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Militaires burkinabè en Côte d’Ivoire : Que de polémiques sans objet !

Publié le jeudi 16 août 2007 à 08h01min

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Compaoré, Soro et Gbagbo à la cérémonie de la flamme de la paix

Si le projet de loi relatif à l’envoi d’un contingent militaire burkinabè en Côte d’Ivoire a suscité des polémiques dans l’opinion nationale autour de son opportunité, son retrait à la demande du gouvernement de la session parlementaire du 30 juillet dernier au cours de laquelle il devait être examiné a davantage laissé cours à des commentaires oiseux, à n’en pas finir.

Décidément, cette histoire d’envoyer un contingent militaire burkinabè en Côte d’Ivoire a donné droit à tous les commentaires des plus logiques aux plus insensés. Certains en ont même profité, c’est de bonne guerre, déplacer le débat vers des horizons leur permettant d’en tirer des dividendes au plan politique. L’opportunité est certainement fort belle en cette période de « marasme » pour nombre de chapelles politiques pour se rappeler au souvenir des citoyens.

Ainsi, un acte posé par le régime en place doit être pris par le contre-pied et c’est en cela que certains ont vu dans le retrait par le gouvernement du projet de loi portant sur l’envoi d’un contingent de 150 militaires en Côte d’Ivoire, un aveu d’échec dans le cadre de la résolution de la crise ivoirienne quand ils n’ont pas purement et simplement qualifié ledit projet de loi d’anticonstitutionnel.

Ainsi fonctionne par moment la démocratie burkinabè où les soit-disant opposants sont experts en amalgame. On ne s’étonne donc pas de leur tentative de diaboliser ce projet de loi initié dans la suite logique du processus de la mise en œuvre de l’Accord politique de Ouagadougou, cette feuille de route de la paix en Côte d’Ivoire.

Contrairement à ce qu’on veut véhiculer, la décision d’envoyer un contingent militaire burkinabè en Eburnie n’est nullement un passage de force fait à cet Accord inter-ivoirien. Il était plutôt question de satisfaction à une des sollicitations des signataires de cet accord qui ont voulu « des troupes supplémentaires notamment burkinabè pour participer à la mission des forces impartiales ».

Ce qui nécessitait l’aval de l’Assemblée nationale conformément à l’article 106 de la constitution. D’où vient-il donc qu’il faille s’exciter autour de quelque chose qui a pourtant été demandée par les ex-belligérants eux-mêmes et pourquoi l’anathème des opposants sur le gouvernement qui ne fait que jouer sa partition dans la mise en application de l’Accord politique de Ouagadougou ?

Des analystes qui ont vite fait le lien entre le séjour de Guillaume SORO à Ouagadougou juste après avoir échappé à l’attentat du 29 juin et l’envoi d’un contingent militaire burkinabè en Côte d’Ivoire l’ont tout faux. Car,pour qui sait la complexité dans l’élaboration d’un projet de loi dans le cadre de la défense, on ne saurait affirmer que celui-là a été expressément initié, en un tour de main, à la suite de l’attentat manqué contre SORO et surtout dans le but d’assurer sa sécurité par des soldats burkinabè. En aucune manière, le gouvernement a donné cette impression et SORO lui-même pendant son séjour ouagalais qu’on pourrait qualifier de « débriefing » n’a laissé apparaître cette éventualité.

Des anti-légalistes qui disent le droit !

Il est évident que le projet de loi en question a été élaboré par rapport à un besoin exprimé par les protagonistes de la crise ivoirienne lors de la signature de l’Accord politique de Ouagadougou le 4 mars dernier et il est tout à fait normal qu’il soit décalé et s’inscrive dans l’évolution de la mise en œuvre de cet accord. Dans l’hypothèse que le facilitateur, qui s’est lui-même rendu le 30 juillet à Bouaké, zone ex-rebelle, et à Yamoussoukro, capitale politique ivoirienne, à l’occasion de la symbolique cérémonie de désarmement baptisée « Flamme de la paix », s’est enquéri de la situation en temps réel et a jugé de l’inopportunité de ce contingent, que restait-il à faire si ce n’est le retrait du projet de loi ? Ce qui fut fait le 31 juillet.

Comme le dirait l’autre, c’est propre et y a pas à chercher le pou sur un crâne rasé. Sauf qu’il faut composer avec les esprits chagrins qui ne peuvent accepter l’évident qui ne sert pas leur dessein.

Quand on sait que certains qui voyaient d’un mauvais œil le choix de Blaise COMPAORE comme facilitateur dans la résolution de cette crise ivoirienne ne lui souhaitaient pas le bonheur dans cette entreprise, leurs gesticulations aujourd’hui ne sauraient surprendre. Il est donc de l’ordre du normal qu’un Hermann YAMEOGO et un Bénéwendé SANKARA, les premiers à exprimer leur état d’âme, poussent le ridicule jusqu’à parler de l’anti-constitutionnalité dudit projet de loi. Pour le premier cité, notoirement reconnu pour ses velléités séditieuses, l’Assemblée nationale « en tout état de cause... en raison de la nature des élections qui l’ont mise en place, n’est pas le meilleur endroit où un consensus optimal puisse se dégager pour valider une telle décision ».

Pour un démocrate, de surcroît praticien du droit, c’est à n’y rien comprendre. Abhorrer les institutions républicaines parce que tout simplement elles ne s’aligneraient pas sur son canevas politique est purement de l’infantilisme politique et en cela, l’homme ne surprend plus. Quant à son confrère, lui, député à la Représentation nationale, Bénéwendé SANKARA, il trouve l’inscription de ce projet de loi à l’ordre du jour de la session extraordinaire de l’AN faite au forceps. Il s’agit pour lui d’« un coup de force à la Constitution du Burkina ».

Si ce n’est pas du cynisme, ça y ressemble en tout cas. Un avocat qui fait de telles appréciations écornées des textes législatifs est une menace pour un Etat de droit. Il sait bien que le projet de loi avait été inscrit à l’ordre du jour de la session extraordinaire en vertu de l’article 88 de la constitution, mais en politicien sans scrupule, il sait aussi qu’il peut exploiter l’ignorance ou le manque d’information des citoyens sur un sujet pour semer le doute dans les esprits. C’est à cet exercice qu’il affectionne qu’il s’est ici adonné laissant aux chiottes le droit.

Au total, il faut reconnaître que ni l’introduction ni le retrait du projet de loi en question à l’Assemblée nationale n’ont été influencés par une quelconque opinion. C’est tout simplement le cours du processus de la mise en œuvre de l’Accord politique de Ouagadougou qui explique ce mouvement dit de « balancier ».

Par Drissa TRAORE

L’Opinion

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