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Simon COMPAORE : « Je ne me reproche aucune manœuvre frauduleuse.... »

Publié le jeudi 16 août 2007 à 08h29min

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Cela devait être la traditionnelle rencontre trimestrielle avec les journalistes pour faire le point sur la gestion de la cité ; mais quoique de première importance, des sujets médiatiques tels que la réhabilitation de Rood wooko et les lotissements qui n’en finissent pas d’alimenter les conversations ont cédé le pas à la réaction du Maire, Simon COMPAORE, sur le Rapport de la Cour des comptes qui n’a pas été de son goût en ce qui concerne les griefs portés contre le Conseil municipal.

Ça ne pouvait pas être autrement quant on sait que ce rapport a fait l’effet d’une bombe d’autant que certaines choses se murmuraient déjà et que bien de convictions étaient faites que si on en était encore là c’était à cause de "l’impunité ambiante" et des passes-droits dont bénéficieraient les "grands" de ce pays, au nombre desquels le Maire de Ouagadougou. Des explications, on en attendait donc, surtout que la Cour des comptes n’y est pas allé du dos de la cuillère accusant le maire de manœuvres frauduleuses, notamment pour avoir accordé un "avantage injustifié" à la l’Agence Afriq-Archi et mis tout en œuvre pour que le marché de réfection de l’Hôtel de ville de Ouagadougou "soit attribué a l’entreprise Fadoul Technibois".

Comme il fallait s’y attendre, le rapport de la Cour des comptes commence à faire des effets. Non pas que le parquet a ouvert des enquêtes pour donner suite et poursuivre les mis en cause, mais simplement parce que ceux qui se sont sentis « incriminés à tort » ne vont certainement pas rester sans réaction. Ainsi, Simon COMPAORE a donné le ton en "attaquant bille en tête" le rapport non pas pour remettre en cause sa crédibilité, mais « relever certaines assertions qui ne sont pas fondées » ainsi qu’il le dit. Il a été tellement "touché dans sa chaire" qu’il n’avait visiblement pas le cœur à s’attarder sur les questions relatives à la réhabilitation de Rood wooko, l’aménagement des quartiers périphériques, les lotissements, sujets pourtant importants qui ne sont pas pour autant passés par la trappe puisque les maires d’arrondissements interpellés y ont répondu avec une pugnacité devenue une marque de la maison.

C’est vrai que la méthode "don Simon" semble déteindre sur ses maires d’arrondissements qui, non contents (il s’agit surtout des deux femmes) de ne pas avoir leur langue dans la poche, n’hésitent pas à jouer les gros bras et à faire donner de caterpillar à l’occasion pour que force reste à la loi. Simon COMPAORE voulait et tenait à réagir par rapport aux incriminations de la Cour des comptes et l’a fait sans concession même s’il a tenu à la féliciter sur le fond.

Simon profondément vexé

« Qu’on nous souligne les erreurs et insuffisances relevées dans le traitement du dossier, nous ne pouvons que prendre acte, mais qu’au-delà, on veuille assimiler ces insuffisances et erreurs relevées à des preuves d’une volonté délibérée de favoriser une entreprise donnée comme le fait M le Premier président de la Cour des comptes, je ne peux l’accepter ». C’est ce que dit Simon COMPAORE qui, pour étayer son jugement a brandi des photocopies de pièces justificatives du dossier. En clair le bourgmestre conteste le rapport en sa partie qui tend à insinuer que le marché de la réhabilitation attribué à l’entreprise Fadoul TECHNIBOIS pour un montant de 1 050 000 000 FCFA cache des zones d’ombre.

En effet, pour l’institution que dirige M Boureima Pierre NEBIE, Premier Président de la Cour des comptes, la passation du marché ne s’est pas faite dans les règles de l’art. Que ce soit la procédure d’appel d’offres, son organisation, le dépouillement des offres ou l’exécution des travaux, de nombreuses irrégularités ont été constatées. Toutes choses qui l’ont conduit par lettre datée du 11 juin 2004, à demander des explications au cas par cas sur 19 questions avec un délai de réponse de 30 jours ferme.

Dès le 23 juin, soit moins de deux semaines plus tard, le maire répondait à cette correspondance, point par point. Visiblement insatisfaite, la cour, par lettre confidentielle datée du 26 octobre lui faisait des observations provisoires sur l’ensemble des sujets évoqués : la désignation du maître d’œuvre, le dépouillement, l’échelonnement des paiements et des travaux. A leur lecture le sang du maire ne semble faire qu’un tour puisque dès le 4 novembre, il y répondait en des termes qui indiquaient clairement son état d’esprit.

Ses propos sont en effet sans équivoque et interpellent la cour : "Sur ce point (la désignation du maître d’œuvre (AFRIQ-ARCHI) il y a lieu de reconnaître que... certaines dispositions de la procédure... n’ont pas été respectées. J’en prends acte pour l’avenir. Cependant, l’affirmation selon laquelle "il s’agit plutôt d’un avantage injustifié octroyé par le maire à ladite Agence "n’est pas fondée" et d’un ; de deux : sur le point des insuffisances relevées au niveau du dépouillement des offres et de l’octroi en dernier ressort du marché à FADOUL TECHNIBOIS et pour lequel la cour soutient que "tout semble avoir été mis en œuvre pour qu’il soit attribué à..." (cette entrepris, il s’offusque, considérant cette analyse comme "un jugement de valeur sans base objective et à la limite choquante...".

Sans commentaire pourrait-on dire d’autant qu’il s’est évertué à expliquer les raisons des disfonctionnements observés et à plaider la bonne foi des acteurs du côté de l’Administration municipale. Il indiquera notamment que les montants des offres avaient largement dépassé les prévisions du Conseil municipal, obligeant à financer les travaux sur plusieurs exercices ce qui a amené à en informer les soumissionnaires pour "de nouvelles propositions en toute connaissance de cause".

C’est vrai que la règle aurait voulu un nouvel appel d’offres qui aurait pris en compte cette donne, mais la Mairie avait voulu gagner du temps. En informant tous les soumissionnaires en même temps et en leur donnant le temps de faire de nouvelles offres, elle a cru bien faire. Ainsi, chacun d’eux a répondu selon ses capacités. Quant à la décision de FADOUL TECHNIBOIS d’accepter les nouvelles conditions, c’est-à-dire effectuer les travaux "à crédit et sans intérêts", le maire répond que l’essentiel pour lui était "de préserver" les intérêts de sa commune.

Des erreurs, oui... mais de bonne foi
Au total, pour Simon, il n’y a pas de quoi fouetter un chat, à moins de vouloir chercher des poux sur un crâne rasé, ce dont il soupçonne la Cour puisqu’en plus de le charger sur de simples "jugements de valeur", elle veut donner l’impression que ses erreurs sont à la fois volontaires et couvertes par sa hiérarchie, le ministère n’ayant pas pris la peine de réagir aux notifications qui lui ont été faites.

De quoi le faire sortir de ses gongs surtout que contrairement aux allégations de la Cour, il a bel et bien reçu une correspondance du ministère de l’Administration territoriale datée du 26 juillet 2005 lui demandant des explications par rapport au contrôle de la Cour. Le sentiment de l’incriminer est quelque peu fondé puis que la Cour a été ampliataire de ladite lettre, à laquelle il a d’ailleurs promptement répondu (dès le 29 juillet). La teneur de cette réponse est sans équivoque puisque, entre autres, le Maire Simon COMPAORE écrit : « Comme vous aurez à le constater dans mes deux lettres, j’ai répondu aux questions qui m’ont été posées en disant sincèrement comment les choses se sont passées. J’ai décidé également d’assumer toutes les erreurs et insuffisances constatées et ce en ma qualité de premier responsable de l’institution communale. Il ne fait aucun doute qu’à l’avenir et sur des dossiers de cette même nature les mêmes lacunes ne pourront se répéter.

Par contre, je dois vous avouer mon étonnement et ma frustration au sujet des jugements de valeur qui sont faits par la Cour à notre endroit ... Il y va de mon honneur et si tel est vraiment la conviction profonde de la Cour, je suis prêt pour répondre devant la juridiction de jugement ; l’honneur n’a pas de prix ». Dans la même lettre, Simon COMPAORE soutient qu’un audit pourrait être effectué sur l’ensemble de sa gestion sur les dix ans de son mandat.

Après avoir fini d’asséner ses vérités, Simon COMPAORE a juré la main sur le cœur souhaiter répondre devant les juridictions et se dit serein. Il assure, qu’il n’aura même pas besoin d’un avocat pour le défendre, parce que tout est clair. Certes, il y a eu des erreurs ; il les reconnaît et les assume pleinement. Sur ce point, il remercie d’ailleurs la Cour car ses observations ont permis de prendre des actes pour une meilleure administration sur des dossiers similaires.

Pourquoi pas le tribunal ?

Mais il refuse qu’on en déduise que lui ou quiconque en ait profité pour "tremper la moustache". C’est ce dont il avait tenté vraiment de convaincre la Cour. Ainsi donc, en dépit de l’échange épislotaire qui a eu lieu entre la Cour des comptes, la mairie de Ouagadougou et son ministère de tutelle, le MATD le "courant" n’est pas passé et ce qui devait advenir, advint : le Rapport de la Cour des comptes est amer pour le maire Simon COMPAORE. Convaincu de son innocence et refusant de laisser ternir le sacerdoce qu’il exerce en présidant aux destinées de sa ville, il dit vouloir ne pas accepter le fait accompli et se laisser conduire à l’abattoir. Quel sera le prochain épisode de cette affaire ?

Par Frédéric ILBOUDO


Le rapport et ses effets

« ..Il ne fait aucun doute qu’à l’avenir, et sur des dossiers de cette nature, les mêmes lacunes ne pourront se répéter... ». C’est ce qu’a écrit Simon COMPAORE à son ministre de tutelle après l’interpellation de ce dernier suite à la correspondance qu’il a reçue du Premier Président de la Cour des comptes. En clair, le maire s’engageait dès lors à prendre des actions pour améliorer la gestion des marchés de la municipalité. Et cela est déjà effectif.

Simon COMPAORE a non seulement assumé toutes ses responsabilités dans les erreurs et insuffisances que la Cour des comptes a notifiées à son égard, mais il s’est engagé devant son ministre à faire en sorte que de tels manquements ne se reproduisent plus. Et en homme de parole, très rapidement des dispositions ont été prises à la mairie pour rectifier le tir. Depuis les observations de la Cour des comptes, les choses ont totalement changé dans les procédures de passations des marchés publics de la commune. Et pour cause, chaque erreur ou insuffisance a eu sa thérapie.

Parmi les griefs que la Cour des comptes a reprochés au Maire sur le marché de la réhabilitation de l’hôtel de ville, on peut retenir : la question de la procédure utilisée pour désigner l’Agence d’architecture, l’organisation de l’appel d’offres, notamment le choix de l’attributaire, le regroupement des travaux en un lot unique, la composition des dossiers. La Cour a également attiré l’attention du maire sur le dépouillement des offres, notamment sur la composition de la commission, la rédaction des procès verbaux. L’exécution des travaux a fait également l’objet de critiques de la part de l’institution du Président NEBIE.

Pour éviter donc de pareils écueils à l’avenir, le maire Simon COMPAORE a pris une batterie de mesures pour parer à toutes éventualités. Ainsi donc, il a décidé la création de la Direction des marchés publics municipale dont la mission essentielle sera de veiller au respect strict des procédures prévues par la réglementation sur les achats publics.

Au côté de cette direction, une cellule chargée de l’examen des demandes d’autorisation de contracter des marchés gré à gré conformément à la réglementation générale sur les achats publics sous la présidence du 2ème Adjoint dont l’arrêté a été signé le 28 septembre 2005. Une autre décision importante est la prise d’une délibération fixant les seuils d’approbation des marchés.

Une délibération qui date de 2003 et qui stipule que les marchés, de un à cent millions de FCFA doivent avoir l’approbation du maire et ceux de plus de cent millions, l’approbation du Conseil municipal. Il y a également une circulaire qui a été dressée à l’endroit des directeurs de services de la mairie sur la procédure à observer dans la consommation de leurs crédits budgétaires. Le plan annuel de passation des marchés publics de la commune de Ouagadougou est opérationnel. Pour que toutes ces décisions importantes soient comprises et surtout appliquées à la lettre, Simon COMPAORE a initié un atelier de formation.

Un atelier axé sur les procédures d’élaboration et d’exécution du budget de la commune auquel ont pris part les secrétaires généraux, les présidents de commissions des conseils d’Arrondissement, et du Conseil municipal, les Directeurs centraux et les unités socio-économiques. Atelier qui a eu lieu en Août 2006. C’est dire donc que le maire Simon COMPAORE ne reculera devant rien pour rester le monsieur « propre » qu’on lui reconnaît.

Par Frédéric ILBOUDO

L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 17 août 2007 à 00:21, par Passakziri En réponse à : > Simon COMPAORE : « Je ne me reproche aucune manœuvre frauduleuse.... »

    Mr. le Maire, l’important ce n’est pas de savoir si vous vous reprochez une manoeuvre frauduleuse, mais pûtot si la loi (justice ?) vous en reprocherait une.Selon la Cour des comptes, la loi n’a pas été respectée par l’institution que vous dirrigez lors de l’attribution des marchés.
    S’il vous plait, expliquez nous pourquoi vous avez preferé accorder le marché à une entrepise au tarifs plus élévés au détriment d’une autre nettement moins chère.
    Le reste n’est que diversion et " francais lourd" ;Pour ca on n’a pas de temps à perdre.

    • Le 18 août 2007 à 23:06 En réponse à : > Simon COMPAORE : « Je ne me reproche aucune manœuvre frauduleuse.... »

      Bien sur , Mr Compaore, il est normal que vous ne vous reprochiez rien. a la limite vs pourriez meme reprochez quelque chose a la Cour des Comptes. On a vu des criminels pris la main dans le sac et qui refusent de plaider coupables. mais ca ne change rien aux faits. Je ne dis pas que vous etes criminels, c’est juste un exemple. sachez simplement que es faits simples vs sont reproches sur votre gestion jugee assez scabreuse, c’est le mot. repondez precisement aux questions au lieu de crier comme une vierge effarouchee. le commun des Ouagalais, deja, quand il voyait cette mairie qu’ on disait etre renovee a coups de milliards n’ encroyait pas un seul mot mais c’etait le commun des moretels. Son jugement reste avec lui. La cour des comptes a eu le courage de secouer la termitiere de la mauvaise gouvernance et il est bon que l’ on com mence par vous lmaire de la plus grosse mairie du pays. Pour le moment, je doute fort que cette affaire arrive en justice. ici aux Etats- unis, un conseiller municipal a pris 15000 dollars pour octroyer un marhce de parking a une entreprise. Quand il a ete pris 4 ans apres, il doit faire 10 ans de prison rien que pour ca. C’est parce que vs etes au Burkina ou la justice se fait a la tete du client que vous avez le toupet de vouloir remonter la bretelle de la Cour des comptes, une institution etatique comme votre mairie, qui ne demande qu’ afaire son travail. Sinon, des gens soupconnes d’avoir pris un poulet [pourrissent des mois a la MACO avant de passer devant un juge. Si vs voulez necessairement passer devant un juge, on pourrait respecter la transition de la MACO, juste le temps de bien verifier toute votre gestion a la tete de la mairie. Je suis sur que vous en seriez declare plus blanc que negre.
      Defi a 4 sous.

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