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Postes de responsabilité au FMI : L’Afrique veut sa part du gâteau

Publié le mercredi 22 août 2007 à 09h06min

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Dominique Strauss Khan, favori au poste de Dg du FMI

Pendant que les Etats-Unis règnent en maître absolu sur la Banque mondiale et que le poste de directeur général du FMI est en passe d’échoir à l’Europe, l’Afrique, à en croire les conclusions de la dernière réunion des ministres africains des Finances à Maputo au Mozambique, n’entend apparemment pas se laisser conter l’histoire de cette grande institution internationale.

Après avoir longtemps demandé sans succès une meilleure représentation du continent noir au sein de l’institution, les ministres africains des Finances, à Maputo, ne sont pas allés par quatre chemins pour revendiquer que le poste de Directeur général adjoint du FMI (DGA) revienne à l’Afrique.

Cette revendication aux allures de marchandage à un moment où certaines puissances ont le plus besoin de l’Afrique pour porter leur voix à certaines instances internationales, a des chances d’aboutir, si l’on s’en tient aux enjeux du moment. « Nous sommes d’accord pour accompagner Strauss-Kahn à la tête du FMI, à la condition qu’en retour, le poste de DGA nous revienne. », semblent avoir conclu les ministres africains avec les délégués du vieux continent depuis leur tribune de Maputo. Au-delà de sa légitimité, cette revendication laisse entrevoir déjà la récurrente question de l’unité des Africains, leur capacité à transcender leurs intérêts particuliers dans les moments décisifs pour parler d’une seule voix dans l’intérêt supérieur du continent et pour une alternative afracaine.

D’abord, à supposer que la communauté internationale accède à la requête, la désignation du locataire du poste pourra-t-elle bénéficier de cette même unanimité qui caractérise aujourd’hui les fils du continent sur le sujet ? Rien n’est moins sûr. Cela, d’autant plus que maintes fois, dans de pareilles circonstances, l’Afrique a démontré son incapacité à s’accorder avec elle-même pour aller de l’avant, tant les intérêts égoïstes et les querelles de clochers prennent le dessus sur l’essentiel. Le bel exemple donné par l’Europe à travers sa promptitude à s’aligner derrière le Français Dominique Strauss-Kahn, devrait servir mais il n’est pas évident que l’unité africaine survive à la satisfaction de la revendication. Il faut redouter qu’une fois le principe acquis, la belle unanimité ne cède le pas aux appétits voraces de chaque Etat.

En outre, il est incontestable que l’Afrique doit bien se positionner sur l’échiquier mondial, et que cette revendication, si toutefois elle aboutissait, pourrait constituer un important pas vers une meilleure maîtrise du système de postes dans les institutions internationales. Politiquement et stratégiquement, il ne fait aucun doute qu’occuper des postes dans l’appareil décisionnel est une bonne chose.

Mais encore faut-il que l’on sache que faire de tels postes de responsabilité. L’on peut être détenteur d’un poste sans que celui-ci ne lui profite véritablement, faute de détenir les leviers capables d’actionner le processus en sa faveur. Il est sans doute impérieux pour l’Afrique, afin de parvenir à tirer le meilleur parti de ces postes, d’avoir d’abord sa propre vision du système de la finance internationale, qui soit une alternative à ce qui se passe jusque-là.

De nombreux projets inspirés de l’extérieur et mis en oeuvre sur le continent ont démontré leurs limites. Il est indéniable qu’en partie, les difficultés de décollage du continent sont liées au manque de repères endogènes. Les politiques des institutions de Bretton Wood, on ne le dira pas assez, sont inopérantes sur le continent parce qu’elles ne coïncident pas avec les réalités du terrain. Devant un tel constat d’échec, n’est-il pas temps de rompre avec le suivisme aveugle et oser réécrire l’économie internationale en y intégrant les marques de l’Afrique ?

La sous-représentation actuelle de l’Afrique n’est-elle pas au prorata de ce que compte réellement le continent qui, du fait de la faiblesse de son poids économique, se présente en client plutôt qu’en décideur ? Sans l’argument économique, que peut bien faire l’Afrique avec des postes sans portefeuilles ? N’est-ce pas parce qu’elles détiennent les vrais leviers de la finance internationale, en tant qu’actionnaires majoritaires, que les grandes puissances sont à la place qu’elles occupent ?

Autant d’interrogations qui interpellent l’intelligence africaine, et auxquelles elle devrait commencer par répondre avant toute chose. C’est dire toute l’urgence d’une réflexion fondamentale sur la place et le devenir de l’Afrique dans le concert des nations pour l’appropriation de ses choix de devéloppement.

Le Pays

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