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Jouets chinois en Afrique : Qui garantit la sécurité des consommateurs ?

Publié le vendredi 24 août 2007 à 07h41min

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Le fabricant de jouets Mattel vient de battre le rappel de millions de jouets au motif que ceux-ci présenteraient des risques sanitaires pour les gamins. D’autres lots ont été retirés des circuits de la distribution parce qu’un aimant présent dans le modèle est susceptible de se détacher et d’être avalé par les enfants.

L’information a créé une certain émoi aux Etats-Unis et en Europe où la sécurité physique et sanitaire des consommateurs est sacrée. Le retrait des jouets qui est une mesure conservatoire a deux effets immédiats : une perte financière énorme et une image de marque ternie. Et tous les regards se tournent vers la Chine où toutes les multinationales occidentales ont délocalisé une bonne partie de leur production. La main-d’oeuvre bon marché a fait de la Chine et des pays de l’Asie du Sud-est un eldorado pour les industries du Nord. Cet incident vient donc attirer l’attention des pouvoirs publics occidentaux sur le contrôle qualité des produits mis à la consommation. Et c’est l’image de la Chine qui s’en trouve écornée. Une situation qui pourrait lui causer un préjudice énorme en termes de nouvelles conquêtes de marchés de production.

Les déboires de Mattel ne sont pas près de finir, puisque les associations de consommateurs se mêlent à la danse. Un procès en bonne et due forme est en cours et ne manquera pas d’alimenter la chronique des prochains jours. Ce branle-bas de combat pour assurer la sécurité des consommateurs est presque anecdotique, vu d’Afrique.

Pourquoi autant de bruit pour des jouets que chacun est libre d’acheter ou pas ? Le coup financier du retrait aurait certainement déclenché le bal du duo infernal corrupteur-corrompus toujours enclins à tirer parti de ce genre de situation au détriment des intérêts publics. L’intérêt général sous nos tropiques n’est pas souvent la chose la mieux partagée chez nos dirigeants et certains de leurs complices dans les milieux d’affaires.

Inquiétant tout cela. Malgré la rigueur des contrôles qualité et de sécurité sanitaire des produits mis à la consommation des pays du Nord, on a du mal à imaginer qu’on ait pu faire courir autant de risque à des millions d’enfants. Et c’est cela qui fait peur à l’opinion publique en Europe et aux Etats-Unis.

Dans nos contrées, les pouvoirs publics ne semblent pas assez sensibilisés à cette question de la sécurité des consommateurs, s’abritant derrière le manque de moyens et d’infrastructures techniques de contrôle. Les populations consomment tant que les produits sont à leur portée, sans que cela n’émeuve personne. Avec la mondialisation, le marché africain est devenu la destination préférée des produits chinois. Il y en a de toutes sortes. Des jouets aux pagnes en passant par les produits électroménagers et les médicaments.

Personne aujourd’hui ne peut attester de la qualité des produits chinois qui inondent nos marchés et du mode d’emploi de ces produits écrits en chinois, donc probablement douteux. Dans quelques années, il faudra certainement s’attendre à payer la facture médicale de ce laisser-faire qui traduit l’incapacité ou la mauvaise volonté des dirigeants africains de veiller sur leurs populations. Les Occidentaux, une fois de plus, montrent la voie à suivre. Puisse cet exemple servir de déclic pour que l’Afrique revoie totalement ses modes de production et surtout de consommation. Se cacher derrière le bas prix des produits chinois, leur accessibilité au plus grand nombre ne peut prospérer que lorsqu’on est assuré de leur qualité.

Les multinationales occidentales sont en train de payer le prix de cette hérésie qui veut produire à des coûts toujours plus bas et dans des conditions de travail peu conformes aux normes. La course aux gros profits ne doit pas exempter les producteurs du respect des règles et des procédures en matière de sécurité sanitaire et physique des consommateurs. A la lumière de ce scandale, l’opinion publique découvre que les multinationales ne sont pas aussi vertueuses qu’elles veulent le montrer. Au Burkina, l’on sent une certaine volonté dans le domaine des contrôles sanitaires à l’importation avec la création du Laboratoire national de santé publique. A peine né, celui-ci se débat cependant pour s’assurer une autonomie financière alors que le travail d’information et de sensibilisation des importateurs n’a pas encore atteint tous les résultats escomptés. En attendant que les pouvoirs publics africains décident de mieux protéger leurs populations, les consommateurs, eux, ont intérêt à consommer intelligent, à ne pas investir leurs maigres ressources pour acheter ... des maladies.

Le Pays

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