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Convention collective des médias : Enfin le bout du tunnel ?

Publié le mardi 31 juillet 2007 à 07h27min

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Le Conseil supérieur de la communication (CSC), en partenariat avec le ministère de la Culture, du Tourisme et de la Communication, le ministère du Travail et de la Sécurité sociale et les associations professionnelles des médias, organise les 30 et 31 juillet 2007 à Ouagadougou, un séminaire de réflexion sur la convention collective des travailleurs des médias.

Grande première du genre depuis le début du débat sur cette convention, cette rencontre qui réunit toutes les parties prenantes de la question, suscite beaucoup d’espoirs et d’attentes.

La convention collective des travailleurs des médias et la carte de presse, ces arlésiennes poursuivies par les journalistes et autres travailleurs des médias du Burkina Faso depuis belle lurette, semblent enfin relever du domaine du possible. C’est le moins qu’on puisse dire au regard de l’engouement et des espoirs que les uns et les autres fondent en l’atelier de réflexion organisé par le Conseil supérieur de la communication (CSC) à son sujet les 30 et 31 juillet 2007 à Ouagadougou.

"L’entreprise de presse au Burkina Faso et la situation sociale du journaliste : de la nécessité et des conditions d’adoption d’une convention collective", tel est le thème sur lequel les participants issus des divers secteurs, parties prenantes de la question, réfléchiront 48 heures durant, afin d’accorder les violons pour parvenir à la signature de la convention qui, à terme, devra permettre aux acteurs des médias de bénéficier de conditions de vie et de travail meilleures. "En effet, ce texte aura pour avantage d’assurer aux employés des entreprises de presse, des conditions minimales de travail. Cela contribuera à donner un meilleur rendement dans le travail et partant, une meilleure image de cette presse qui n’a que trop pâti des conditions de travail peu enviables", a indiqué Luc Adolphe Tiao, président du CSC.

Mort au "gombo"

Empruntant cette pensée chère à Saint Augustin : "il faut un minimum de bien-être pour cultiver la vertu", le président Tiao a insisté sur la nécessité et l’urgence de parvenir à la signature de cette convention qui, a-t-il rappelé, n’est pas au seul avantage des employés mais aussi des employeurs. Ceux-ci pourront en effet espérer en retour de meilleurs rendements de leurs investissements et de meilleurs rapports de travail, de l’avis du président du CSC. Tout en reconnaissant qu’il ne sera pas facile pour tous d’adhérer à cette entreprise, Luc Adolphe Tiao a invité les entreprises de presse à ne plus renvoyer le débat aux calendes grecques car "il faut un début à tout", surtout que cela a été possible ailleurs.

Quant au Représentant de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Emmanuel Adjovi, dont l’institution accompagne cette initiative, il s’est félicité de la tenue de cette rencontre qui représente, à son avis, un pas qualitatif vers la convention collective qui permettra non seulement aux journalistes d’aspirer à de meilleures conditions de travail, mais aussi aux patrons de presse de s’attacher les services d’acteurs les plus professionnels et les plus responsabilisés. Moins soumis à la pratique du "gombo" ou du "communiqué final", les journalistes conventionnés, a ajouté M. Adjovi, livreront certainement des produits médiatiques de meilleure qualité.

Par Ladji BAMA


Quelques acteurs se prononcent sur l’issue de la rencontre

Jean-Claude Somda (AJB) : "Il n’y a pas de raison de ne pas être confiant"

"Nous avons été témoins de toutes les péripéties suivies par cette question de convention collective et de la carte de presse. Des pas ont été faits, des propositions de documents y compris. Je crois qu’on a assez épilogué sur ces sujets et il faut que l’on passe à une autre phase. C’est-à-dire celle pratique qui consiste à rentrer dans la négociation. Qu’à l’issue de cet atelier, nous ayons un échéancier, pour ne plus, à chaque fois revenir sur les mêmes sujets.

Que cet atelier soit l’occasion pour lever tout ce qui peut être source de blocage. Il n’y a pas de raison de ne pas être confiant parce que les différents acteurs sont au même niveau d’information. Beaucoup de patrons de presse se sont publiquement prononcés sur cette question et ce que j’en sais, c’est que beaucoup se sont déclarés favorables par rapport à cette convention. C’est donc sur cette base que je fonde ma confiance".

Sheriff Sy (Bendré) : "Il ne faut pas s’illusionner..."

"Je n’ai pas une appréciation particulière à ce stade des choses étant donné que nous allons en discussion. Chacun va certainement avancé ses idées, ses propositions. L’essentiel est que si nous parvenons à un consensus qui mette véritablement ce processus en marche, ce serait une bonne chose. Mais, il ne faut pas s’illusionner. Si nous sommes tous déjà d’avis qu’une convention collective peut permettre de mieux structurer le monde des médias, de mieux rétribuer les journalistes, il faut d’abord que les entreprises de presse soient viables. Elles ne peuvent l’être que si certaines conditions économiques et financières sont réunies. Ce qui n’est pas encore le cas.

Cela veut dire que dans ce domaine, l’Etat qui est l’un des plus gros employeurs, devrait forcément accompagner ces entreprises pour que cette convention puisse voir le jour. Le Premier ministre Tertius Zongo en rencontrant les journalistes l’autre fois, invitait les médias à être patriotes. Nous lui avons répondu que nous invitions aussi le gouvernement à être plus patriote parce que, quand un gouvernement investit 800 millions pour faire de la Pub dans Jeune Afrique, alors que dans le même temps, il ne peut pas invertir cette même somme dans ses propres entreprises de presse, il y a problème..."

Tiergou Pierre Dabiré (SYNATIC) :"Pas une convention à deux vitesses" :

"Je pense que cette rencontre, en donnant pour une première fois, l’occasion de réunir patronat, ministères, CSC, associations professionnelles, permettra certainement de débattre véritablement de la convention collective. Jusqu’ici, les débats se sont menés de façon différenciée, les associations professionnelles, depuis quelques années, ont rédigé leur convention collective, le texte existe, mais on n’avait pas encore une telle occasion de se trouver ensemble, toutes les parties prenantes pour discuter véritablement de la question.

Sauf une seule fois, le ministre de l’information, Raymond Edouard Ouédraogo, en son temps et il faut lui rendre cet hommage-là, avait convoqué une réunion interministérielle avec les associations professionnelles, pour se pencher sur la question. Il pensait qu’on pouvait faire adopter la convention collective par la loi.

Malheureusement, c’est une convention qui doit se discuter entre les différentes parties. Donc, cela n’a pas marché. Aujourd’hui, je pense si les uns et les autres s’accordent, on pourra avancer. Mais je dois avouer que le discours du Président du CSC n’est pas rassurant parce que nous n’avons jamais vu une convention à deux vitesses. Une pour le privé et une autre pour le public.

Nous pensons que nous exerçons la même profession, nous travaillons dans les mêmes conditions et une convention qui doit sécuriser le journaliste devrait prendre en compte l’ensemble des journalistes du Burkina Faso et des travailleurs qui interviennent dans le secteur. Mais comme il l’a dit, cela fera l’objet de discussion et on verra bien..."

Le Pays

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