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Convention collective : Ni camisole de force, ni coquille vide !

Publié le jeudi 2 août 2007 à 07h11min

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C’est un truisme que de dire que les négociations ne se feront pas sans grincements de dents. Il en sera de même de l’application de la convention car un simple coup d’œil objectif sur l’état de nos entreprises de presse laisse présager des nuits blanches. Les ajustements risquent d’être douloureux.

Mais peut-il en être autrement tant il est évident qu’on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs ? La pilule ne sera pas autant si difficile à avaler puisqu’elle devrait permettre à notre univers médiatique et partant à notre processus démocratique de franchir un nouveau pallier. Au regard des lauriers tressés à l’un et l’autre au-delà de nos frontières, ils méritent bien le sacrifice. Ce sera donc faire œuvre utile.

Longtemps considérée comme un véritable serpent de mer, la convention collective du monde de la presse est sur le point de devenir enfin une réalité. En effet, réunis en séminaire les 30 et 31 juillet, sous l’égide du Conseil supérieur de la Communication qui avait à ses côtés le ministère chargé de la Communication et celui du Travail avec la bienveillante sollicitude de l’Organisation Internationale de la Francophonie, les principaux acteurs du secteur de la communication à travers leurs associations sont parvenus à un compromis de base et un chronogramme devant, permettre de traduire le rêve en réalité.

Il n’était que temps, il faut en convenir, d’autant que pendant trop longtemps les uns et les autres se sont jetés la pierre sur la responsabilité à assumer dans ce vide institutionnel, chacun des protagonistes jurant la main sur le cœur que s’il ne dépendait que de lui l’affaire serait dans le sac depuis longtemps. Pour une fois que tous se retrouvaient les « yeux dans les yeux » comme dirait l’autre, il pouvait difficilement y avoir de faux fuyants, à moins de choisir délibérément d’être le baudet de la fable et de payer ainsi pour tous.

Parce que dans cette affaire, on aura remarqué que si la question est récurrente depuis une bonne décennie, elle n’a été sérieusement évoquée, aussi curieux que cela puisse paraître, qu’au cours de fora dont elle n’était pas l’objet principal ou aux simples détours des préoccupations d’institutions comme s’il ne s’agissait que d’une éphémère évocation pour meubler le discours ou de vulgaires propos pour se donner bonne conscience. En réalité, le fait ne mobilisait pas grand monde dans le métier comme si chacune de ses composantes se satisfaisait de l’absence de règles parce que certainement elle permettait tous les passe-droits, toutes les dérives, tous les non-dits et toutes les pirouettes, des plus savantes aux plus rustres au propre comme au figuré.

Chacun semblait tirer le meilleur profit de cette situation de non-droit en rejetant soigneusement à la face du partenaire d’en face ses manquements supposés ou réels à la déontologie ou aux règles élémentaires de gestion moderne des entreprises tout en fermant ostensiblement les yeux sur ses propres tares à défaut de pouvoir les nier. C’est à croire qu’il y avait du plaisir à cela à moins que la peur de l’inconnu n’ait été telle qu’elle a formalisé un consensus tacite en dépit des déclarations des uns et des autres. Ainsi donc nos grands donneurs de leçons devant l’Eternel, prompts à pourfendre quiconque, flirtent avec la ligne jaune nagent allègrement en pleine situation de non-droit et s’y plaisent.

Depuis les 30 et 31 juillet derniers donc, le saut a été fait et il n’y a plus d’excuses à continuer à jouer au chat et à la souris puisque chacun a pu s’expliquer et surtout comprendre l’intérêt qu’il y avait dans ce « deal » que le représentant de l’OIF aux travaux, M. Emanuel ADJOVI, a qualifié d’opération « gagnant-gagnant ». En effet, le premier acquis majeur de cette rencontre que nous devons à la ténacité du président du Conseil supérieur de la Communication, M. Luc Adolphe TIAO qui en avait fait une affaire personnelle, c’est d’avoir réussi à briser la glace entre les différents acteurs qui, tout en travaillant dans le même environnement, avaient réussi la prouesse d’ignor

er royalement la nécessité de réglementer leurs rapports. Les débats ont ainsi permis de comprendre les préoccupations, voir les craintes des uns et des autres et d’analyser les promesses de cette réglementation. Il s’agit maintenant de travailler à transformer l’essai car autant il y a du chemin de la coupe aux lèvres autant il y en a des professions de foi aux actes.

Cette seconde phase de l’opération sera certainement aussi délicate que la première et va exiger au moins autant d’engagement pour ne pas dire plus car il s’agira de taillader ici et là pour ajuster les intérêts des uns et des autres et surtout de susciter une prise de conscience au niveau d’autres acteurs qu’il faudra convaincre de jouer leurs partitions. Du citoyen lambda à l’Etat en passant par tous ceux qui, individuellement ou collectivement, ont recours aux médias pour informer ou s’informer, chacun devra dorénavant respecter les règles du jeu. C’est dire qu’il faudra tirer un trait sur certaines pratiques et accepter un rôle de sentinelle pour que la convention collective ne se transforme pas en camisole de force.

Dans le sens contraire il faudra faire en sorte qu’elle ne soit pas une coquille vide et ne serve pas ainsi de prétexte aux adeptes du statut quo pour ne pas bouger. C’est un truisme que de dire que les négociations ne se feront pas sans grincements de dents.

Il en sera de même de l’application de la convention car un simple coup d’œil objectif sur l’état de nos entreprises de presse laisse présager des nuits blanches. Les ajustements risquent d’être douloureux.
Mais peut-il en être autrement tant il est évident qu’on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs ? La pilule ne sera pas autant si difficile à avaler puisqu’elle devrait permettre à notre univers médiatique et partant à notre processus démocratique de franchir un nouveau pallier. Au regard des lauriers tressés à l’un et l’autre au-delà de nos frontières, ils méritent bien le sacrifice.

Ce sera donc faire œuvre utile. Voilà pourquoi il ne sera pas inutile de prendre toutes les précautions nécessaires car comme le soutient le président du CSC, initiateur du processus en cours « ... l’essentiel n’étant pas d’aller vite mais de bien faire », il faut savoir consolider chaque pas pour qu’ « au-delà de la signature du document envisagé, à la fin du processus », on parvienne à « l’engagement personnel de tous et de chacun à œuvrer pour de meilleures conditions de travail dans les entreprises de presse... ». D’ores et déjà il faut savoir que ce ne sera pas facile, mais le jeu en vaut largement la chandelle.

Par Cheick AHMED

L’Opinion

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