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Le règne de l’anarchie dans l’informatique au Burkina : l’avis des internautes

Publié le mercredi 22 août 2007 à 09h20min

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Le développement de l’informatique demande de plus en plus des tâches de haut niveau et de spécificités aux informaticiens (vendeurs de logiciels ; développeurs ; spécialistes réseaux et télécoms ; designers, développeurs sur telle ou telle plateforme...). Hier, ce qui était du ressort de travail d’un informaticien ingénieur est devenu quelque chose de banal qu’un enfant de 10 ans avec un peu de pratique arrive à faire avec l’ordinateur de son père.

Monter et démonter un ordinateur de nos jours est une chose simple à telle enseigne que les commerçants d’ordinateurs les vendent en kit afin que l’usager ordinaire réalise sa machine elle même. Paf ! un problème informatique survient et hop, on parque ses données, on reformate le disque et le tour est joué. La complexité des programmes informatiques qui échappe au contrôle d’un seul individu réduit l’informaticien- réparateur à un simple formateur de disque dur. S’il veut passer par la manière forte, libre à lui, mais on lui paiera le prix du reformatage et de la réinstallation du logiciel : Entre efficacité, éthique et professionnalisme, le choix est clair : tout reformater et réinstaller en un clin d’oeil, utiliser des squelettes pour faire des produits web....

Des pans de métiers entiers ont disparu ou sont en pleine mutation. Une secrétaire formée à la comptabilité pendant un mois et à qui on a appris à utiliser un logiciel peut faire des choses fantastiques qui auraient nécessité sans l’outil 5 années d’études. Et ainsi de suite...

De nos jours, utiliser un ordinateur ne veut pas dire que l’on fait de l’informatique. Les informaticiens se sont fait doubler par la technologie et ils sont piégés. On leur demande des travaux basiques en bureautique et s’ils n’arrivent pas à le faire, on leur dit qu’ils ne sont pas informaticiens, comme si un mécanicien auto est capable de faire de la tôlerie, l’électricité auto, le froid, la tapisserie de la voiture en même temps...

Il faudrait qu’il y ait une bonne information à ce sujet parce que de nos jours, les métiers sont entremêlés. Des informaticiens webmasters prennent la place de journalistes pour mettre à jour des contenus web, Ceux qui n’arrivent pas à le faire sont critiqués d’incapables alors que ce n’est pas leur travail de faire les textes et des interviews. Certains sont devenus des comptables ou des gestionnaires de stocks parce que personne ne veut s’approcher de l’ordinateur (l’ancienne génération de travailleurs)

Pour ma part, l’informatique est une science neutre comme les mathématiques : C’est à tout un chacun d’y mettre des contenus. Des informaticiens isolés qui ne travailleront pas avec d’autres corps de métiers ne connaitront pas les besoins réels des gens et ne pourront donc pas créer des services qui leur sont adaptés. C’est pour cela qu’il est plus judicieux de créer des réseaux de compétence incluant toutes les qualifications pour faire aboutir une idée projet.

J’ai remarqué par exemple la difficulté des webmasters de vendre un projet web : ils n’ont pas les mots justes et le marketing pour séduire le client. Au contraire, ils tentent de le mystifier avec des mots techniques. Le client qui ne veut pas jouer à l’ignorant dit oui oui et ensuite, le développeur fait le travail et le client le rejette au motif que ce n’est pas bien.

Créer un ordre des informaticiens serait une bonne chose, mais il faut à ce moment travailler sur des projets de niveau élevé et proposer des solutions en travaillant avec d’autres corps (par exemple comment améliorer le travail du médecin, de l’avocat, du boutiquier de quartier...), accepter de faire des choses gratuites pour commencer afin d’intéresser le maximum de personnes. On oublie des fois que les usagers n’ont aucune connaissance de certaines possibilités et il faut leur faire des démos pour les convaincre.

En fait, il faut arriver à démontrer que vous êtes indispensables et utiles et si quelqu’un d’autre (non professionnel) fait un mauvais travail (problèmes de sécurité informatique par exemple) l’organisation ou l’entreprise perdra de l’argent, des vies humaines seront menacées... tant que cette démonstration ne sera pas faite ; un ordre des informaticiens serait vain.

Aujourd’hui, l’usage poussé des téléphones portables doit faire réfléchir nos développeurs sur des plateformes adaptés à ce genre d’outils. Il existe un marché immense à ce niveau. L’africain moderne, l’africain du secteur informel utilise le téléphone mobile et il faudrait qu’il arrive à tout faire presque avec cet outil :(comptabilité, gestion de stocks, de clients, facturation, utilisation d’imprimantes minuatures pour tirer de petites factures et reçus, paiement de produits et services en débitant ou créditant des cartes de recharges téléphoniques...Chaque jour, des centaines de millions sont dépensées en Afrique pour les appels et pour les achats de ces appareils. Ce n’est donc pas l’argent qui manque. Ce qui fait défaut, c’est l’absence de projets solides pour capter ces opportunités.

Cordialement

Sylvestre Ouédraogo

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Vos commentaires

  • Le 22 août 2007 à 17:10 En réponse à : > Le règne de l’anarchie dans l’informatique au Burkina : l’avis des internautes

    En tant qu’ingénieur en informatique (n’exerçant toutefois pas au Burkina et je dois dire malheureusement), cet article m’interpelle à plus d’un titre. J’ai d’abord été choquée par l’affirmation péremptoire du début du texte "Hier, ce qui était du ressort de travail d’un informaticien ingénieur est devenu quelque chose de banal qu’un enfant de 10 ans avec un peu de pratique arrive à faire avec l’ordinateur de son père. " Puis au fil de ma lecture, je me suis dit que pour l’auteur, un ingénieur en informatique est au mieux un technicien, ou un usager des outils informatiques (qui eux sont conçus et réalisés par de vrais ingénieurs informaticiens).
    Il y a un point sur lequel je suis d’accord, on ne fait pas de l’informatique pour de l’informatique. Les domaines d’application dont très variés (finance, comptabilité, aéronautique, informatique médical, bio-informatique, téléphonie, etc...). Les ingénieurs en informatique sont sensés avoir une formation et un niveau d’abstraction leur permettant d’exercer dans tous ces domaines. Et dans le même domaine on retrouve plusieurs maillons de la chaîne : chef de projets, architectes, concepteurs, développeurs, intégrateurs, testeurs, administrateurs systèmes et réseaux, administrateurs bases de données, etc... Bref, un enfant de 10 ans qui peut expliquer les web services ou l’intérêt et l’utilisation des liens openurl dans un site web par exemple, ça doit bien exister, mais ça s’appelle un surdoué !
    Mais c’est vrai qu’il est clair que l’ingénieur informaticien ne doit pas se borner à utiliser des mots techniques du style "openurl", surtout s’il n’a pas derrière lui un commercial pour vendre ce qu’il fait. Dans les pays développés, le métier de commercial existe et a toute son importance, parce que malheureusement, en général les informaticiens, les vrais et les bons, sont rarement de bon commerciaux. Mais que voulez-vous, on ne peut pas être bons partout !
    S’il faut créer un ordre juste pour protéger son bifteack, ce serait dommage... Il faut que les informaticiens eux-mêmes commencent par élever le niveau du débat, qu’ils arrêtent de vouloir tout faire à la fois, et qu’ils s’entourent de commerciaux (du moins pour ceux qui se lancent dans la vente de services informatiques). Mais il faut aussi que les consommateurs, à commencer par le secteur public, arrête de se tourner systématiquement vers les pays développés dès qu’il s’agit de trouver un logiciel, sauf bien sûr s’ils ne trouvent personne sur place pour répondre à leurs besoins ; mais bon, je pense que je peux toujours rêver...

    Esther K.

  • Le 22 août 2007 à 20:40, par TRAORE En réponse à : > Le règne de l’anarchie dans l’informatique au Burkina : l’avis des internautes

    Bonjour
    Merci beaucoup pour ton article qui part dans le même lancé qu’un autre article que j’ai lu sur ce site. Le problème est vraiment sérieux et il va falloir que les vrai(e)s informaticien(ne)s se lèvent pour prendre le taureau par les cornes le plus tôt possible. Le problème, je dirai est le même partout en Afrique mais comme on le dit, chacun doit balayer devant sa porte avant de songer au voisin. On doit expliquer à la population ce qu’est réellement un INFORMATICIEN. Indirectement, j’interpelle les médias (publics ou privés, on s’en fou) qui on un grand rôle à jouer sur ce point. Chaque média (radio, télévision, presse écrite) devrait avoir une place pour parler des TICs en compagnie des spécialistes du domaine. Savoir se servir de certains programme de l’ordinateur ne fait pas et ne fera pas de toi un informaticien. Et ceux qui ont développé les applications, mis en place les architectures réseaux, applicatives et j’en passe ?
    Il est urgent de mettre en place un ordre des informaticiens et d’interpeler les autorités sur la question. Notre avenir est menacé car les gens préféreront ces "faux types" qui bricolent les choses moins chères. Aussi, le peuple va souffrir en payant chaque fois les services de mauvaises qualités et du matériel pourris. Nous avons payé cher pour les formations.
    Un informaticien, c’est au moins deux ans de formation (BAC+ 2) dans une un établissement compétent dans le domaine des TICs sanctionné par un diplôme qui confirme les capacités de l’étudiant. On ne devient pas informaticien du jour au lendemain, jamais.

  • Le 22 août 2007 à 22:42 En réponse à : > Le règne de l’anarchie dans l’informatique au Burkina : l’avis des internautes

    Article très confu. Il n’y a pas d’idée maîtresse. Quand on finit de le lire, on ne sait pas exactement ce que cherche l’auteur, on ne voit pas le sujet qu’il a cherché à traiter. Il aborde beaucoup de sujets et pêle-mêle, en désordre. Les problèmes que l’auteur soulève sur la pratique de l’informatique ne sont pas propres au Burkina. On les retrouve partout aussi bien dans les pays sous-développés que dans les pays développés. Ils sont beaucoup plus visibles dans les pays en voie de développement parce que le marché est très restreint et les clients (les consommateurs de l’informatique) n’ont pas beaucoup de moyens. C’est tout.

    Pour exemple, les internautes qui connaissent Paris savent certainement que le magasin SURCOUF et les boutiques d’informatique des asiatiques autour de la Rue Montgallet dans le 12è arrondissement, sont le lieu de rendez-vous de beaucoup de consommateurs d’informatique. Se côtoient là-bas des professionnels de l’informatique, des particuliers, des bricoleurs en tout genre, des « charlatans », des personnes parties de rien qui se sont improvisées informaticiennes. L’anarchie en informatique existe aussi en France mais la taille du marché ainsi que les besoins et les moyens sont si immenses que cette anarchie n’est pas perceptible. Les « charlatans », il y en a partout. En France, il y a des contrats de services informatiques qui se terminent par des procès.

    Ceci dit je vais quand même relever quelques contre vérités qui me choquent et que je ne veux pas laisser passer :

    1) « Hier, ce qui était du ressort de travail d’un informaticien ingénieur est devenu quelque chose de banal qu’un enfant de 10 ans avec un peu de pratique arrive à faire avec l’ordinateur de son père. » Ce n’est pas vrai. L’auteur sous-estime ici ou ignore totalement le programme de formation des ingénieurs informaticiens d’hier ou il ne connaît pas vraiment le métier d’un ingénieur informaticien. Un peu de respect tout de même.

    2) « Une secrétaire formée à la comptabilité pendant un mois et à qui on a appris à utiliser un logiciel peut faire des choses fantastiques qui auraient nécessité sans l’outil 5 années d’études. » L’auteur ne mesure pas la gravité de ses propos. Il est entrain de nous dire ici que les études ne servent plus à rien. Il va avoir des problèmes avec les responsables de l’éducation du Burkina. Comment en un mois on peut faire assimiler à une secrétaire aidée de son ordinateur ce qu’on enseignait hier à des comptables en cinq ans ?

    3) « Pour ma part, l’informatique est une science neutre comme les mathématiques » L’informatique n’est pas une science. C’est une technique qui fait appel à plusieurs domaines comme les mathématiques, l’électronique, l’art, etc. et qui est mise au service de l’homme dans toutes ses activités économiques, sociales, politiques, etc.

    En conclusion, l’auteur en voulant parler de « l’anarchie dans l’informatique au Burkina », ajoute à la confusion. On n’est pas sauvé.

    R. BOUGMA

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