bien ou en mal certes, de la Journée internationale de la jeunesse célébrée le 12 août de chaque année à l’initiative de l’Assemblée générale des Nations unies depuis 1999. A l’instar des journées de la femme, de l’enfant, les jeunes ont depuis ce temps leur journée mais elle n’était pas jusqu’alors autant magnifiée.

On aurait pu crier avec raison au scandale si, à côté de la partie festive qui entoure tout anniversaire (même dans nos familles les plus modestes), le ministère s’était contenté de s’en tenir là. L’opération 65/15 malgré sa symbolique semble être passée à perte et profit. La formation de 150 formateurs aux métiers lancée le vendredi 17 août est passée inaperçue. Ces formateurs formeront à leur tour 10 000 jeunes aux métiers par an durant 5 ans ; l’annonce par le ministre Koutaba de la formation en entreprenariat de 5000 jeunes par an pendant 5 ans dans les 13 régions du Burkina n’a pas non plus retenu l’attention des admirateurs occasionnels de La Fontaine.

A l’issue de cette dernière formation, les 500 meilleurs projets seront financés par le Fonds d’appui aux initiatives des jeunes et par les autres fonds. Ce sont autant de faits qui n’ont pas pesé lourd dans l’analyse de ceux qui ne veulent que faire voir les concerts. Selon des chiffres donnés au lancement de l’opération 65/15, ce sont à peu près 300 emplois temporaires qui ont été créés pour entretenir les arbres qui ont été mis en terre.

Jeunes du Burkina, il faut souhaiter que les grands chantiers en cours prennent corps pour notre grand bonheur au lieu de s’adonner à du moralisme débridé qui ne nourrit pas son homme. Le ministre Koutaba a fait des promesses sur lesquelles nous l’attendions de pieds fermes. C’est pourquoi de façon générale, je souhaite que des mesures incitatives soient prises par le gouvernement pour encourager les entreprises qui recrutent les jeunes ou qui offrent des stages aux jeunes. L’expérience de « top vacances emplois » doit être capitalisée parce qu’il avait réussi à appréhender et régler des réels problèmes que rencontrent les jeunes diplômés.

COULIBALY Nouhoun
Bobo-Dioulasso

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 24 août 2007 à 13:18, par sawa En réponse à : > Promotion de la jeunesse burkinabè : La danse, la musique... ne sont pas à négliger !

    tout peut se justifer :
    - Quand on arretera de voir le Noir comme un bon danseur, un bon chanteur, un bon tapeur de djembé, un bon footballeur etc. et qu’on commencera a le voir comme un bon ingenieur, un bon economiste, un bon avocat etc, peut etre que l’Afrique avancera !

    - L’image du noir qui sait chanter, danser, rigoler, faire la fête etc... C’est bon, on a assez de nos freres qui sont comme ca. Le ministere de du travail n’a pas besoin de faire la promotion pour en recruter plus !

    - Par contre la promotion pour avoir plus d’ingenieurs, d’avocats, de fiscalistes, d’economistes etc, c’est ca dont le pays a besoin. C’est de ça qu’il faut faire la promotion

    Les jeunes il faut les orienter vers un travail : un vrai travail. artiste, musicien, chanteur ou autre, ça passe d’une saison a l’autre, d’un album a l’autre. La mode change du jour au lendemain !
    Les economistes et les avocats qui ont 50 ans aujourd’hui ne sont pas passés de mode !

    Alors laissons la bierre, l’amusement, la fête de coté, et expliquons aux jeunes que c’esta travers les etudes qu’ils vont faire avancer le pays

    • Le 24 août 2007 à 19:41 En réponse à : > Promotion de la jeunesse burkinabè : La danse, la musique... ne sont pas à négliger !

      tout à fait d’accord avec vous !
      il faut qu’on arrête de berner les jeunes , de les distraire et surtt de leur faire croire q leur avenir se trouve dans la musique , les shows organisés de façon anachique.
      Toutes les raisons sont bonnes pr organiser des concerts !
      Mais qu’un tel ministère en charge de la jeunesse et de l’emploi se porte au devant d’une tel mascarade c TERRIBLE !
      Toute l’année scolaire est "bourrée" de show,concerts, etc...On se demande vraiment si certains de ces jeunes etudient ?
      Au burkina , il est coutume de clamer au et fort "ça va aller" !!!! et c’est notre crédo national !! Mais en oubliant que les pays qui se st developpés ne se st pas contenter de clamer cela et s’assoir. Si on ne mise par sur l’éducation de la jeunesse pr developper le pays , comment veut-on se developper !
      On a besoin de COMPETENCES LOCALES PR ETRE MOINS DEPENDANTS DE l’EXTERIEUR
      La situation de ce pays (de consommation , pauvre, sans veritables ressources naturelles...) est tellement critique , qu’il est injurieux de depenser autant d’argent pr simplement des concerts !
      Et quand certains clament qu’au fond artiste musicien ...c ’est aussi un bon job , je crois q c’est jouer à l’autruche !
      Tous les jeunes d’aujourd’hui croient que leur avenir se trouve ds la musique , les battle show , le rap...c dingue !
      le niveau de l’enseignement baisse d’année en année , le niveau de vie augmente sans cesse ...les autorités trouvent tjrs un moyen de fuir les débats...mais quand il s’agit de sponsoriser des rejouissances , hop ils st devants !!!!
      Mr coulibaly pourquoi est-ce que la Chine fait peur au reste du monde ?
      Il on simplement compris la valeur de l’indice demographique : ce qui faisait leur faiblesse hier fait leur force aujourd’hui !!! La chine a compris que les chinois peuvent developper la chine !
      tenez , la chine même offre des bourse aux européens pr mieux se faire connaitre !
      Et nous tout bonnement , particulièrement au burkina , on s’appitoie sur notre sort , convaincu que "ça va aller" , sans réelle volonté de s’en sortir.
      Cessons de berner les jeunes !
      Sayuiki

      • Le 25 août 2007 à 13:11 En réponse à : > Promotion de la jeunesse burkinabè : La danse, la musique... ne sont pas à négliger !

        De toute façon, quand on parle de musique, de danse etc. on s’adresse au MINISTRE de la CULTURE !!!

        PAS au ministre de l’emploi !

        Si le ministre de l’emploi veut s’occuper des musiciens, parce que ça represente du travail, il n’a qu’a aussi s’occuper des sportifs, de la fonction public, du commerce, de l’agriculture etc. vecteurs egalement de travail pour les jeunes

  • Le 24 août 2007 à 19:26 En réponse à : > Promotion de la jeunesse burkinabè : La danse, la musique... ne sont pas à négliger !

    Si in parle de la promotion de la musique burkinabé, de la danse, des artistes, on s’adresse au Ministre de la Culture !
    C’est pas au ministre du travail d’organiser des evennements culturels ou de promouvoir les jeunes chanteurs du Burkna !

  • Le 24 août 2007 à 19:27, par Kanzim En réponse à : > Promotion de la jeunesse burkinabè : La danse, la musique... ne sont pas à négliger !

    Monsieur Nouhoun : vous semblez confondre les choses : la danse pdut êtrecomprise comme projet éducatif dans les écoles de danse, ensuite comme profession, et mieux, comme porte étendard d’un pays. Il ya aujourd’hui dans certaines écoles les plusretigieyuses, la danse comme art, devant inspirer les futurs managers ou décideurs. Il ne faut pas confondre ceci avec al danse, perçue comme étant un état d’esprit, un penchant à la fête, aux orgies. La danse en milieu jeune et urbain, peut être comprise comme un loisir qui à dose raisonnable, aide le jeune à "oxygénéiser" son quotidien, par la purgation soit sentiments noirs, ou de fatique intellectuelle. La danse esyt lors accessoire
    Mais voyez vous, quand à la danse on s’adonne au détriment de l’essentiel, c’est là qu’il y a danger. Quand on ne sait pas se dire si c’est le moment ou non de danser, c’est l’ouverture aux bacchanales, où sexe et alcool se côtoient ; c’est alors l’occasion au populisme de se manifester, à la démagogie de vernir les dures rélités auxquelles le jeune doit faire face. Et justement, c’est ce qui inquiète dans l’aventure du Ministère. Si vous avez suivi les attermoiements dont on fait preuve les deux jeunes qui sont passés à télé Agenda le jour de la prestation des artistes à Bobo, vous comprendrez à froid que eux-mêmes ne maîtrisent pas les contours de ces dyonisiaques vénimeuses pour la jeunesse. Le Minst-re de la jeunesse et de l’Emploi, je n’en nie pas les réalisations pertinentes, même si à certains moments, on y sent de la précipitation. Le Minstre Koutaba, je vous étonnerai peut-être en vous le diasnat, fait partie de ceux que j’admire personnellement : lui au moins, il a le mérite d’aller vers "sa matière première", c’est à ditre les jeunes ; lui au moins il "mouille le maillot" avec les jeunes ; lui au moins, il s’intéresse aux jeunes, quand bien même il eut pu s’envler pour des vacances. Mais pour cette caravane, c’est sérieux, ne défendez pas l’indéfendable ; laissez ceux qui veulent contribuer à l’opérationalité du Minstère de la Jeyunesse le faire. Quand un ministre ose des actions, il faut l’accompagner, dans un sens positivement critique, et non dans le sens du ppoils, parce que je ne pense pas que la carrure intellectuelle et internationale du professeur Koutaba ait besoin de laudateurs.

  • Le 24 août 2007 à 20:38 En réponse à : > Promotion de la jeunesse burkinabè : La danse, la musique... ne sont pas à négliger !

    je trouve non à propos cette reaction de monsieur coulibaly.il ne faut pas qu’on se fout de nous les jeunes. ce n’est pas des concerts fussent-ils geant qui nous aideront à nous épanouir.

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