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Séraphine Ouédraogo : “Dans quelques mois, on ne parlera plus de problème de parcelles à Boulmiougou”

Publié le jeudi 23 août 2007 à 08h48min

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Séraphine W. Solange Ouédraogo, maire de Boulmiougou

Séraphine W. Solange Ouédraogo, maire de l’arrondissement de Boulmiougou, était l’invité de la rédaction des Editions Sidwaya, le jeudi 2 août dernier. Bien sûr, au menu, la question des parcelles dans son arrondissement.

Une préoccupation, somme toute légitime qui, en un tour de passe passe, a sorti le maire, mère de famille, fille d’un ex-député et sœur de député, de la quiétude pour la mettre au devant des phares de l’actualité. Mais bien souvent entre ce qui est dit, et ce qui est fait, se trouve comme le jour et la nuit. Et c’est ce bog-là, que notre invité a éclairci, sans pourtant survoler les questions d’actualité, notamment autour de la Révolution d’août, le gouvernement Tertius Zongo etc.

Ce fut en vérité, un moment de surprise pour les journalistes qui ont découvert en madame le maire, une femme affable qui sait défendre ses positions, une femme au grand cœur qui sait donner. Pieuse comme elle est, ne devrait pas surprendre. Surtout quand on ajoute à sa détermination, son signe astrologique Lion.

Sidwaya (S.) : Quelle est votre appréciation, d’abord, de l’école burkinabè et de la fraude que nous connaissons chaque année ?

S. O. : Parlant des différentes fraudes aux examens, je suis une enseignante et vraiment j’ai beaucoup de peine parce qu’à notre temps, nous n’avons pas connu cette situation. Pour réussir, il faut se sacrifier en travaillant dur. Cependant de nos jours, les élèves sont enclins à la facilité, à la paresse et veulent utiliser la courte échelle pour réussir.
C’est vraiment dommage. Par ailleurs, cette réalité n’est pas seulement imputable aux seuls élèves. Il y a toute une chaîne, les enseignants eux-mêmes, les éducateurs, les encadreurs par qui également “le pétrole gicle”. A ce niveau , il faut reconnaître que l’école burkinabè, de façon générale, est en perte de vitesse.

Aujourd’hui, on ne vient pas au métier de l’enseignement par amour mais simplement parce qu’on y trouve un emploi.
Si bien que la conscience professionnelle n’existe pratiquement plus. C’est cela qui explique que l’on en arrive à cet état de fait. Mais je suis vraiment très mal à l’aise car en tant qu’enseignante, c’est difficile à supporter. Du reste, je crois qu’avec la réforme du système éducatif, il y aura quand même des corrections à faire pour permettre à l’école burkinabè d’aller de l’avant.

S. : Le conseil des ministres a relevé de ses fonctions le directeur général de l’OCECOS à l’époque des examens. Est-ce vraiment la solution, quand on sait que dans le fond la question dépasse le cadre d’un seul individu ?

S. O. : Le fond, c’est le système lui-même qui est mis en cause et surtout la manière de faire, car quelqueois il y a un manque de garanties pour empêcher ces fraudes de s’installer. Je crois que c’est surtout cela, sinon l’un dans l’autre il serait bon qu’on prenne les dispositions nécessaires pour éviter les fraudes. C’est pratiquement depuis une dizaine d’années seulement que l’on a constaté les fraudes, très rares de par le passé. De nos jours, presque chaque année, on assiste à cet état de fait et c’est vraiment déplorable.

S. : Il y a même la falsification des diplômes ?

S. O. : Oui, tout à fait, aussi bien au niveau de la falsification des diplômes ou autres choses. Même nous en tant que maire, sommes confrontés à la falsification du permis urbain d’habiter.
C’est un phénomène qui n’est pas seulement lié au domaine de l’enseignement mais à tous les autres secteurs d’activités.

S. : Au-delà de la réforme du système éducatif, quelle recette proposez-vous pour lutter contre la fraude dans notre pays ?

S. O. : Pour moi, il faut mettre les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. De plus, j’estime qu’il faut que les gens soient conscients des enjeux du phénomène de la fraude pour pouvoir la combattre, sinon il n’y pas de remède fétiche.

S. : On parle de la gratuité de l’école. Quel en est votre entendement ?

S. O. : Un des points saillants de la réforme du système éducatif est la gratuité de l’accès à l’école. Seulement, je déplore que cette mesure ne prenne en compte que les établissements publics, sans oublier les cotisations des parents d’élèves qui demeurent. Tout compte fait, la prise en charge du matériel scolaire et des outils pédagogiques est déjà un pas de gagné.

S. : La gratuité ne va-t-elle pas conduire à une baisse de niveau des élèves ?

S. O. : Je pense plutôt que la gratuité vise à donner au plus grand nombre d’enfants la chance d’aller à l’école. Nous relèverons ainsi le taux de scolarisation dans notre pays. De plus, il est plus avantageux pour les enfants d’avoir leur matériel de travail au complet. C’est une bonne chose du fait qu’il n’est pas rare de voir des élèves très intelligents et très assidus dont les parents n’arrivent pas à assurer le nécessaire (livres, cahiers, bics ...) pour leurs études.

S. : La baisse du prix des produits pétroliers est, selon vous, une victoire des syndicalistes ou plutôt une bonne volonté des gouvernants ?

S. O. : La baisse intervenue avant le 18 juillet, date prévue pour la marche de protestation des syndicats. Cette baisse étant le résultat d’une concertation syndicats-autorités. Mais en anticipant, le gouvernement a fait preuve de clairvoyance, la cherté de la vie étant étroitement liée au coût des produits pétroliers.

S. : On a l’impression que le gouvernement attend toujours des manifestions avant de faire quelque chose dans le sens de l’amélioration des conditions de vie.

S. O. : L’anticipation est la qualité première d’une autorité. J’estime que la hausse des prix du
carburant n’est pas dépendante de la volonté de nos gouvernants. Même les producteurs de pétrole ne maitrisent pas forcément les fluctuations du prix des hydrocarbures. A notre niveau, il y a d’autres charges qui en sont les corollaires. Il peut s’agir d’une stratégie de la part de l’Etat.

S. : Derrière cette marche, se cachait la question de la liberté syndicale. Comment doit-on en jouir pour consolider les acquis démocratiques ?

S. O. : Nonobstant la baisse du coût des hydrocarbures, la marche du 18 juillet a eu lieu pour une affirmation de la liberté syndicale. Il était question de manifester contre les sanctions prises à l’endroit des agents du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération régionale et ceux du trésor. Au Burkina Faso, il y a la liberté syndicale, celle de manifester, de s’exprimer. A mon sens, il n’y a aucune entorse à cela. Seulement, toutes actions syndicales doivent s’inscrire dans la légalité.

S. : Ne pensez-vous pas que le pays est en train de vivre un malaise profond ? Le compte rendu de la Cour des comptes a révélé une mauvaise gestion dans l’administration de notre pays. Ne pensez-vous pas qu’il faut une autopsie pour arrêter cette gangrène ?

S. O. : Je suis en partie de votre avis. Notre société connaît des problèmes qui minent l’administration.
Il faut, selon moi, approfondir la réflexion et trouver le remède qui convient. Que les élèves ou les travailleurs s’adonnent à des pratiques peu recommandables est tout de même préoccupant. Il est indéniable que les détournements, ne se passent pas chez nous seulement. C’est un peu partout ailleurs. La mauvaise manière de gérer les deniers publics, la corruption, sont des choses qui méritent qu’on s’y penche. Même dans nos petites mairies, le phénomène existe. Il faut être dur pour pouvoir y faire face.

S. : Il y a des structures habilitées à lutter contre le mal. Ne font-elles pas bien ou pas du tout leur travail ?

S. O. : Les analyses faites par ces structures, sont la preuve qu’elles font quelque chose. Mais elles sont souvent limitées par le manque de moyens humains et financiers. Sinon que les statistiques et les rapports existent sur le phénomène. Tout cela est bien, mais c’est peu. Le tout dernier rapport concerne seulement le Médiateur du Faso et quelques mairies. C’est insuffisant au regard de l’étendue de l’administration dans sa globalité.

S. : L’impunité ne serait-elle pas la cause de l’avancée de cette gangrène ?

S. O. : Cela est vrai, même à notre niveau, on a souvent des gens qu’on enferme pour détournement de parcelles qui ressortent quelques jours plus tard et qui vous narguent à la limite. Il faut que chacun prenne ses responsabilités, que nous regardions les choses en face pour lutter courageusement contre le phénomène, faute de quoi nous risquons de sombrer à un moment donné.

S. : Le marasme vécu actuellement n’est-il pas dû à une caution du politique ? Chacun pense être l’homme d’un tel et bonjour l’impunité !

S. O. : Peut-être. En ma qualité de petite autorité, je peux vous rassurer que je ne laisse pas faire un certain nombre de choses.

S. : Pensez-vous que le nouveau gouvernement est à même de faire face à ses responsabilités ?

S. O. : J’ai suivi le discours du Premier ministre. C’est un homme ambitieux et rigoureux. C’est la première fois que j’entends que les membres du gouvernement seront évalués et même sanctionnés. C’est un engagement, une résolution à faire avancer les choses.

S. : Au-delà des propos, avez-vous foi que des actes seront posés dans ce sens ?

S. O. : A priori, j’ai foi qu’il y aura d’énormes changements. Le précédant gouvernement a fait des avancées. Mais il faut toujours avancer.

S. : En sus de la lutte contre la corruption quelles devraient être, à votre avis, les priorités du nouveau gouvernement ?

S. O. : Ce sont celles qui ont été définies dans le programme quinquennal du chef de l’Etat.

S. : Mais selon nous, quelles sont les priorités les plus importantes pour le développement de notre pays ?

S. O. : Les ressources humaines sont très importantes. Il faut des compétences ; donc l’accent doit être mis sur la formation.
Il y a également les équipements de base en matière de santé et d’éducation. Notre pays n’a pas de débouché sur la mer, mais notre richesses s’exprime par nos ressources humaines.

S. : L’égalité, la parité homme/femme feront-elles partie de nos priorités ?

S. O. : Oui ! C’est bien une priorité. Nous avons tellement de priorités qu’il n’est pas facile de les hiérarchiser. La loi sur la parité n’existe pas encore chez nous. Celle des quotas n’a pas très bien marché. Nous souhaitons que nos sœurs qui sont à l’Assemblée nationale, de même que nos frères, se battent pour que le projet de loi sur les quotas puissent passer un jour.

S. : Avez-vous l’impression que la femme burkinabè est prête à assumer ses responsabilités par rapport aux postes de responsabilité ?

S. O. : Pourquoi pas ? Les femmes ne sont pas moins intelligentes que les hommes même si elles sont moins nombreuses dans les sphères décisionnelles de ce pays.
Il y a bien des femmes capables. Il y a certes des facteurs restrictifs, mais avec les sensibilisations, on viendra à bout des stéréotypes dont les femmes sont victimes.

S. : Doit-on donner à la femme son émancipation ou doit-elle l’arracher ?

S. O. : Il faut les deux. D’une part, on peut vouloir et ne pas parvenir parce qu’on ne vous donne pas l’accès. D’autre part, il faut lutter et surtout mériter parce que le pouvoir ne se donne pas, il s’acquiert.

S. : La préservation de l’environnement et la sécurité alimentaire font partie de nos priorités. Quelle politique agricole préconisez-vous pour le Burkina Faso ?

S. O. : Depuis quelques années, nous constatons une instabilité de la pluviométrie due certainement à l’effet de serre, ou rechauffement de la terre qui occcasionne des décalages climatiques. Malgré tout, notre agriculture fait de bons résultats avec la politique agricole et environnementale en vigueur. Le reboisement participe pour beaucoup à l’amélioration de la situation. Pour cela, l’opération 65/15, qui consiste à mettre 65 000 plants en terre en 15 mn, est à saluer.

S. : A cette allure, le Burkina sera un pays forestier ?

S. O. : Du fait que les grilles coûtent très cher, les arbres qu’on plante ne sont pas protégés en totalité. La divagation des animaux n’est pas de nature à améliorer les choses. Tout compte fait, il est mieux de continuer à planter. Même si c’est 50% des plants qui survivent, c’est tout de même un progrès. Il faut une bonne politique en la matière pour que les plants que nous mettons en terre poussent bien.

S. : Quel regard jetez-vous sur la médiation de Blaise Compaoré dans les crises de la sous-région, notamment au Togo et en Côte d’Ivoire ?

S. O. : Je salue l’action du président du Faso dans la gestion de ces deux crises. Il a été approché par les chefs d’Etat de ces pays, et en acceptant d’être le facilitateur, il a fait des succès. Au Togo, on voit déjà les résultats malgré quelques petits problèmes. J’ai foi que les législatives dans ce pays seront pour bientôt.
Pour ce qui concerne la Côte d’Ivoire, la situation actuelle est un soulagement pour les Ivoiriens et pour tous les pays de la sous - région. La flamme, symbole de la paix, qui marque la volonté et le début du désarment donnera suite aux audiences foraines et à l’élection présidentielle. On peut dire que c’est une victoire pour le Burkina Faso à travers son président Blaise Compaoré.

S. : Que répondez-vous à ceux qui estiment que Blaise Compaoré fait beaucoup mieux pour les autres démocraties que pour la démocratie burkinabè ?

S. O. : La démocratie burkinabè n’est pas en panne. Bien plus, elle s’approfondit de jour en jour. La communalisation intégrale du pays est survenue l’année passée et il n’y a vraiment aucun problème à mon avis.

S. : Le Togo a un fichier d’identification avec carte d’identité, un fichier unique, ce qui n’est pas le cas pour le Burkina Faso ?

S. O. : C’est l’expérience du Burkina qui a permis au Togo d’arriver à ce niveau. Certes, le nôtre avait des insuffisances mais le Togo s’en est inspiré pour faire un travail de qualité. Nous allons aussi faire des progrès dans ce sens, je crois bien. C’est à mon sens une question de temps.

S. : Question de temps qui dure depuis déjà 20 ans ?

S. O. : Vous savez que des régimes d’exception se sont succédé dans notre pays. Nous avons rompu avec cette pratique depuis 1990, 1991 date des premières élections après les régimes d’exception. Il y a tout de même de l’amélioration même si quelques difficultés subsistent.

S. : Parlant du panier de la ménagère, il y a des ménagères dont le panier déborde pendant que d’autres peinent à remplir la leur de moitié. Comment expliquez-vous cette disparité dans notre société ?

S. O. : Les hommes naissent égaux, mais la différence s’installe au cours de l’évolution. Je ne crois pas que ce soit lié à la mauvaise gestion. Nous constatons que le fossé entre riches et pauvres est de plus en plus grand ; mais nous pensons que cela ira avec le temps. A chacun sa chance.

S. : On a l’impression que la chance est d’un seul côté. Il faut être à Ouaga-2000 pour avoir plus de chance.

S. O. : (Rires) Nous allons donc tous prier pour être du côté de Ouaga-2000.

S. : Parlant de Ouaga-2000, les gens ridiculisent et disent “Ouagda (voleurs en langue mooré) 2000”.

S. O. : Je n’ai jamais entendu cela, vous me l’apprenez. Il n’est pas vrai que ceux qui y sont soient une bande de voleurs, d’escrocs.

S. : Revenons à la Côte d’Ivoire. Est-ce que la situation aujourd’hui permet aux opérateurs économiques burkinabè de prendre le chemin de ce pays ?

S. O. : Les autorités portuaires de la Côte d’Ivoire sont venues s’entretenir avec nos opérateurs économiques. Pour moi, cela augure d’un climat d’apaisement. J’estime que le processus est assez avancé vers la paix. L’essentiel est que les gens désarment. Et comme le désarmement est en cours de réalisation, je peux dire sans me tromper que la paix reviendra en Côte d’Ivoire si elle ne l’est déjà. Dans ce cas, il n’y a pas de raison que les transactions entre nos deux pays ne reprennent pas.

S. : Quelle est la position de Sarkozy par rapport à la France - Afrique ?

S. O. : Je pense que Sarkozy est dans les sillages de son prédécesseur. Ils sont tous de l’UMP (Union de la majorité présidentielle) avec pratiquement la même politique de l’Afrique. Ce qui nous égratigne de la part de Sarkozy, c’est l’immigration choisie. Mais dans le fond, il n’y a vraiment pas de changement.

S. : Ellen Johnson Sirleaf du Liberia est-elle un modèle pour les femmes africaines ?

S. O. : Absolument. C’est une femme courageuse pour qui j’ai de l’admiration. Briguer un poste présidentiel en Afrique n’est pas chose aisée pour une femme. C’est vraiment un modèle.

S. : Au Burkina, parmi les femmes politiques, laquelle estimez-vous être capable de remplir la fonction de chef de l’Etat ?

S. O. : Je ne peux pas citer de nom, mais je demeure convaincue qu’il y a des femmes capables de diriger le Burkina Faso.

S. : Et vous-même ?
S. O. : (sourire) Pourquoi pas ?

S. : Comment avez-vous senti la mutation 4-Août, 5-Août ?

S. O. : Le 4-Août nous rappelle la Révolution, cet ouragan qui a mis notre pays “sens dessus, sens dessous”. Il a eu des aspects positifs comme des inconvénients. Le 5-Août étant la date de notre indépendance, il est nécessaire que nous repartions à la source. A mon avis, c’est le 5-Août qu’il faut fêter pour commémorer notre accession à l’indépendance. Il n’est pas nécessaire de fêter les anniversaires de telle ou telle insurrection. D’où l’intérêt porté sur le 5-Août au détriment du 4-Août.

S. : Vous avez seulement parlé des inconvénients de la Révolution ? Et les avantages ?

S. O. : La Révolution a amené une prise de conscience collective. L’exemple de la bataille du rail est très illustratif. Au niveau social, la chefferie coutumière a profondément été touchée parce que la population n’était pas préparée à cela. Ce que je retiens de positif de la Révolution, c’est aussi l’intégrité qu’elle a suscitée et développée dans le cœur des Burkinabè.

S. : Ne serez-vous pas nostalgique de cette période en ces moments où l’intégrité n’est plus le propre du Burkina Faso ?

S. O. : Sur ce point précis, je suis nostalgique. Parce qu’en ces moments, il y avait beaucoup plus de sérieux. On travaillait souvent sous la contrainte, mais “au finish” on en était fier. C’est par exemple le cas des champs collectifs où tous les fonctionnaires devaient aller travailler en saison hivernale à Wayen. Mais aujourd’hui avec la démocratie, on en est à une toute autre expérience qu’il faut parfaire.

S. : Quel est votre parcours politique ?

S. O. : J’ai commencé à militer dans les Comités de défense de la révolution (CDR) à l’Université, mais de façon timide. J’ai enuite occupé le poste de responsables socioéconomiques du secteur n°19 de l’Union des femmes du Burkina (UFB) ; progressivement, au cours de ma carrière professionnelle, qui a débuté en octobre 1987, j’ai milité activement au niveau des secteurs structurés du ministère de l’Enseignement secondaire supérieur et de la Recherche scientifique ; c’est ainsi qu’en 1995, j’ai été désignée par les militants de base comme candidate de l’ODP/MT aux élections municipales, candidature que j’ai acceptée difficilement. Quelques semaines après les élections de février 1995, je fus portée à la tête de l’arrondissement de Boulmiougou comme maire ; cela a été réédité en 2000 puis en 2006 pour un troisième mandat.

S. : Si ce n’est pas un secret, comment expliquez - vous que votre timidité se soit transformée en une fougue ?

S. O. : Je ne suis pas timide de caractère, même si je suis de nature réservée. C’est ma participation aux activités politiques qui était plutôt timide, car je me consacrais plus aux études. Mais plus tard, je me suis dis qu’il n’était pas bon d’être en marge de la gestion de la cité.

S. : Vous avez accepté difficilement d’être candidate au début, aujourd’hui, ce n’est visiblement pas le cas ?

S. O. : Mon hésitation de 1995 est due au fait que j’étais sur le point d’aller faire un 3e cycle à l’extérieur. Ce qui ne signifie pas que je ne voulais pas m’impliquer dans la politique.

S. : Avez-vous des regrets pour avoir choisi la voie de la politique au détriment de vos études ?

S. O. : Franchement, je ne regrette pas, même si je dois reconnaître que la politique n’est pas chose aisée. J’ai beaucoup appris. Avec modestie, je dis que je suis actuellement pétrie d’expérience. La politique est un milieu à la fois difficile et facile, tout est de savoir tirer son épingle de jeu, de savoir se positionner en traivaillant loyalement.

S. : Vous êtes à trois mandats. Est-ce à dire que la mairie nourrit son homme ?

S. O. : Je ne suis pas allée à la mairie pour de l’argent. En y allant, je savais que le mandat de maire était graduit, un sacerdoce. Je suis professeur et à ce titre, je dois continuer à enseigner pour me nourrir. Ce boulot me nourrissait déjà.

S. : Vous aviez voulu être députée cette année ?

S. O. : C’est vrai, j’ai proposé ma candidature qui a été acceptée par mon parti. Cette marque de confiance de ma structure politique me réjouit. Que je n’ai pas eu la députation ne me tracasse pas comme certains le croient. Le poste de député est un poste de responsabilité comme celui de maire, je me mets dans une “peau de crocodile pour me coucher partout”. Je peux servir où bon semblera à mon parti de me mettre.

S. : Concrètement, qu’est-ce qui n’a pas marché pour que vous ne passiez pas à la députation. Les militants ne vous ont-ils pas fait confiance ?

S. O. : Les militants m’ont fait confiance. Dans la province du Kadiogo, j’occupais la 5e place sur 9 candidats que mon parti a présentés. Le système de calcul de voix favorise les petits partis. Sinon qu’en regardant le score de mon arrondissement vous vous rendrez compte que nous avons travaillé, surtout que je dirigeais la campagne du parti dans mon arrondissement.

S. : Comment avez-vous été “si mal classée” pendant que vous occupiez une place importante dans la vie politique du pays ?

S. O. : Je ne suis pas “môgô puissant”. Dans le parti il y a beaucoup de “Groto”. Mais tout compte fait, que je sois bien ou mal classée, l’essentiel est que nous nous soyons batttus pour que notre parti (le CDP gagne) dans notre province, le Kadiogo.

S. : Vous étiez à la recherche d’une autre expérience ou bien il y a des problèmes à la mairie que vous dirigez ?

S. O. : A ma connaissance, il n’existait de problèmes insurmontables à Boulmiougou au point de vouloir fuir la mairie. Même si c’était le cas, je m’assumerais. Il faut noter au passage que le choix et le classement des candidats obéissent à une stratégie du parti. Je pouvais donc être élue députée mais rester maire si le parti le souhaite.

S. : Faut-il comprendre qu’il se pose un problème de démocratie au sein de votre formation politique.

S. O. : Non. C’est le contraire. Ce sont les militants de base qui font le choix, entériné par l’instance dirigeante du parti à quelques variantes près.

S. : En avril 2006, il a été question d’empoisonnement entre vous et un de vos conseillers. Pouvez-vous situer l’opinion ?

S. O. : Sincèrement, ce sujet réveille en moi des souvenirs très douloureux, désagréables. Après mon élection en 1995 et en 2000, je m’étais préparée sur tous les plans pour affronter les élections de 2006. Mais je n’avais guère pensé qu’on pouvait m’accuser d’empoisonnement à cause de cette mairie. Cela m’a choquée et n’eût été le soutien de ma famille, j’aurais sombré. La politique est faite de haut et de bas. Je pense m’être mise au-dessus de la mêlée. Je remercie Dieu de m’avoir permis de pardonner celui-là même qui m’a accusée d’empoisonnement. Toutes les manœuvres étaient destinées à m’écarter de la mairie, en m’accusant gratuitement alors que je ne suis pas capable de tuer une mouche.

S. : On vous accuse de mener un déguerpissement arbitraire dans votre arrondissement. Qu’en dites-vous ?

S. O. : Les gens ne disent pas la vérité. Ils sont capables de tout, une fois que leurs intérêts sont en jeu. Wapassé, le nom donné à cette localité récemment qui signifie en langue mooré “Venez vous ajouter” était une zone vierge il y a de cela deux ans seulement. C’est une zone qui était vierge, il y a de cela deux ans seulement. Quand les gens ont commencé à s’y installer nous leur avons déconseillé parce que la zone était dans la bande verte. Ils ont persisté, d’autres se sont même installés dans la zone réservée pour l’extension du lotissement. Cette zone de Wapassé a été bornée depuis 2002 pour dégager les parcelles en vue de satisfaire la demande à usage d’habitation. Nous avons tenu des assemblées générales pour expliquer aux populations de ne pas investir dans la zone. Nous nous sommes déportés sur les lieux où nous avons fait descendre même des maçons qui construisaient. Mais rien n’y fit. Les gens ont persisté jusqu’à ce que nous, nous entreprenions la démolition des constructions anarchiques après des communiqués radio diffusées en juin-juillet 2007. L’objectif de cette opération “démolition” est de satisfaire ceux qui ont payé les frais de lotissement et qui n’ont pas encore eu de parcelle depuis 2002-2003.

S. : Comment expliquez-vous le fait que c’est toujours dans l’arrondissement de Boulmiougou qu’on rencontre ces genres de problèmes, depuis 1995 ?

S. O. : Ce n’est pas seulement dans l’arrondissement de Boulmiougou qu’il y a ces problèmes. Partout où il y a des opérations de lotissement, on y rencontre les mêmes problèmes. Peut-être que nous avons plus de problèmes que les autres. Dès 1995 nous avons géré des problèmes de parcelles attribuées depuis la Révolution. La question des parcelles est à la fois délicate et sensible au point qu’on peut se faire ôter la tête si on n’y prend garde. La particularité de Boulmiougou est qu’on a loti beaucoup et en même temps (les secteurs n°16, 17 et 19). Ce fut une erreur de notre part. Nous avons mis des comités en place pour leur gestion mais il est très difficile de les contrôler. Des gens en qui nous avons fait confiance sont allés se servir au lieu de servir la population. Mais en tant que première responsable, c’est nous qui payons les pots cassés.

S. : Quelle est votre recette pour ne pas vous retrouver en prison après tant d’opérations de lotissement quand on sait que ces lotissements ont emporté beaucoup de maires. D’aucuns disent même que le maire de Bogodogo se serait réfugié à l’Assemblée nationale pour échapper aux problèmes de sa structure.

S. O. : J’ai travaillé dans la sérénité, la sincérité et l’honnêteté. Du fait que je ne me reproche rien, je ne vois pas pourquoi j’irai en prison. Il y a un moment où les gens semblaient attendre vivement que l’on m’envoie à la MACO (Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou). Mais, ceux qui se sont rendus coupables de détournement y sont. Nous avons nous-même envoyé plus d’une cinquantaine d’individus là-bas. Je ne peux pas leur reprocher le mal qu’ils ont fait et me mettre moi-même à le faire. Je suis issue d’une famille royale et j’ai franchement une peur bleue des malversations de la terre. Juste après ma première élection en 1995 , je suis allée voir ma famille au village, pour savoir la conduite à tenir, car dans nos coutumes, la terre est sacrée. On m’a dit : “n’aie pas peur, vas et exerce ta fonction. Sache que la terre peut t’enrichir très vite mais tu n’auras pas longue vie. A toi de choisir”. Entre vendre les parcelles, s’enrichir et mourir vite et se contenter de ce que je gagne, pour vivre longtemps, mon choix s’est porté sur la deuxième proposition. Il fait bon vivre, malgré les difficultés de la vie.

S. : Combien de parcelles avez-vous ?

S. O. : J’ai une et une seule parcelle ! Elle n’est pas en mon nom. Elle a été attribuée à ma mère et j’ai fait une procuration pour qu’elle me revienne. Ce n’est pas pour me cacher et utiliser un “prête nom” mais juste pour éviter d’avoir à signer une fiche m’attribuant à moi-même une parcelle.

S. : Au regard de tous ces problèmes, quel espoir pour la jeune génération d’avoir un chez-soi ?

S. O. : Question pertinente. Mais avec les logements sociaux du CEGECI (centre de gestion des cités), on assiste à un début de solutionnement du problème. Mais les conditions du CEGECI excluent certains. Il faut être domicilié à la Banque de l’habitat et avoir un salaire inférieur à 100 000 F.

S. : Il semblerait que le tirage de ces parcelles de logements sociaux n’est pas passé par vous et que vous en êtes frustrée ?

S. O. : Ce n’est pas exact. Il ne faut pas transformer les choses. Nous avons fait le lotissement d’où le CEGECI a prélevé un certain nombre de parcelles pour construire des logements sociaux. Donc nous avons été associés au départ. Plus tard, il y a eu une incompréhension interne qui ne concerne aucunement le CEGECI ni le ministère en charge de l’Habitat et de l’Urbanisme.

S. : Qu’en est-il des problèmes de voies et d’embellissement dans votre arrondissement ? Pour votre 3e mandat est-ce que vous prévoyez de grands chantiers ?

S. O. : L’Agence française de développement (AFD) nous accompagne dans l’aspect voirie et assainissement de notre arrondissement. L’équipement et l’eau sont également pris en compte. Il y avait des zones loties non viabilisées auxquelles nous avons ajouté d’autres nouveaux lotissements. Mais avec l’AFD toutes ces questions seront résolues avec le bitumage des axes principaux ainsi que la réalisation de caniveaux.
Nous comptons renforcer les capacités d’accueil des structures d’éducation et de santé dans certains secteurs.
Nous avons des agents communaux, qu’il faut former. Il y va de la crédibilité de nos services. Certains conseillers municipaux sont élus sans savoir les missions qui leur sont assignées. Il faut les former.

S. : L’absence d’autonomie des arrondissements ne limite-t-elle pas quelque part vos actions ?

S. O. : Dans le code des collectivités territoriales, il est mentionné que Ouagadougou et Bobo-Dioulasso sont des communes à statut particulier avec un maire élu et des maires d’arrondissement. En effet, il n’y a pas d’autonomie financière parce que le budget est unique et centralisé. On alloue seulement une certaine somme à chaque arrondissement pour préparer son avant-projet de budget.

Quelque part, cela limite nos actions parce que nous ne sommes pas vraiment responsabilisés à la base. Si la possibilité était donnée à chaque arrondissement de se prendre en charge directement, je pense que chacun allait libérer son génie créateur non seulement pour se faire des recettes mais aussi, pour réaliser ses projets.
Peut-être que ce statut va évoluer avec le temps mais je pense que pour un début, on a cru bon de faire ainsi afin de mettre tous les arrondissements de la même commune sur un pied d’égalité. Il n’est pas évident qu’avec une autonomie au départ tous les arrondissements auraient pu se débrouiller.

S. : Vous étiez habituée à des conseils monocolores. Aujourd’hui, votre conseil comporte d’autres sensibilités. Comment vivez-vous cette cohabitation ?

S. O. : Je me réjouis de cette situation. J’avoue qu’au début j’étais un peu dépaysée parce qu’habituée à gérer des conseillers appartenant à une même formation politique ou à la mouvance.
Avec ce nouveau conseil, nous avons eu huit (8) conseillers venant d’autres formations politiques dont deux (2) de l’ADF/RDA, deux (2) de l’UNIR/MS et le reste de la mouvance présidentielle.
Dès nos premières rencontres, j’ai lancé un cri du cœur en souhaitant qu’il s’instaure entre nous des débats constructifs. La lutte sur le terrain étant passée, il nous reste maintenant celle du développement de notre arrondissement.

Et c’est ensemble que nous devons la mener. Dieu merci, ils m’ont tous compris. J’ai responsabilisé tout le monde sans distinction aucune, et je fais en sorte qu’il y ait cette cohésion afin qu’on puisse progresser dans notre combat pour le développement de Boulmiougou. Notre démarche participative au sein du conseil a convaincu des conseillers d’autres partis poltiques à rallier les rangs du CDP.

S. : Est-ce qu’il arrive des fois que Simon Compaoré fasse des remontrances aux maires d’arrondissement ?

S. O. : La commune de Ouagadougou est une entité qui regroupe les cinq arrondissements ; ainsi le maire de la ville de Ouagadougou a un droit de regard sur tout ce qui se passe dans ces arrondissements. Mais comme toute œuvre humaine n’est jamais parfaite, il arrive quelques fois que certains maires d’arrondissement commettent des erreurs dans l’accomplissement de leurs missions. Il est donc tout à fait normal que le maire de la ville fasse des observations et même des remontrances, ce qui a conduit certains à la MACO. Sinon dans la plupart des cas, on s’entend sur l’essentiel et on travaille en parfaite symbiose.

S. : Qu’y a-t-il de passionnant dans la gestion d’une mairie ?

S. O. : La première satisfaction que l’on tire est celle de servir les autres, d’être à l’écoute de leurs préoccupations et rechercher les voies et moyens pour les résoudre.
Quand j’enseignais, j’étais fière d’inculquer le savoir, le savoir-faire et le savoir-être aux élèves. Au début de mes fonctions à la mairie, je me suis demandé qu’est-ce que je suis venue chercher dans ce “bourbier”. Mais par la suite je me suis rendu compte que c’est une fonction exaltante parce que rendre service à quelqu’un même si on n’a pas de récompense, on a quelque part un réconfort moral.

S. : N’y a-t-il pas un risque de tentation pour un maire qui fait beaucoup de recettes et qui ne perçoit rien en retour ?

S. O. : Etre maire nous expose à beaucoup de sollicitations. Les administrés ne savent pas toujours que la fonction de maire ne génère pas de millions. Ils croient que le maire peut tout faire, ce qui n’est pas vrai. Même avec ces pressions, les maires peuvent être tentés. Mais je crois qu’à ma connaissance, très peu de maires ont succombé à la tentation. Je profite de l’occasion pour lancer un cri du cœur à l’endroit des autorités compétentes, afin qu’elles se penchent sur la question de motivation des élus locaux. Nous pensons qu’il est temps, avec la communalisation intégrale, de valoriser la fonction de maire et des conseillers municipaux de façon général.

S. : Comment conciliez-vous votre fonction de maire et votre rôle de mère au foyer ?

S. O. : C’est vrai qu’il est parfois difficile aux femmes responsables de gérer à la fois leur service et leur foyer, mais tout est une question d’organisation. Si on est bien organisé, on y arrive sans trop de difficultés. J’essaie de m’organiser comme je peux.
Mes deux derniers enfants sont à l’internat, à Tenkodogo et à Nanoro. Pour qu’ils ne se sentent pas abandonnés, je leur rends visite au moins une fois par mois à chacun. Pendant les vacances, je leur accorde le maximum de temps.

S. : Vous avez affirmé qu’au temps des CDR vous reprochiez à votre mari d’être trop engagé en politique. Aujourd’hui qu’est-ce que lui, il vous reproche ?

S. O. : Non je ne l’ai pas affirmé. A cette époque, il faut dire que moi même je n’avais pas tellement le temps pour m’occuper de lui.
J’étais plutôt beaucoup préoccupée par mes études, on nous appelait même les “carriéristes” à l’université. Aujourd’hui, c’est dommage, nous ne vivons plus sous le même toît mais nous ne sommes pas divorcé non plus. Ce sont les circonstances de la vie.

S. : Fille de député, sœur de député et candidate malheureuse à la députation. Voulez-vous constituer une famille de députés ?

S. O. : C’est une pure coïncidence sinon, ce n’est pas une famille de députés. En effet, mon père a été député en 1992 sous la première législature en tant qu’élu du Kourwéogo, notre province d’origine. Il est décédé étant député. Mon grand frère a été élu en 2002 et réélue en 2007. Moi j’ai été élue maire en 1995, en 2000 puis en 2006 dans l’arrondissement de Boulmiougou. C’est le même parti, mais je pense que chacun a milité et a mérité sa place.

S. : Avec la nouvelle trame, peut-on dire que c’est la fin des lotissements à Boulmiougou ?

S. O. : Je crois qu’on tire maintenant vers la fin. La commission provinciale d’aménagement du territoire a adopté récemment les nouveaux plans d’extension de lotissement. Aujourd’hui, tout est fin prêt et le dossier a été déposé à la direction générale de l’urbanisme pour contrôle (le 1er août 2007). Nous allons rendre la zone vierge en démolissant les maisons qui y sont bâtis anarchiquement afin de disposer de parcelles pour les attributions.
En outre, il faut souligner que nous avions retiré tous les cartons de recencement au regard des nombreuses fraudes constatées çà et là. Nous avons procédé à des contrôles et à des clarifications afin de mettre un peu d’ordre dans la distribution future. En temps opportun, nous positionnerons les cartons réguliers. Je pense que dans quelques mois, on ne parlera plus de problème de parcelles à Boulmiougou.

S. : Rappelez-nous brièvement votre carrière professionnelle qui a pris un coup avec vos nouvelles fonctions de maire.

S. O. : Je suis titulaire d’une maîtrise en sciences biologiques et enseignante de profession. Après cinq ans d’exercice, j’ai passé et obtenu le certificat d’aptitude professionnelle de l’enseignement secondaire. J’ai enseigné les sciences de la vie et de la terre au lycée mixte de Gounghin. Je me rappelle que j’ai tenu la craie pour la dernière fois en 1997 parce que mes nouvelles fonctions de maire me donnaient très peu de temps pour assurer régulièrement des cours. Ceci dit, je garde toujours de bons souvenirs parce que j’ai embrassé cette carrière par vocation.

S. : Voyez-vous de temps en temps vos anciens élèves ?

S. O. : Certains continuent de me rendre visite et même qu’il a existé à Pissy une association des anciens élèves du maire de Boulmiougou. Au nombre de mes anciens élèves je peux citer votre confrère Dieudonné Zoungrana de l’Observateur Paalga.

S. : D’aucuns disent que vous êtes une protégée du maire Simon Compaoré. Quels sont vos rapports avec lui ?

S. O. : Tous les maires d’arrondissement de la commune de Ouagadougou sont des protégés de Simon Compaoré. Nous avons tous un objectif commun que nous visons et il n’y a pas de particularité en ce qui me concerne. Nous avons juste des relations de travail et c’est tout.

S. : Seriez-vous prête à reprendre la craie au cas où vous viendriez à perdre votre poste de maire ?

S. O. : Sans aucun complexe, je retournerai à l’enseignement car c’est ce que je connais le mieux. Je ne comprends pas pourquoi certains en font un problème en refusant de rejoindre leur base lorsqu’ils ne sont plus à un poste de responsabilité. Je pense qu’il faut y aller en attendant peut-être une autre opportunité.

S. : Qu’aimez-vous et que détestez-vous ?

S. O. : Je déteste la trahison et le mensonge. J’aime la vie, j’aime vivre et je ne veux pas mourir, (rires) ...

S. : A quoi consacrez-vous vos temps libres ?

S. O. : Je les consacre à la lecture, au sport et aux jeux de société avec mes enfants.

S. : Sur les murs de votre terrasse à la maison, il semblerait qu’il y a la Vierge Marie et un lion. Que représentent pour vous ces deux images ?

S. O. : Je suis de nature assez pieuse. Cette image de la vierge Marie me donne l’opportunité de me recueillir régulièrement. Quant au lion, il symbolise mon signe astral. Je suis née un 7 août.

S. : Quelle lecture faites-vous de la presse burkinabè ?

S. O : J’ai une appréciation d’ensemble positive de la presse burkinabè. Cependant, je déplore le comportement de certains journalistes qui sont très partisans dans leurs propros. Souvent, ils ne prennent pas le temps d’écouter toutes les parties avant de faire leur commentaire. Ce qui peut être préjudiciable à certaines personnes même si après, on s’évertue à faire des rectificatifs.

S. : Durant vos mandats successifs, que gardez-vous de bons et mauvais souvenirs ?

S. O. : Mon bon souvenir et d’ailleurs le plus récent, c’est ma reconduction à la tête de la mairie. C’était comme un défi pour moi, après cette histoire d’empoisonnement, de gagner de nouveau la direction de la mairie. Du reste, celui qui m’a accusée d’empoisonnement, était aussi candidat. Ce fut donc un soulagement pour moi d’être élue. Mon mauvais souvenir se situe au début de mon deuxième mandat où certains m’avaient accusée d’avoir surfacturé les travaux du cabinet qui s’occupait des lotissements, dans le but de m’enrichir. Ce fut un choc parce que je ne m’y attendais pas.

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 23 août 2007 à 09:54, par Gangsooba En réponse à : > Séraphine Ouédraogo : “Dans quelques mois, on ne parlera plus de problème de parcelles à Boulmiougou”

    Oui, biensûr qu’on ne parlera plus de lotissement à Boulmigou car tu auras tout vendu et en distribuer à des copains. Si tu penses que je ne sais pas ce que je dis, tu te trompes ; je te rappelle que ces copains t’appellent ’’Sera’’ et j’en connais un qui a bénéficié de tes largesses depuis 2005 d’ailleurs (une parcelle !?). Moi aussi j’en veux mais je ne gagne pas ; pourquoi cette exclusion à mon égard ?

    • Le 23 août 2007 à 12:09 En réponse à : > Séraphine Ouédraogo : “Dans quelques mois, on ne parlera plus de problème de parcelles à Boulmiougou”

      oui tu dit de n’import quoi .laisse seraphine fait son travail

    • Le 23 août 2007 à 13:34 En réponse à : > Séraphine Ouédraogo : “Dans quelques mois, on ne parlera plus de problème de parcelles à Boulmiougou”

      Ben, tu achètes, ce n’est pas plus compliquer. Tu dénonces le copinage de la mairesse et tu veux en rajouter.

      • Le 23 août 2007 à 16:30 En réponse à : > Séraphine Ouédraogo : “Dans quelques mois, on ne parlera plus de problème de parcelles à Boulmiougou”

        Dorenavant veuillez inviter des personnes capables d’apporter une analyse profonde sur la situation du pays
        je suis certain que beaucoup de vos lecteurs se sont vraiment vraiment ennuyes en lisant cet interview, Je suis desole mais les reponses de mme le maire sont tres plates et elle ne sort pas des entiers battus pour nous apporter des solutions nouvelles.SH

        • Le 23 août 2007 à 19:54, par Lesage En réponse à : > Séraphine Ouédraogo : “Dans quelques mois, on ne parlera plus de problème de parcelles à Boulmiougou”

          Vous savez si en deux mandats, mme la maire n’a rien apporté de positif et de visible dans sa mairie, car il faut habiter la commune pendant l’hivernage pour mieux y constater les difficultés de tout genre, ce n’est pas après 3 mandats qu’une gangrène devenue un cancer s’efface comme par magie. Les efforts nourrissent le succès...Il faut dire aussi qu’un portefeuille de maire mieux garnie que celui de professeur(attention metier noble mal estimé de nos jours), ne nous donne pas envie de mourir, mais de vivre pleinement ces avantages ; et dire que vous vouliez la députation en plus(que d’ambitions pour une aspirante qui n’a fait qu’échouer à ses devoirs et qui veut passer en classe supérieure.)Il n’y a pas de fumée sans feu et vous savez que certaines rumeurs ne seraient pas fondées si cette personne, à qui on a accordé la mairie de Boulmiougou en 1995 par favoritisme(...), avait des actions sociales concrètes et une conduite qui enlève tout soupçon ou doute quant à son intégrité. Je ne juge pas mais je constate, le poisson pourrit par la tête ; une personne positive s’entourera de personnes positives. Donc les différentes malversations qui entache l’image de la mairie ne pourraient arriver, si à la tête il y avait de la rigeur. À bon entendeur salut. Lesage.

  • Le 23 août 2007 à 12:18, par Pascal En réponse à : > Séraphine Ouédraogo : “Dans quelques mois, on ne parlera plus de problème de parcelles à Boulmiougou”

    Le temps est un allié indefectible de la verité et nous serons situés madame le maire. Bon courage courage pour le reste de votre mandat, que Dieu vous soutiennent et vivement qu’il ait l’entente au sein de votre conseil. N’ayez plus peur de la mort madame le maire tout le monde y passera, et il faut vivre en tenant compte de cela.
    Bonne continuation.

  • Le 23 août 2007 à 13:10, par Siloé En réponse à : > Séraphine Ouédraogo : “Dans quelques mois, on ne parlera plus de problème de parcelles à Boulmiougou”

    - Pour l’AMOUR DE DIEU et par pitié pour les générations actuelles et futures, Mr et Mme les mogho-puissants, évitez les lotissements horizontaux surtout de complaisance. Stop à la destruction des champs agricoles. Vous faites du mal à notre pays. Vous faites du mal à notre environnement sahélien. Vous faites du mal à nos descendants.
    - Pourquoi être aussi mauvais ?

  • Le 24 août 2007 à 11:48, par Gangsoba En réponse à : > Séraphine Ouédraogo : “Dans quelques mois, on ne parlera plus de problème de parcelles à Boulmiougou”

    Les deux réponses à ma réaction sont claires et nettes : je reconnais ce style et c’est la même personne (celle que me dir de laisser la mairesse faire son boulot et celle que me recommande d’acheter une parcelle font une et la même personne).

    Je dis que je reconnais ce style et c’est justement cette personne que je connais et qui a bénéficié des largesse de la ’’mairesse’’ par un don de parcelle à Boulmiougou. Je te reconnais et si tu réagis encore, je donne ton nom sur ce site. D’ailleurs, tu n’es même pas en règle avec les taxes de cette parcelle et tu parles trop !

    • Le 24 août 2007 à 19:40 En réponse à : > Séraphine Ouédraogo : “Dans quelques mois, on ne parlera plus de problème de parcelles à Boulmiougou”

      M. GANGSOBA,

      Tu ne connais pas du tout la personne qui a écrit la phrase suivante : « Ben, tu achètes, ce n’est pas plus compliquer. Tu dénonces le copinage de la mairesse et tu veux en rajouter. » et je ne te connais pas. Je ne connais pas non plus la Mairesse Séraphine Ouédraogo et j’avoue très sincèrement que je suis incapable même de situer géographiquement la mairie de Boulmiougou sur la carte du Burkina. Seulement je réagis à la manière dont tu poses les problèmes. Par principe, quand on dénonce une façon de gouverner, c’est-à-dire la corruption, le népotisme, le favoritisme, cela veut dire qu’on est en dehors de tout cela et par conséquent on ne fera rien pour encourager cet état de fait. Hors l’attitude que tu as, M. GANGSOBA, c’est que tu dénonces le système et tu réclames en même temps ta part de gâteau. A mon avis, cela n’est pas juste. Cela me pose moi un problème de conscience. C’est pourquoi je t’ai invité à acheter un terrain avec l’argent que tu auras gagné par la sueur de ton front comme cela tu es blanc comme le coton et ta bonne conscience avec.

      Il y a deux attitudes à tenir à mon avis dans cette affaire : Ou bien on lutte contre la corruption, le népotisme, le favoritisme au Burkina et dans ce cas il ne faut rien faire qui puisse encourager ce système, ou on l’accepte et dans ce cas on se tait et on y participe.

      Salutations cordiales !

  • Le 29 août 2007 à 17:29, par Gangsoba En réponse à : > Séraphine Ouédraogo : “Dans quelques mois, on ne parlera plus de problème de parcelles à Boulmiougou”

    A celui qui parle trop

    Merci de me dire ’’Mr Gangsoba’’, mais toi tu n’a pas de nom ni de pseudo. C’est curieux pour quelqu’un qui se dit juste. Tu connais pas la mairie de Boulmigou et tu parles trop pour être partie prenante de la bonne gouvernance. Si la ’’mairesse’’ donne à ses ’’amis’’, en tant que citoyen, je suis en droit de réclamer ma part aussi car ses amis ne sont pas plus citoyen que moi. En plus, moi j’ai déposé régulièrement ma demande et j’ai payé rubis sur ongle la somme exigée et avec tout ceci, je n’ai rien eu. Et des gens qui n’ont fait ni demande, ni payé un sou ont bénéficié par amitié. Et tu me dis d’aller acheter ? Si j’étais si riche comme tu as l’air de le penser, tu crois que j’allais perdre mon temnps pour faire une demande (remplir les fiches de demande d’attribution) ? Cher ami, intérresse-toi à ce qui se passe à KADIOGO 3 en matière de parcelles et tout le trafic qui y est lié et tu me donneras raison.

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