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Seydou Zagré, maire de Koudougou : "Beaucoup de clignotants sont maintenant au vert"

Publié le vendredi 24 août 2007 à 08h03min

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Seydou Zagré, maire de Koudougou

"Je souhaite que notre credo selon lequel la fraternité entre enfants de Koudougou transcende nos appartenances politiques ; inspire fortement l’action quotidienne de chacune et chacun des conseillers municipaux et que les populations en fassent également leur cri de ralliement sur les chantiers de développement de notre commune", tel était un des messages forts du maire de Koudougou, Seydou K. ZAGRE, à son installation le 8 juillet 2006.

Un an après, comment se porte la cité du textile ? Quelles sont les actions entreprises et les projets en cours pour le développement de la ville ? C’est pour avoir les réponses à ces questions et bien d’autres, que nous avons rencontré le premier citoyen de la ville de Koudougou.

. le maire, cela fait un an et quelques semaines que vous êtes à la tête de la commune ; alors comment se porte la capitale du textile ?

Seydou ZAGRE (S.Z.) : Merci de m’ouvrir vos colonnes et bien du courage pour l’excellent travail d’information et de conscientisation que votre journal fait. Depuis la prise en main des activités municipales par le conseil municipal issu des élections du 30 avril 2006, nous essayons progressivement d’insuffler une dynamique de développement à long terme de notre ville basée sur la planification des actions sur tous les plans.

Mais il faut dire que la ville de koudougou et l’ensemble des villages rattachés se portent bien, dans la mesure où règne un climat de paix et de cohésion sociale sans lequel aucune dynamique de développement n’est envisageable.

Depuis votre installation le 8 juillet, quelles sont les actions que vous avez menées en faveur des populations ?

S.Z. : Des actions ont effectivement été menées en faveur des populations.

Il faut citer entre autres et en vrac pour autant que mes souvenirs le permettent :

- la construction d’un Centre permanent d’alphabétisation fonctionnel au secteur 03 ;
- la construction de trois (03) salles au collège de l’Amitié au secteur 06 ;
- la régularisation du centre principal d’état-civil et la création des centres secondaires d’état-civil dans les villages et les secteurs ;
- l’achat de six (06) motocyclettes pour appuyer les services de recouvrement ;
- le balayage des principales rues de la ville deux fois par semaine ainsi que le nettoyage dans les établissements primaires et secondaires de la ville ;
- la réalisation d’un forage positif au square ;
- le curage des caniveaux dans les secteurs centraux de la ville ;
- la tenue effective de la coupe du maire et la dotation en équipements sportifs des clubs de la ville engagés dans les compétitions nationales ;
- les travaux d’un système de réseau d’adduction d’eau potable solaire à Godin- Walogtinga en cours d’achèvement ;
- les travaux sous voie bitumée pour alimentation en eau potable de l’ONEA ;
- l’installation de feux tricolores sur la RN 14 ;

Les actions qui sont en cours concernent entre autres :

- la construction d’un bâtiment à cinq (05) classes au Collège communal ;
- le recrutement de 15 policiers municipaux ;
- la construction de trois (03) salles de classes à l’Ecole primaire le Triangle ;
- la construction de latrines au Collège Tal M’Bi ;
- l’aménagement d’un espace vert au secteur 08 ;
- les travaux d’extension du réseau électrique aux secteurs 1 et 2 dont le dépouillement des offres a été réalisé ;
- l’ouverture de quatre (04) bornes fontaines dans la Commune de Koudougou

A combien se chiffre le budget de la commune ?

S.Z. : Le budget communal gestion 2007 se chiffre à 410 513 051millions avec un taux d’exécution d’environ 52,19% au 31 juillet 2007.

Ce budget, faut-il le dire, est en deçà des potentialités réelles de la ville qui compte de nombreux contribuables ce qui diversifie nos potentialités. Mais pour des raisons d’incivisme fiscal nous n’arrivons pas à maîtriser totalement tous les contribuables et nos potentialités. J’ai toutefois bon espoir que les années à venir avec la concertation permanente que nous entretenons avec le syndicat des commerçants et les commerçants eux-mêmes nous parviendrons certainement à des résultats bien meilleurs.

Le marché de Koudougou reste le poumon économique de la ville ; comment est-il géré ?

S.Z. : Il a été établi en 2005 un protocole de gestion entre la Mairie et l’Etablissement Communal de Développement (EPCD) confiant la gestion du marché central pour une durée de deux à trois ans.

Un comité de gestion de onze membres a été créé par arrêté municipal regroupant les principaux acteurs impliqués dans la gestion du marché. Ce comité supervise le travail de l’administration du marché composé d’un gestionnaire, responsable de l’administration, d’une caissière et de quatre collecteurs.

Quels sont les problèmes que vous rencontrez à ce niveau ?

S.Z. : Le principal problème rencontré à l’heure actuelle est le faible recouvrement des loyers qui malheureusement bloque la réalisation des autres infrastructures marchandes financées par la Coopération suisse à savoir l’auto gare et l’abattoir.

Quelle est la situation des infrastructures marchandes de la ville ?

S.Z. : Les futures infrastructures à réaliser avec l’appui technique et financier de la Coopération suisse sont : l’auto gare et l’abattoir. Si pour l’auto gare les études de base sont achevées et le site déjà aménagé, pour l’abattoir par contre il est tributaire de la situation de l’auto gare et au demeurant la coopération suisse souhaite que la commune trouve d’autres partenaires pour un cofinancement.

La Cellule d’appui à la gestion communale intervient à Koudougou , quelle est sa contribution au développement de la ville ?

S.Z. : La CAGEC est la cellule mise en place par la Coopération suisse par laquelle elle fait transiter son appui aux trois communes que sont : Ouahigouya, Fada N’Gourma et Koudougou. Depuis 1997, environ deux milliards deux cent millions francs CFA ont été exécutés dans les appuis multiformes dans la commune de Koudougou. Les trois axes d’intervention sont : les infrastructures marchandes, l’assainissement et l’appui institutionnel.

L’eau, l’assainissement et la voirie restent un problème pour les communes, quelle est la situation à Koudougou ?

S.Z. : En matière d’accès à l’eau potable, le service public d’approvisionnement de la population en eau potable est assuré par l’ONEA. Ainsi, en terme de branchements particuliers : 2 605 desservent environ 19 205 personnes pour une consommation spécifique de 54litres /pers./jour. Pour les bornes fontaines : 95 desservent 46 550 personnes pour une consommation spécifique de 25 litres /pers./jour. Le taux de couverture en 2005 était estimé à 70%.

L’alimentation en eau potable de Koudougou est actuellement assurée à partir de deux sources à savoir : une prise sur le fleuve Mouhoun à Tiogo, située à une cinquantaine de kilomètres sur la route Koudougou-Dédougou et une autre sur le barrage de Salbisgo, situé à 8 km au sud-est de la ville.

Les sources alternatives d’approvisionnement en eau existant dans l’environnement urbain se composent de : 06 forages équipés de pompes manuelles, 12 puits busés, 875 puits traditionnels dont 508 qui ne tarissent pas en saison sèche et qui sont situés surtout dans les zones périphériques.

En terme de perspectives, la commune de Koudougou s’est engagée dans la dynamique du processus de décentralisation dans un partenariat avec l’Office national de l’eau et l’assainissement afin d’élever le niveau de couverture en eau de la commune à travers la création de bornes fontaines et l’extension du réseau dans les zones nouvellement loties et habitées.

Par ailleurs, il faut noter la poursuite des réflexions en vue de renforcer les capacités humaines et techniques de l’actuel service d’hygiène et d’assainissement qui lui permettront entre autres d’intégrer efficacement les questions relatives à l’eau dans ses attributions.

En matière d’assainissement, il faut distinguer le volet eaux usées et excréta de celui des ordures ménagères.

Pour le premier volet,l’accès des ménages à un assainissement de base adéquat reste extrêmement faible ; seulement 4% disposent d’installations conformes notamment des fosses septiques, pendant que la grande majorité, soit 75%, disposent de latrines traditionnelle ou à fosses étanches non hygiéniques, incommodantes et polluantes pour les ressources en eau. 21% des ménages sont encore dépourvus de toilettes à domicile. A cela s’ajoute l’inexistence d’une filière structurée de gestion des boues de vidanges dont les déversements sauvages à la surface du sol sont des facteurs de risques pour la santé et de nuisances pour le voisinage.

En conséquence, outre les dégâts causés au cadre de vie urbain et à l’environnement au sens large, la mauvaise évacuation des eaux usées et des excréta expose la population à des pathologies diverses plus ou moins graves. En effet, au plan épidémiologique, les statistiques sur la prévalence des maladies d’origine hydrique ou liées au manque d’hygiène recueillies par des études antérieures (PHU 4A-1994, étude sur l’assainissement de Koudougou-1998) auprès de la Direction Régionale de la Santé (DRS) montrent que parmi les pathologies les plus répandues et/ou fréquentes, le paludisme est en tête de liste, suivi des diarrhées et des parasitoses intestinales. Les enfants en sont le plus victimes : 63% des cas enregistrés sont des enfants. Parmi eux, 59,7% (avec des pics atteignant 67,7% dans les mois juste après la saison des pluies) ont souffert de paludisme sous la forme simple ou pernicieuse et 29,4% de diarrhées. Chez les adultes 55% des consultations sont liées à des cas de paludisme et 25% à des diarrhées.

Les mesures en cours dans ce domaine sont d’une part la sensibilisation continue des ménages et des populations de la commune, action, conduite par les services techniques de la mairie et des structures associatives la mise en œuvre du plan stratégique d’assainissement des excréta et eaux usées qui consiste à réaliser 35 272 ouvrages d’ici à 2020 de façon échelonnée ainsi qu’il suit :

- 2007 - 2015 : 21 167 ouvrages

- 2015 - 2020 : 14 105 ouvrages

Au total 21 167 ouvrages à construire représentent 52% des OMD et 35 272 ouvrages représentent un taux de couverture de 75% à l’horizon 2020.

Quant au volet ordures ménagères, le lieu principal de stockage de ces ordures dans la ville de Koudougou est la rue. En effet, 89% de la population rejettent les ordures ménagères sous forme de dépotoirs ou tas sauvages, causant d’énormes problèmes de santé et d’environnement.

Pour la voirie, d’énormes difficultés existent également à ce niveau.

Le réseau routier urbain est défectueux avec seulement 13 km bitumés. Les voies ne sont pas ouvertes dans les secteurs périphériques, celles qui relient la ville aux villages sont également défectueuses. Les caniveaux sont insuffisants.

Les lotissements une grosse épine pour les maires. Quelle est la situation chez vous ?

S.Z. : Le dernier lotissement en date à Koudougou est celui opéré en 1998. Il a été opéré en dehors de toute base légale et la gestion des attributions a été également chaotique ; ce qui pose d’énormes difficultés actuellement à telle enseigne que le conseil municipal a mis en place une commission ad hoc pour recenser les nombreux litiges y relatifs afin de chercher les voies et moyens légaux pour les résoudre.

C’est à cet effet que le MATD a bien voulu lever la suspension de la commission d’attribution des parcelles à usage d’habitation, afin de nous permettre avec la nouvelle commission qui sera mise en place, de prendre les mesures utiles avec l’appui des services compétents pour juguler un tant soit peu ces difficultés dans le but de permettre la mise en valeur en toute sérénité des parcelles.

La commission ad hoc que j’ai créée pour recenser les litiges de parcelles vient en effet de me déposer ses conclusions et c’est un paquet de plus d’un millier de litiges et de plaintes que nous devrons gérer avec les services compétents.

Une commune, c’est aussi des partenariats, des jumelages. Qu’en est-il de Koudougou ?

S.Z. : Le jumelage coopération est effectivement une des voies possibles pour élargir les champs de développement de la ville. Ainsi, Koudougou est jumelée aux villes européennes suivantes : Dreux en France ; Todi en Italie ; Melsugen en Allemagne. Les rapports avec Evashen sont à réactiver.

Le nouveau comité de jumelage mis en place avec notre soutien s’active à baliser le terrain pour une coopération fructueuse pour nos villes respectives et débarrassée des égoïsmes et des intérêts personnels qui nuisent considérablement cette forme de coopération.

J’ai effectué personnellement une tournée récemment dans ces différentes villes et les perspectives sont bonnes.

Vos rapports avec les communes rurales ?

S.Z. : En ce qui concerne les communes rurales, nos rapports sont au beau fixe et nous contribuons tant que nous pouvons à leur implantation définitive sur l’échiquier institutionnelle de la décentralisation. Mais pour le moment aucune forme de coopération formalisée n’existe avec ces villes.

Quelles sont leurs contributions au développement de la ville (partenariats- jumelages) ?

S.Z. : Comme je le disais tantôt, aucun partenariat formalisé comme le prévoit le CGCT, ne lie présentement Koudougou aux autres communes rurales de la région ou du pays.

Mais la ville de Koudougou reste le principal pôle d’approvisionnement de la plupart des communes rurales de la province voire de la région. A travers les échanges commerciaux c’elles-ci contribuent au développement de la ville de Koudougou.

Comment se sent Koudougou après l’ouverture de Fasotex ?

S.Z. : A mon avis, il faut attendre encore quelques années, le temps que l’usine grandisse et atteigne un niveau de fonctionnement optimum, pour qu’elle joue un rôle moteur dans le développement de la ville à l’image de Faso fani dans le temps. Donnons lui encore le temps de s’implanter.

A votre installation, vous avez affirmé que l’instabilité sociale avait fait que des fonctionnaires et des opérateurs économiques ont quitté la ville. Quelle est la situation aujourd’hui ?

S.Z. : Je pense que la situation s’est considérablement améliorée. La confiance est maintenant de mise et les opérateurs économiques vaquent tranquillement à leurs affaires ainsi que les fonctionnaires dont les activités professionnelles sont bien appréciées et soutenues par la population.

« Dans l’intérêt de Koudougou, la politique ne doit pas nous diviser, elle doit plutôt nous révéler les uns aux autres afin que nous apprenions à apprécier nos différences comme autant de richesses pour mieux construire Koudougou ». c’est vous qui l’avez dit à votre installation. Alors comment se passent les sessions du Conseil municipal et quelle est la situation politique depuis un an ?

S.Z. : Les sessions du Conseil municipal se tiennent régulièrement selon la périodicité indiquée par le CGCT avec la participation des conseillers municipaux de tout bord. Ce qui est un indicateur sérieux de la convergence de l’ensemble des opinions politiques pour le devenir de la ville.

Vous avez aussi parlé de la « renaissance » de Koudougou. Sentez-vous déjà les prémices de cette renaissance ?

S.Z. : Je préfère que cette question soit posée aux populations de Koudougou.

Comment voyez- vous Koudougou d’ici la fin de votre mandat ?

S.Z. : Attendons le bilan à la fin de mon mandat et nous saurons tirer les enseignements du mandat du Conseil municipal actuel et du maire de Koudougou.

Pour conclure avez-vous un appel à lancer aux filles et fils de Koudougou ?

S.Z. : La communalisation intégrale est un défi que doit relever, dans chaque espace communal, l’ensemble des fils et filles ressortissants de la commune, établis ou non dans la commune.

Les fils et filles de Koudougou semblent avoir compris que le moment est venu d’unir nos efforts pour gagner le prix du développement harmonieux de la ville.

Je prie pour que Dieu bénisse le Burkina Faso et Koudougou et que dans la paix, l’unité et la santé, les fils et filles conjuguent leurs efforts pour le bonheur de nos laborieuses populations. Pour cela, Dieu merci, beaucoup de clignotants sont au vert, au nombre desquels la nomination de son Excellence Monsieur Tertius ZONGO comme Premier Ministre.o

Par Idrissa BIRBA

L’Opinion

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