LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Médias : Et si les journalistes se resaisissaient

Publié le vendredi 3 août 2007 à 07h31min

PARTAGER :                          

L’on a coutume de dire que "charité bien ordonnée commence par soi-même". Ce dicton apparemment ne fait pas partie des bonnes mœurs de la presse. Toujours prêt à dénoncer les abus de pouvoir, les cas de corruption et bien d’autres travers de la société, le journaliste est considéré comme le chien de garde de la population.
A tel point qu’il en arrive à s’oublier lui-même. Ce qui, à première vue, n’est pas mauvais.

Toutefois, cela devient, parfois incompréhensible voire insensé. La plupart des journalistes travaillent dans la précarité et n’ont pas de statut réel. Qu’il s’agisse des conditions d’accès à la profession, de rémunérations matérielles, leur situation est très peu enviable. Cela n’est pas l’apanage des seuls journalistes des pays pauvres.

Dans certains pays occidentaux, leurs conditions ne sont guère meilleures. Au Burkina Faso, l’on estime qu’un journaliste gagne en moyenne mensuellement 70 000 F CFA.

Dans certaines radios privées, des enquêtes ont montré l’existence de rétributions mensuelles de 12 000 F CFA. Il n’est pas exagéré d’affirmer que la presse burkinabè fonctionne dans l’ignorance du droit et dans l’opacité totale. Toute chose qui compromet l’exercice de la profession voire la dévalorise. C’est pourquoi, dans ce pays, l’on est toujours journaliste en attendant. L’un des plus anciens de la profession, aime à répéter, que c’est l’un des secteurs où il n’y a pas de retraités.

L’on ne peut nier que l’Etat porte une part de responsabilité dans cette situation. Vu le rôle important que joue la presse dans l’enracinement de la démocratie, il lui revient de canaliser l’exercice du métier et de veiller à l’application des quelques maigres textes qui le régissent. Mais la lourde responsabilité incombe aux journalistes eux-mêmes. Il est évident que personne ne viendra lutter à leur place. L’amélioration de leurs conditions de vie dépend de leur détermination et de leur volonté.

Mais la plupart semble s’y complaire. Surtout que certains journalistes ont emprunté la voie de la facilité et de l’individualisme au mépris de l’union et de la solidarité corporative.

Le "gombo" ou la "courge" et ailleurs, le "communiqué final", semblent être la préoccupation majeure de certains. Ce qui laisse très peu de chance à une coalition solide, capable de peser sur l’avenir de la profession.
C’est pourquoi, il faut saluer l’initiative du Conseil supérieur de la communication (CSC) qui a eu le mérite de réunir autour d’une table, l’ensemble des acteurs du domaine, les 30 et 31 juillet derniers, pour mettre en œuvre une convention collective.

Depuis une décennie qu’on en parle, il a fallu la facilitation du CSC, pour réunir des gens d’un même corps qui semble s’arc-bouter autour d’oppositions sur des questions d’ordre secondaire. Cette rencontre aura au moins permis aux acteurs de s’entendre sur l’urgence d’un besoin d’assainissement du corps afin de donner un statut clair au journaliste et d’éviter que n’importe quel quidam ne se proclame journaliste parce qu’il n’a "rien à faire". Le vent qui souffle en ce moment est très favorable à la presse.

Les autorités et le premier responsable du Burkina, en l’occurrence Blaise Compaoré, ont donné leur bénédiction à l’idée de la mise en œuvre d’une convention collective des journalistes. Il leur revient donc de saisir cette opportunité, sous peine de rester au banc de touche de l’histoire.

Fatouma Sophie OUATTARA

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 4 août 2007 à 01:57, par KgB En réponse à : > Médias : Et si les journalistes se resaisissaient

    Je n’ai jamais vu quelqu’un critiquer le fait qu’il faut payer une facture a la comptabilite d’un organe de presse pour voir son evenement couvert. J’ai vu souvent de petites associations avoir de belles initiatives, mais les medias leur ont dit qu’ils ne peuvent pas couvrir parce que ces association ne sont pas solvables. C’est pourquoi nos journaux nous bourrent tout le temps d’Ouverture-cloture de CASEM et autres seminaires de corporations qui paient bien. Biensur qu’un media a besoin de fonds pour vivre. Mais quand une redaction doit etablir son agenda du jour a partir de feu vert de comptables, avouons qu’on marche sur la tete. Et jure que c’est la meme pratique dans les medias publics.

  • Le 5 août 2007 à 17:06, par Paterne En réponse à : > Médias : Et si les journalistes se resaisissaient

    Votre article est bien et renseigne ; il nous serait d’une grande utilité d’avoir en ligne le contenu de cette convention collective. Cela ne fait pas plaisir à savoir que nos journalistes vivent aussi mal, c’est donc compréhensible que certains ne puisse pas produire un travail à la hauteur de nos attentes. Courage les journaliste, votre travail mérite beaucoup de respect.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique