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Sarkozy en Afrique : Sur les pas de la Françafrique malgré tout

Publié le lundi 30 juillet 2007 à 07h44min

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Nicolas Sarkozy et Omar Bongo-Ondimba

Entre le verbe en pleine compagne pour la présidentielle de la République française en mai dernier et la réalité post électorale, il y a un abîme que Nicolas Sarkozy, l’heureux élu n’a pas pu franchir. Et qui, telles que se présentent les choses, ne saura sauter.

Disons-le tout net, les relations entre la France et ses ex-colonies dépeintes sous le vocable Françafrique, dépassent les sempiternels clivages gauche-droite pour s’imposer comme les liens étroits, ombilicaux entre la France et ses ex-colonies africaines.

Le nier, c’est tenter d’effacer une partie de l’histoire récente entre une France déjà en proie à des soubressauts juste après la deuxième guerre mondiale et ses colonies confrontées au doute existentiel et donc, au besoin de s’affirmer. Quand, à cette donne, s’ajoutent une réalité actuelle telle que la "percée" voire la concurrence asiatique et la liberté de plus en plus grande des Africains francophones à aller là où se trouvent leurs intérêts, il y a des risques à ne pas prendre.

On a beau donc être un "enfant" de l’après-guerre mondiale, avec un sursaut d’émancipation, on ne peut ignorer ces vieilles relations. Et le président français Nicolas Sarkozy à qui on a attribué des formules-chocs durant la campagne pour la présidentielle sur l’Afrique se devait, la fièvre électorale passée, d’en tenir compte. Un pragmatisme qui dépasse les considérations politiciennes pour épouser les contours d’une survie économique.

La France, sans ses ex-colonies africaines, est comme une mobylette sans essence. Pour paraphraser l’artiste-musicien burkinabè Zêdess. Celui-là même qui avait chanté "Sarko, un Hongrois chez les Gaulois". Bien instruit de ce fait, le chef de l’Etat français a déjà reçu les présidents Bongo, Deby, Sassou, Yayi du pré-carré, de sorte que l’audience accordée en premier à la première femme chef de l’Etat africaine, Ellen Johson Shirleaf, ne peut occulter ses "relations privilégiées".

Le déplacement qu’il a effectué en Afrique, notamment à Dakar et à Libreville, sonne comme un pèlerinage et s’inscrit dans la logique déjà tracée par d’autres hommes politiques français. Dakar et Libreville, au-delà des particularités, l’une (le Sénégal) compte parmi les pays à fort taux de migrations clandestines et l’autre, (le Gabon) a à sa tête, le doyen d’âge et de règne des chefs d’Etat africains, ne comptent pas plus que Ouagadougou, Bamako, Abidjan, Yaoundé, etc.

En tous les cas, le style Sarko n’est pas beaucoup trop loin de celui de son prédécesseur immédiat. Si Jacques Chirac se laissait aller aux tapes amicales et familières voire fraternelles, Sarkozy n’en use pas moins. La différence se lit plutôt dans le "speech". Le discours "provocateur" de Sarkozy finit par agacer ses interlocuteurs, qui chaque fois, lui rendent la pièce de ses propos.

En préférant ainsi le style direct aux tournures "langue de bois" bien usagé, c’est un nouveau visage qu’il ouvre et qui trouve bien en place des problèmes vieux qui ont pour noms : fort endettement, pauvreté, détérioration des termes de l’échange, exploitation éhontée des richesses sur le continent, etc.
Auxquels il faut malheureusement ajouter le Sida, les migrations clandestines aussi et pour lesquelles il faudra trouver solution. Sinon, l’Afrique avec ses 900 d’âmes, restera toujours une préoccupation pour laquelle les discours de rupture ne pourront rien faire.

Par Jean Philippe TOUGOUMA

Sidwaya

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