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Centre de formation professionnelle de l’information : Comme un aigle qui marche

Publié le vendredi 24 août 2007 à 07h11min

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Guindée dans un formatisme abusif ou plombée par des considérations techniques peu en rapport d’avec les impératifs du moment, l’Administration donne parfois l’impression de quelqu’un qui s’ingénue à vouloir courir en se grattant les fesses.

Du vice de forme au vice de procédure, elle truffe son fonctionnement (et donc son efficacité) d’une multitude d’écueils aussi absurdes les uns que les autres, le résultat de cet esprit fonctionnaire étant une obstruction à l’initiative et au changement. Victime de cette incohérence de l’administration, le Centre de formation professionnelle de l’information (CFPI).

Toute la presse nationale a récemment salué la sortie cette année d’une promotion des élites de l’information du Burkina, formée au CFPI. Ecole multigrades et donc pour cette raison parfaitement ajustée aux besoins et à la demande de la sous-région, le CFPI reste malgré tout un cas typique où les atermoiements de l’Administration entretiennent la petitesse et l’anonymat là où devraient prévaloir l’innovation et l’esprit d’ouverture.

En effet, le CFPI dispense des formations professionnelles allant du niveau élémentaire à celui de troisième cycle des universités. Cette large palette dans les filières de l’information, en répondant aux besoins exprimés à divers niveaux du cursus scolaire ou académique des postulants, en fait un outil d’intégration d’autant plus précieux qu’un centre de ce type n’existe nulle part ailleurs dans la sous-région.

Au fil des ans et à mesure que les anciens pensionnaires de cet établissement sont disséminés dans les différentes structures, la notoriété du CFPI a cru elle aussi à tel point que de nos jours, de plus en plus de pays optent pour ce centre dans leur plan de renforcement des capacités de leurs agents.

Cette reconnaissance internationale qui est le fruit d’une indiscutable compétence interpellait, (même si c’est de manière tacite) l’administration dont le centre dépend sur une éventuelle adaptation de cet établissement aux missions à lui reconnues. Une réflexion s’imposait et dont l’objectif serait d’insérer au mieux cet outil dans le paysage sous-régional en lui insufflant les mutations de fond ou de forme rendues nécessaires par ses performances. Malheureusement, à tous les niveaux de la conception ou de l’exécution, les préoccupations exprimées au sujet de cette maison aboutissent à une impasse.

On en finit par croire que l’administration est une chose irréelle qui fonctionne en marge des réalités.

Lors de la récente cérémonie de fin d’année, voici en substance la teneur d’échanges entendus entre des invités et certains employés du centre.

En dehors des formations s’étendant sur deux à trois ans, le CFPI ne peut-il pas dispenser des modules utilitaires de trois semaines au plus en fonction des besoins des organes de presse ?

Non ! Le centre ne peut pas faire de l’argent ou le cas échéant, toute entrée de devises doit être reversée au Trésor public. Il y aura des problèmes au niveau du matériel didactique, des honoraires des formateurs, etc.

Dans ces conditions, n’est-il pas judicieux de donner l’autonomie de gestion à une telle structure afin qu’elle entreprenne de générer des bénéfices en assouplissant ses prestations de manière à répondre à une demande réelle et non satisfaite ?

Il paraît que le problème a été évoqué à plusieurs reprises mais vous connaissez l’administration ...

Tchadiens, Centrafricains, Maliens, Béninois et autres sont régulièrement pensionnaires d’un centre dont les bâtiments datent des années d’indépendance et qui restent obsolètes malgré de téméraires tentatives de rénovation. On ne peut pas arranger un peu et faire par exemple un R + 3 ou 4 et raser tout le reste pour créer un bon cadre de vie ?

Ça ! C’est l’idéal. Peut-être qu’un jour...

Il est quand même désolant de constater que toute innovation se heurte à l’immobilisme de l’administration qui ne semble pas avoir conscience de la nécessité d’une adaptation aux réalités du moment. Fait pour être un pôle d’excellence, le CFPI végète aujourd’hui dans une routine et un anonymat qui font honte à la profession. Ce centre est comparable à un aigle qui, au lieu de s’approprier les cieux qui sont son domaine de prédilection, se contente de marcher sans jamais chercher à s’envoler.

Le CFPI doit grandir et même si c’est une exigence qui restera sans suite, il faut tout de même qu’on se le dise.o

Par Wendpenga N

L’Opinion

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