Il est vrai, Karzai avait fait la promesse qu’il n’y aurait plus d’échanges de prisonniers après celui, très critiqué, qui avait conduit en mars dernier à la libération d’un otage italien, en contrepartie de la relaxe de cinq prisonniers talibans. On peut donc comprendre qu’il éprouve le désir de ne point perdre la face. Reste que le temps presse, les talibans, après plusieurs ultimatums repoussés, ayant mis à exécution leurs menaces en laissant déjà sur le carreau deux Sud-coréens.

Assurément, Hamid Karzai est face à un dilemme cornélien, pris qu’il est entre le marteau du respect de la parole donnée et l’enclume de la satisfaction pressante des revendications des preneurs d’otages. Face à leur détermination, la position de Karzai ne confine-t-elle pas finalement à de l’orgueil déplacé ? Mais à qui la faute si l’Afghanistan est devenue si invivable ? Certainement aux Américains et à leurs alliés qui y ont semé le vent et qui se surprennent à récolter la tempête ; un ouragan dont les effets dévastateurs sont ressentis au-delà même de leur frontière.

A un moment où le droit humanitaire international a pratiquement été mis en bière, les otages sud-coréens ne mesuraient-ils pas tous les risques d’une si dangereuse expédition ? En tout cas, l’humanité serait sans doute moins déréglée si la soif de justice et de paix était la chose la mieux partagée par les puissants de ce monde, et ressentie par l’Administration Bush en particulier.

Cheick Beldh’or SIGUE

Le Pays