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Assemblée nationale : Les seconds couteaux politiques sortent des chevaux de Troie

Publié le mardi 31 juillet 2007 à 08h10min

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La quatrième législature de la quatrième République prend sa vitesse de croisière. Si, dans l’opposition, on sait que ceux et celles qui ont revêtu leur écharpe de représentants du peuple en seront pour cinq ans à moins d’une contrainte majeure, du côté du parti majoritaire l’ouverture des sessions parlementaires donne lieu à des passations de service politique entre titulaires sortants appelés à d’autres fonctions ou carrément démissionnaires.

L’heure des suppléants a sonné. Tous ne sont pas concernés ; seulement ceux qui ont la chance d’avoir été placés à l’ombre de potentiels démissionnaires ou de potentiels éligibles à des fonctions encore plus hautes que celle de représenter le peuple !

Dans la bataille pour la prise de sièges à l’Assemblée nationale, il y a des leaders politiques qui ne sont ni plus ni moins que des chevaux de Troie utilisés pour s’infiltrer dans l’hémicycle pour y déposer les seconds couteaux politiques. Parfois, l’entêtement d’un cheval à rester en place ne manque pas de susciter le courroux du fantassin “députable” caché sous son ombre.

Certes, la pratique du pouvoir politique qui consiste à aller puiser parmi les élus le personnel indispensable à l’exécutif est monnaie courante dans toutes les démocraties, mais au Faso, le hiatus entre l’envergure technique, scientifique, voire intellectuelle, des titulaires et les suppléants fait qu’on a l’impression qu’au finish c’est du personnel de seconde main qui est envoyé à l’Assemblée. Un personnel éternellement redevable à ceux qui lui ont cédé la place.

D’ailleurs, bien que promu député plein, un ex-suppléant prend rarement l’initiative d’être l’animateur de la vie politique qu’il doit être sur le terrain. Le titulaire reste titulaire, même s’il ne siège pas, donc il garde la place bien au chaud. Pire, il n’est pas rare d’entendre dire « c’est le suppléant d’untel ». C’est seulement passé la première moitié de la législature que certains se sentent pousser des ailes. Mais gare au téméraire car il court le risque de compromettre à jamais sa chance d’être à nouveau un suppléant bien placé.

Dans un tel état d’esprit, les tâches qui consistent à consentir l’impôt, voter la loi et contrôler l’action du gouvernement prennent des allures de « mission impossible », ces braves représentants de représentants ne pouvant prendre aucun risque digne des prouesses de l’agent 007.

Tant mieux si, malgré ces environnements de préjugés et de préséances, certains s’assument sans complexe. On serait toutefois dans le meilleur des mondes parlementaires possibles si le terme « suppléant » cessait de rimer dans les mentalités avec « subordination ».

Journal du jeudi

P.-S.

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