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Exécutif burkinabè : « Ministres », « membres du gouvernement », quelle différence ?

Publié le lundi 13 août 2007 à 07h58min

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Mois d’août, mois de congé gouvernemental. C’est désormais une tradition propre à la IVe République. Elle a, cette tradition, ses bons et ses mauvais points.

En effet, organiser un temps de repos concomitant pour nos ministres rappelle tant soit peu, qu’ils demeurent tous autant qu’ils sont, des femmes et des hommes qui endurent des sacrifices de tous ordres notamment physiques pour être à la hauteur de leurs responsabilités. Certes, quinze jours de repos sur une année, c’est peu quand on connaît le volume de travail qui est attendu de chacun d’eux. Mais c’est déjà cela de gagné et ce qu’on souhaite à nos braves ministres, c’est de pouvoir « s’évader » pour prendre une bouffée d’oxygène, la tête hors des dossiers stressants.

Du moins pour ceux d’entre eux qui le méritent. Car il y’a malheureusement des ministres qui sont comme dilués durant toute l’année entre les quatre murs de leur département. On ne voit venir d’eux, aucune initiative audacieuse, aucun projet en chantier, tout comme s’ils en avaient été nommé là pour inaugurer des chrysanthèmes ou pour évacuer la paperasserie administrative. On en arrive à se demander si ces ministres qui se reposent toute l’année durant ont besoin de vacances ?

Si ! Ils courent le risque de prendre un congé définitif de l’exécutif au prochain remaniement ministériel. Nous n’en sommes pas là. Loin c’en faut et les ministres actuels devraient prendre l’exemple de leur “primus inter pares” qui avait déclaré après sa nomination que même s’il était Premier ministre pour trois jours, il comptait inscrire son action dans la durée. Tertius Zongo qui avait ainsi annoncé les couleurs, est attendu au pied du mur.

Son discours sur l’état de la nation le mois prochain sera particulièrement disséqué pour mieux saisir ses ambitions de management d’un exécutif que le microcosme ouagalais a vite fait de réduire à une équipe de transition. Au retour des vacances, on attend du gouvernement, qu’il confirme son élan vers sa vitesse de croisière dans le travail pour la mise en œuvre du programme présidentiel. Fini le round d’observation et les usuelles prises de contact.

2010 n’est pas loin.

A notre humble avis, le deuxième combat que le gouvernement actuel doit gagner après celui de la communication est celui de sa cohésion et de sa cohérence. De fait, il faut battre en brèche l’idée fort répandue sous les exécutifs précédents selon laquelle il existe au Burkina Faso, des « ministres » et des « membres du gouvernement ». Cette vision décompositrice du gouvernement, en particulier le dernier de Paramanga Ernest Yonli, procède de la perception qu’ont les populations de l’action des ministres.

Elles distinguent ainsi les « ministres » à forte personnalité qui bandent d’idées et de savoir-faire, se donnent les moyens de pousser les dossiers et les projets du ressort de leur département, des « membres du gouvernement » qui sont sans envergure et peinent à prendre la pleine mesure de leur fonction. Ces derniers vont et viennent alors en conseil des ministres comme des figurants qui n’entreprennent pas grand-chose dans l’innovation du fonctionnement de leur ministère.

A-t-on besoin d’être un spécialiste en quoi que se soit pour comprendre qu’un gouvernement qui boîte en plusieurs de ses membres n’est pas efficace à cent pour cent de ses potentialités ? Le gouvernement Tertius Zongo pourra-t-il éviter ce piège pour montrer non seulement de la détermination dans chacun de ses composants mais aussi de la suite dans les idées ? C’est à ce prix que sera évité le vedettariat des super ministres mais aussi le complexe de ceux qui auront tendance à se liquéfier dans la routine sclérosante du train-train quotidien. Alors, « membres du gouvernement » ou « ministres » ? A vous de jouer Messieurs !

Djibril TOURE

L’Hebdo

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