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Immigration : Fidèle Nitièma, le parent de Cachan

Publié le lundi 20 août 2007 à 07h27min

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Fidèle Nitiéma

Le fait est assez inédit pour ne pas être souligné. En fin de semaine dernière, Radio France international (RFI) a en effet interviewé un certain Fidèle Nitièma, présenté comme l’un des porte-parole des sans-papiers de Cachan dans le Val-de-Marne, qui viennent de voir leur situation régularisée (en partie) après un bras-de-fer de plusieurs semaines (grève de la faim à la clé) au cours desquelles ils ont été expulsés d’un squatt avant d’investir le Gymnase Belle-Image.

Un Burkinabè, fût-il de Côte d’Ivoire comme on l’a entendu, porte-drapeau des indésirables que Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux voulaient raccompagner à la frontière, pour emprunter un néologisme du cru, on aura tout vu ! Car jusque-là, c’étaient des Maliens et des Sénégalais qui étaient aux avant-postes. Normal ! Après tout, ils sont parmi les plus nombreux de la colonie africaine en France et c’est tout naturellement dans leurs rangs que se recrute le gros de la troupe des clandestins.

Et malgré tout ce qu’on en dit ; nonobstant les quolibets, le mépris et les diverses autres avanies qu’ils essuient parfois même de leurs frères noirs, cela traduit à tout le moins le goût de l’aventure et du risque (sans lequel on obtient rien) des Africains du Mali et du Sénégal, ainsi que de ceux de pays comme le Ghana ou le Nigeria pour ouvrir à la partie anglophone du continent.

Car pour aller trimer là-bas, si on y arrive, courir le risque de se noyer au large des Canaries ou de mourir frigorifié dans le train d’atterrissage d’un avion, il faut avoir du cran et des tripes pour le faire.

Tant et si bien d’ailleurs que dans ces pays s’est constituée une véritable économie de l’immigration, licite ou illicite, avec notamment les transferts financiers colossaux des migrants vers leurs pays d’origine. Combien de familles restées au village sont sorties de l’ornière grâce à cela et combien de contrées tropicales, à l’image de Kayes, se sont « développées » par ce biais ?

Qu’un de nos compatriotes soit donc le héraut d’étrangers en situation irrégulière en Hexagone, voilà qui sonne comme une petite révolution, et c’est tant mieux. Il faut reconnaître qu’à force d’être trop modestes ainsi qu’une image d’Epinal les présente souvent, les « hommes intègres » ont fini par être trop timorés, veules, incapables de se remuer pour obtenir quelque chose.

La preuve, alors que jadis certains allaient déjà voir ailleurs, l’horizon de nos parents et grands-parents n’allait pas plus loin que le pays ashanti ou les plantations de la forêt ivoirienne avec sa banane plantain, son attièkè, ses agoutis et ces femmes baoulés qui suffisaient, pour ainsi dire, à leur bonheur.

Pour se rendre encore compte des « ambitions » minimalistes des Voltaïques d’hier et des Burkinabè d’aujourd’hui, il n’y a qu’à parcourir les enseignes qui pavent les rues de nos villes. Ici c’est « mini-alimentation » unetelle, là c’est « mini- quincaillerie » untel, de l’autre côté, on lit « mini mercerie » X, plus loin on voit « mini..... » Y.

Ailleurs, on aurait écrit en lettres capitales et lumineuses « maxi café », « grand commerce », etc., même s’il s’agit de méchantes petites échoppes brinquebalantes. Mais elles voient grand et elles espèrent grandir. Ça n’a l’air de rien, mais ça traduit dans une certaine mesure un état d’esprit.

Fort heureusement, les mentalités sont en train de changer, et les lignes bougent avec elles. Pour les jeunes générations, Abidjan, Accra, Libreville, ou même Paname, c’est fini.

Place au « pied de botte » pour ceux qui ont choisi l’Italie et ses champs de tomates pour changer la physionomie du pays bissa ; et au grand large, notre « nouveau monde », pour ceux qui rêvent d’autant plus d’Amérique que leurs « responsables » leur offrent des concerts quand eux réclament pain et travail.

Qu’importe finalement si, là-bas, ils (sur)vivent dans des conditions proches de l’esclavage ou du bagne de Cayenne et s’ils sont traqués chaque jour que Dieu fait par un cerbère nommé Horte...feux. Salut fraternel donc au parent Fidèle Nitièma qui, à bien des égards, porte haut le flambeau du Burkina Faso.

Rabi Mitibkèta

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 20 août 2007 à 15:39, par Paulin En réponse à : > Immigration : Fidèle Nitièma, le parent de Cachan

    Oui, c’est vrai d’etre un leader...mais j’aurais prefere n’avoir aucun burkinabe parmis les "sans papier". En realite les vrais burkinabe auraient aimes etre absents du groupe d’individus qui choisissent d’implorer la pitie des autres jusqu’a faire greve de la faim pour qu’on les accepte. La greve de la faim pour soi-meme est un acte des plus deshonorants qui soient. Les greves de la faim sont en principe faits pour des ideaux qu’on voudraient defendre, generalement pour un interet general. Fidele Nikiema ne merite donc pas notre consideration. C’est a la limite une honte pour nous... Merci.

    • Le 21 août 2007 à 14:40, par internaute anonyme En réponse à : > Immigration : Fidèle Nitièma, le parent de Cachan

      Pourquoi Fidèle NITIEMA serait-il une honte pour le Burkina ? Parce qu’il est le porte-parole des sans-papiers de Cachan ? Et à propos de la grève de la faim observée par ces frères, pensez-vous que ce pour quoi elle a été faite n’est digne d’aucun intérêt ? Vous vous trompez énormément si vous considérez Fidèle NITIEMA, en sa qualité de porte-parole des sans-papiers de Cachan, comme une honte pour les Burkinabé ! Il est sûrement pour vous une honte, mais il ne l’est point pour l’ensemble des Burkinabé ! Car voyez-vous, la cause qu’il défend est juste et légitime ! Parce que tout simplement la lutte de ces frères à nous, s’inscrit dans la logique de la nouvelle Loi française sur l’Immigration qui veut que lorsque les sans-papiers remplissent les conditions objectives de régularisation prévues par la Loi, ils obtiennent leurs titres de séjours sans aucune autre forme de procès ! La régularisation ne doit alors pas obéir à une logique de quotas, mais à des conditions objectives voulues et imposées par le Législateur français ! Les sans-papiers de Cachan remplissant ces conditions, il est donc incompréhensible qu’ils ne soient pas régularisés ! Et c’est justement ce que dénoncent notre compatriote Fidèle NITIEMA et ses compagnons d’infortune ! Ils demandent tout simplement l’application de la Loi, ce qui est tout à fait honorable ! Il n y a donc rien de déshonorant dans leur démarche ! Bien au contraire ! ... S’agissant maintenant de la grève de la faim qu’ils ont observée, vous conviendrez logiquement avec moi, en poussant plus loin votre réflexion, que cette autoflagellation n’a, en fait, aucun autre but que de dire à l’Occident en général, et en l’occurence ici à la France, que tant qu’elle naura pas re-pensé autrement sa politique étrangère africaine ( laquelle a jusque-là consisté à instaurer, financer et maintenir coûte que coûte les dictatures en Afrique ), les populations africaines n’hésiteront pas, même au péril de leur vie, à franchir les mers et les océans par n’importe quel moyen pour rejoindre la France afin ... d’échapper à la misère ! Eh oui ! ...Et ceci, figurez-vous, est plus que noble ! Car tant que la France continuera à faire main basse sur les richesses du continent africain au détriment des populations afrcaines, elle a l’obligation d’acceuillir sur son sol les laissés-pour-compte qu’elle aura fabriqués par son fait ! La motivation profonde de cette grève de la faim revêt ainsi donc un intérêt général ! A ce titre, elle mérite d’être saluée au passage ! Si vous vous refusez à reconnaître cette vérité, c’est que vous êtes tout simplement nombriliste ! Auquel cas, sachez que le monde va au-délà de votre petite personne ! Surtout, n’oubliez pas ceci : rien ici bas n’est acquis ! D’où il suit que Nul n’est à l’abris de l’imprévu ! Pensez-y vivement ! Merci !

      • Le 21 août 2007 à 17:15 En réponse à : > Immigration : Fidèle Nitièma, le parent de Cachan

        Je crois que vous allez tous un peu vite quand vous affirmez que Fidèle Nitièma est burkinabè. Tenez-vous bien que parmi les cachanais
        qui ont été deguerpi l’année passée, l’un des meneurs était un KABORE. Celui-là se disait ivoirien. Comme quoi le patronyme n’est pas toujours suffisant...

        • Le 22 août 2007 à 11:24, par internaute anonyme En réponse à : > Immigration : Fidèle Nitièma, le parent de Cachan

          Arrêtez un instant de pratiquer la politique de l’autruche ! KABORE, NITIEMA, ... nous savons tous, autant que nous sommes, que ces patronymes sont bel et bien de chez nous au Burkina ! Quelle que soit la nationalité ( française, américaine, allemande, malienne, ivoirienne, ... ) à laquelle ils se rattachent de facto, il n’est nul besoin de dire que les personnes qui les portent sont du ... Burkina ! Comme quoi : "le tronc d’arbre a beau séjourné dans la marre, il ne sera jamais un animal aquatique" ! Et même... que ces gens soient Burkinabé ou pas, ce qui importe vraiment c’est la justesse de la cause qu’ils défendent ! A ce propos, nul ne peut et ne doit se réfuser de reconnaître que nos frères sans-papiers de Cachan défendent une cause juste et noble ! Voyez-vous, le genre de comportement que vous affichez en ce moment, c’est ce qui en fait est à l’origine de bien des maux qui sâpent l’avancée réelle de notre chère Afrique ! Le jour où nous aurons dépassé nos fausses appartenances nationales ( n’oubliez pas au passage que la cartographie actuelle de l’Afrique nous a été imposée par ceux qui nous ont colonisés aux seules fins de mieux nous contrôler ! ), 90% de nos problèmes seront réglés ! De grâce, évitons de répéter les erreurs de nos aînés ! Car l’avenir de notre continent n’est nulle part d’autre qu’entre nos mains à nous ... les générations présentes ! Ouvrons l’oeil, et le bon surtout ! Merci !

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