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CEN-SAD : Kadhafi achète la guitare et impose sa musique

Publié le mardi 18 mai 2004 à 08h12min

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Le 6e sommet de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD) qui s’est tenu avec phare ce week-end à Bamako au Mali a mobilisé 19 chefs d’Etat et de gouvernement. Une participation qui ferait rougir bien de présidents en exercice de l’Union africaine qui peinent à faire venir dans leur capital ne serait-ce qu’une quinzaine de ces princes qui nous gouvernent.

les présidents sortant et entrant de l’institution que sont le Nigérien Mamadou Tandja et le Malien Amadou Toumani Touré (ATT). Et pour coller avec les grandes préoccupations de l’heure, ces hommes d’Etat ont discuté de sécurité, de paix et de sécurité alimentaire, qui semblent être la hantise de bien de pères de familles au Sahel.

Mais au-delà des travaux mêmes du sommet, c’est l’admission de la Côte d’Ivoire au sein de la CEN-SAD qui a étonné plus un. En effet, on est d’autant plus surpris de cette adhésion, car ce pays qui n’est ni sahélien ni saharien est venu à Bamako drapé du statut d’observateur.

Un statut "douteux" quand on se réfère aux documents officiels de la CEN-SAD. Nulle part, la Côte d’Ivoire n’est citée comme observateur. D’ailleurs, l’arrivée de Gbagbo à Bamako a été "une surprise" selon la télévision malienne.

De fait, il semble qu’il a été invité par Kadhafi après le voyage qu’il a effectué à Syrte quelques jours avant le sommet de Bamako. Non content d’avoir fait cavalier seul en invitant Gbagbo presqu’en catimini, le Guide a aussi manœuvré pour faire entériner l’admission de la Côte d’Ivoire à la CEN-SAD par les autres membres de l’organisation.

Une adhésion qui sonne comme un camouflet fait par Kadhafi aux autorités burkinabè en particulier et aux membres de la CEN-SAD en général. Et c’est peu dire que d’affirmer que le ton, même diplomatique de Youssouf Ouédraogo, masque mal le malaise de Ouagadougou mais aussi d’autres pays membres.

C’est connu de tous, la voix de la Libye porte plus que celle des autres pays. Comment cela peut-il en être autrement quand on sait que c’est Kadhafi qui finance la CEN-SAD et fait déteindre sur elle son prestige et son aura.

C’est logique, car comme on le dit, c’est celui qui apporte les instruments qui commande la musique. Et tout le monde sait que le Guide est le vrai, sinon l’unique pourvoyeur de fonds de la CEN-SAD qu’il a créée en février 1998 chez lui à Syrte. Pour le sommet de Bamako, on affirme même qu’il n’a pas hésité à y injecter de l’argent frais pour son organisation, à hauteur de 3 à 5 milliards F CFA, selon les journaux maliens .

A travers cette institution, le Guide entend promouvoir l’idée qui lui tient à cœur : les Etats-Unis d’Afrique. C’est la raison pour laquelle il accepte tous les pays, mêmes ceux couverts par une forêt dense et qui acceptent frapper à la porte de la CEN-SAD.

Déjà, cette organisation compte au moins 50% de la population et du PIB du continent. Et ce n’est pas le Guide qui peut s’en plaindre, car déjà au départ, en 1998, le projet fondateur de la CEN-SAD parlait des « Etats-Unis du Sahara et du Sahel avec un exécutif, un parlement, une monnaie unique, un système de défense unique avec une clause sécuritaire collective ».

De six Etats en 1998, la CEN-SAD ratisse large et compte aujourd’hui 22 pays. Mais survivra-t-elle au Guide ? Le doute est permis

San Evariste Barro

L’Observateur

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