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Gestion du foncier : "Evitons d’appauvrir nos braves paysans"

Publié le mercredi 1er août 2007 à 07h38min

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Dans l’écrit ci-dessous, un lecteur, sous le nom de plume de "Le précurseur", attire l’attention des uns et des autres sur la rareté de plus en plus constatée des terres cultivables.

Selon certaines études, la pauvreté est essentiellement rurale car le taux de son incidence y est plus élevé que dans la ville. Ces études se sont basées sur l’accès aux services sociaux de base et un seuil de pauvreté monétaire pour donner cette conclusion. Or, nous savons que plus de 90% de la population burkinabè est agricole ou agro-pastorale et que pour soigner une maladie, il faut trouver les bons remèdes. C’est pour cela qu’au-delà des paysans, tout le monde a salué le programme "Saaga", surtout qu’il permet d’augmenter les précipitations au bonheur des paysans. Mais qu’avons-nous constaté ?

Les paysans sont expropriés de leurs terres cultivables par certains grands capitalistes de la capitale ou à travers des lotissements anarchiques non viabilisés dans les communes rurales. Que reste-t-il donc au pauvre paysan si on lui retire sa terre ? A titre d’exemple, si vous sortez à un rayon de 30 km de Ouaga, il n’y a plus d’espace vide. Ce sont plutôt de grands espaces bornés et aménagés à des fins personnelles.

Par ailleurs, le projet du nouvel aéroport qui viendra exproprier totalement ou en partie des terres cultivables de plusieurs villages ne contribuera-t-il pas à créer une pauvreté endémique pour la population et les générations à venir ? Même si une indemnisation sera faite à cet effet, est-ce qu’elle assurera la sécurité alimentaire de nos fils, petits-fils et arrières-petits-fils à la hauteur de ce que leur auraient assuré les terres expropriées ?

Le précurseur

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 1er août 2007 à 15:12, par Badnerr aka barkbiga En réponse à : > Gestion du foncier : "Evitons d’appauvrir nos braves paysans"

    M Le Précurseur,

    Je n’ai rien contre nos braves paysans étant moi-même fils de paysan. Aussi, voudrais-je apporter quelques contributions à votre écrit.

    1- Il me semble que le taux d’urbanisation au BF culmine à 20% (INSD, 2007 voir article mercredi 25 juillet 2007 intitulé : Recensement général de la population : Le Burkina Faso compte près de 14 millions d’habitants). Plus de 90% de la population Burkinabé n’est donc pas agricole ou agro-pastoral comme vous l’avancez.

    2- L’étalement urbain ne date pas d’aujourd’hui et n’est pas près de s’arrêter car l’urbanisation du BF et inéluctable et irréversible. Il y’aura toujours plus de gens à accueillir en ville donc plus de terrain à usage d’habitation (et autres) à dégager. Et comme l’habitat vertical n’est pas la donne chez nous, il faudra se préparer à beaucoup plus d’emprunts immédiats sur les terres cultivables à proximité des villes.

    3- Des terres cultivables (très fertiles), il y en a « en pagaille » (comme le dirait l’autre) au BF. Le vrai problème, c’est qu’elles ne sont pas ou suffisamment mise en valeur. Pour s’en convaincre, il vous suffit de sillonner l’intérieur de la région des cascades, des hauts bassins, etc. Je ne pense donc pas que l’emprunt effectué par l’urbanisation sur les terres cultivables de la région du centre, aura une quelconque incidence sur la productivité agricole du BF (ces terres ayant une fertilité variant entre pauvre et très pauvre).

    4- Par contre, il est vrai qu’il y a un sérieux problème de transparence dans la gestion foncière (rural comme urbain) au BF. Pas seulement à Ouagadougou mais aussi et surtout dans les des zones bien arrosées comme Sapouy. Il semblerait que tous « les grands du pays » ont des grands champs là-bas et certains paysans sont redevenus des ouvriers sur leurs propriétés d’antan (agro business oblige).

    5- Pour assurer la sécurité alimentaire de nos fils, petit-fils et arrière-petits-fils, nous devons faire en sorte que la politique agricole de notre pays ne soit pas destinée et exclusivement tournée vers des cultures de rente comme le coton... rien que cela, et tout le monde au BF pourra espérer deux repas par jour et la pauvreté va fortement reculer... Encore faut-il qu’il y ait des têtes bien pensantes, nationalistes et panafricains pour nous planifier tout ça.

    Bon courage et vous et agréable fin de journée à tous.

    • Le 2 août 2007 à 01:05, par « « « « kabre En réponse à : > Gestion du foncier : "Evitons d’appauvrir nos braves paysans"

      Ce n’est parce que on 20% d’urbain que cela contredit que nous somme agropastoraux à 90%. Il y a beaucoup de personnes qui sont dans les villes mais qui sont de vrai paysans. regardez dans tous les quartiers de Ouaga et de Bobo.

      • Le 2 août 2007 à 13:56, par BBR En réponse à : > Gestion du foncier : "Evitons d’appauvrir nos braves paysans"

        comme disait les écritures saintes, on ne vit pas seulement que du pain. je dirai que la vie ce n’est pas seulement cultiver et manger du maïs. ce serait une vie primitive. la vie d’aujourd’hui c’est l’échange.
        ce qui pensent défendre les paysans en leur disant de ne pas cultiver les cultures de rente sont contre eux ; sont très égoistes. au nom de quelle loi les paysans doivent se consacrer exclusivement à la culture vivrière pour lutter contre l’insuffisance alimentaire, tout en sachant qu’en cas de surproduction le prix de 100 kgs de maïs varie entre 1500 à 3000F. ils scolariseront comment leurs enfants ? se soigneront-ils comment ? réaliseront -ils comment leur rêve ?
        vous voulez les défendre parceque vous les aimer ? il faut dire que vous voulez les exploiter. cultiver la terre est très laborieuse pour le faire presque gratuitement ?
        en plus c’est dans les zones de coton, que les détracteurs du coton trouvent du maïs en non ailleurs. ils peuvent vérifier.
        ces paysans sont suffisamment intélligents pour savoir ce qui est bien pour eux. ce ne sont pas des enfants

        • Le 7 août 2007 à 02:31, par Jean-Marcel SAMA En réponse à : > Gestion du foncier : "Evitons d’appauvrir nos braves paysans"

          Bonjour à tous

          Tout d’abord je pense que la polémique autour du chiffre exact des actifs ruraux est totalement inutile. Nous savons pour prendre les minima qu’il est de l’ordre de 80% et donc l’essentiel est que la majeure partie du pays est composée de paysans ruraux et urbains. Partant de là, il est trop facile de mettre dos à dos cultures de rentes et cultures vivrières. S’il est admis que la sécurité alimentaire passe par le renforcement de la capacité productive en denrées alimentaires, il reste que les revenus provenant de la vente de coton par exemple sont d’un apport appréciable, notamment pour toutes les dépenses incompressibles (santé, hygiène, éducation, ...).
          Une des solutions serait de developper de concert ces deux types de spéculations tout en étant capable de proposer un prix juste à nos paysans sur les marchés locaux. Cela passe nécessairement par le retour de l’intervention publique dans le secteur agricole, notamment par le soutien en matière de production, en contradiction directe avec l’ajustement structurel. Par ailleurs, nos paysans doivent être plus efficacement protégés qu’ils ne le sont maintenant avec le TEC. La question du revenu paysan demeure la question centrale.

          Pour en revenir à la question foncière, il existe au BF des textes de lois portant sur la RAF qui doivent maintenant être appliqués sur le terrain. Il est certain que si on enlève aux paysans leurs terres, unique source de revenus et d’aliments pour eux on va vers une paupérisation grandissante qui pourrait aboutir au même phénomène qu’en amérique Latine. On touche ici les limites de la démocratie car les pauvres paysans qui pourraient faire un recours pour ne pas être expropriés n’en ont pas les moyens ou l’énergie et que la raison du plus fort finit toujours par s’imposer.

          Bien à vous

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