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6e sommet de la CEN-SAD : La question sécuritaire au centre des travaux

Publié le lundi 17 mai 2004 à 07h54min

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A. T. Touré et B. Compaoré

Le président du Faso, Blaise Compaoré, a participé les 15 et 16 mai 2004 au Mali à la 6e conférence des leaders et chefs d’Etat de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD). Les travaux de ce sommet, qui ont réuni 13 chefs d’Etat, ont débouché sur l’élargissement de la communauté à 22 membres avec l’adhésion de 4 nouveaux pays.

Le ballet aérien sur la capitale malienne a duré toute la journée du 14 mai et la matinée du 15 mai. Treize chefs d’Etat avaient personnellement fait le déplacement de Bamako tandis qu’une dizaine d’autres avaient envoyé des représentants de haut niveau. C’est le président Blaise Compaoré qui a foulé le premier le sol malien. Accueil par le président Amadou Toumani Touré et installation à l’hôtel de l’Amitié fraîchement rénové. Dans la soirée, le Mali fera étalage de la richesse de sa culture au cours d’un banquet avec la prestation de sa crème musicale comme Ali Farka Touré, Oumou Sangaré, Salif Keita, Boncana Maïga, Habib Koïté, l’ensemble instrumental national du Mali.

L’ouverture officielle du 6e sommet des chefs d’Etat de la CEN-SAD est intervenue le samedi 15 mai au palais des congrès de Bamako. C’est le secrétaire général de la CEND-SAD, Mohamed Al-Madani Al Azhani qui a pris le premier la parole pour présenter son organisation (voir encadré). Invité à s’exprimer , le président centrafricain, François Bozizé, n’a pas tari de remerciements et de gratitudes à l’endroit de ses pairs de la CEN-SAD qui ont œuvré pour sa sortie de "quarantaine’’ après son putsch qui a déposé en 2003 Ange Félix Patassé qui participait (tenez-vous bien) à un sommet de la CEN-SAD au Niger. La CEN-SAD n’a pas aussi hésité à contribuer avec 100 000 dollars US pour l’organisation du dialogue national en Centrafrique.

Le président en exercice sortant de la CEN-SAD, le Nigérien Mamadou Tandja s’est étalé sur le bilan d’une année de son mandat. Un mandat marqué par la finalisation de plusieurs dossiers sur la libre circulation des personnes et des biens, le droit de résidence, la prévention, la gestion et le règlement des conflits, les grands projets d’infrastructures (communication notamment), sur la sécurité alimentaire. Le siège de la CEN-SAD en Libye a été aussi inauguré sous le mandat de Mamadou Tandja qui a également effectué des voyages dans certains pays pour le renforcement de l’organisation.

Après son intervention, le président nigérien a passé le témoin à son homologue du Mali qui assurera pendant un an la présidence de la CEN-SAD. Amadou Toumani Touré a aussitôt placé son mandat sous le signe du renforcement de la CEN-SAD avec un accent particulier sur la maîtrise de l’eau, sur l’agriculture et sur la sécurité. Il a ainsi donné l’exemple en mettant 100 000 d’hectares aménagés de l’Office du Niger à la disposition de la CEN-SAD.

Après le président malien, le guide de la révolution libyenne est monté sur scène pour défendre ses idées panafricaines. Il a rappelé à ses pairs la nécessité de penser au développement en refusant les schémas parachutés de l’extérieur. Abordant les crises en Côte d’Ivoire et au Soudan, le président Khadafi a appelé à une recherche de solutions internes.

Après l’ouverture officielle, les travaux de la conférence se sont transportés à l’hôtel de l’Amitié où la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée-Bissau et le Libéria étaient présents en tant qu’observateurs.

Les travaux qui se sont déroulés en une séance marathon ont porté principalement sur le renforcement de la sécurité et de la libre circulation dans l’espace CEN-SAD. Plusieurs conventions ont été signées dans ce sens. A l’issue des travaux, les 4 pays observateurs ont été admis comme pays membres de la CEN-SAD. Le Burkina Faso a été également retenu pour abriter en 2005, les travaux du 7e sommet des chefs d’Etat de la CEN-SAD. Les présidents Blaise Compaoré du Burkina Faso et Laurent Gbagbo de la Côte d’Ivoire se sont rencontrés en marge des travaux et même si rien n’a filtré de l’entretien, il a été sûrement question de la crise ivoirienne dans laquelle nos compatriotes paient un lourd tribut.

Hamado NANA


Gbagbo et son rocher

Le président ivoirien Laurent Gbagbo apparaît de plus en plus comme Sisyphe roulant son rocher de sommet en sommet. Et comme ce roi légendaire de Corinthe, Gbagbo semble condamné chaque fois à l’échec. Et ce n’est pas par manque de conseils de ses pairs et de la communauté internationale.

A chaque sommet ou rencontre, il a toujours été proposé des solutions pour sortir la Côte d’Ivoire de la grave crise dans laquelle elle est plongée depuis 2002. Mais une fois rentré, le président ivoirien balaie tout d’un revers de main, reniant, toute honte bue, ses propres engagements. Le vide de bonnes volontés a fini par se faire autour du "boulanger’’ de la lagune Ebrié. Et comme une âme en peine, il a fini par lorgner vers la CEN-SAD comme une bouée de sauvetage.

Comment a-t-il convaincu Khadafi de sa bonne foi à œuvrer pour la paix dans son pays ? "C’est parce que le leader libyen ne le connaît pas d’abord’’, clament déjà certaines personnes. Pour le moment Gbagbo a réussi à intégrer la CEN-SAD et ses pairs lui donnent peut-être une chance pour la dernière fois.

Que pouvait-il espérer encore en cherchant frénétiquement à Bamako à rencontrer le président Blaise Compaoré ? Peut-il encore convaincre ou a-t-il perdu complètement le Nord ? Saura-t-il enfin trouver la sagesse et le courage de sortir son pays de l’impasse actuelle ? La CEN-SAD a aidé Gbagbo à hisser son rocher très près du sommet. A Gbagbo de ne plus le laisser dégringoler au risque de se faire écraser pour de bon.

H. NANA


La CEN-SAD en bref

Créée en février 1998 à Tripoli par six Etats dont le Burkina Faso, la Communauté des Etats sahélo-sahériens (CEN-SAD) entend œuvrer pour un espace de paix et de sécurité qui favorise le développement. Six (6) ans après, la CEN-SAD est un ensemble de 22 Etats constituant 50 % de la population africaine (Bénin, Burkina Faso, Centrafrique, Djibouti, Egypte, Erythrée, Gambie, Libye, Mali, Maroc, Niger, Nigeria, Sénégal, Somalie, Soudan, Tchad, Togo, Tunisie, Ghana, Guinée-Bissau, Liberia et Côte d’Ivoire).

Les organes de cette communauté sont la Conférence des chefs d’Etat, le Conseil exécutif, le Secrétariat exécutif, la Banque pour l’investissement et le commerce (BSIC), le Conseil économique, social, et culturel, le Comité des ambassadeurs. Le sigle CEN-SAD provient des deux premières lettres de Sahel et Sahara en arabe.

Tous les efforts actuels de la CEN-SAD tendent vers la réalisation d’un certain nombre d’ambitions, comme la libre ciruclation des personnes et des biens, la création d’une zone de libre échange, l’instauration d’un marché commun pour les produits agricoles, l’installation d’un conseil économique, social et culturel, l’installation d’un fonds spécial de solidarité, la création d’une autorité de mise en valeur du Sahara, la création d’un centre d’étude des politiques et stratégies en matière d’agriculture et d’hydraulique.

La CEN-SAD est visible au Burkina à travers la Banque sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce située sur l’avenue Kwamé N’Krumah.


Youssouf Ouédraogo, ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale.

"L’accent a été mis sur le renforcement de la sécurité’’

A l’issue des travaux du 6e sommet de la CEN-SAD, le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, Youssouf Ouédraogo, nous situe sur les principaux résultats de la rencontre.

Sidwaya (S) : Quelles sont les principales conclusions du sommet ?

Youssouf Ouédraogo (Y.O.) : Les chefs d’Etat se sont rendus compte que les questions de développement sont d’actualité et urgentes mais que sans la plate-forme que constituent la paix et la sécurité, il est impossible d’avancer. C’est la raison pour laquelle tout en se félicitant des avancées notables que la CEN-SAD a pu avoir, notamment avec son réseau de banques de développement, avec la réalisation de certaines infrastructures sociales dans le domaine de la santé par exemple, les chefs d’Etat ont mis l’accent sur le renforcement de la sécurité. Ils ont ainsi signé une convention en matière de coopération entre les Etats membres pour renforcer la sécurité, pour partager les informations, pour coordonner les réseaux de renseignements.

Ils ont également signé un protocole relatif à un mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des conflits. Il a été aussi constaté que sur la libre circulation, un premier pas avait été de faire en sorte que les titulaires de passeports diplomatiques puissent circuler librement dans l’espace CEN-SAD. Il a été vérifié que la plupart des Etats l’observent déjà. Et une nouvelle proposition a été que certains hommes, certaines femmes d’affaires, les chercheurs, les universitaires puissent circuler librement avec moins de contraintes dans l’espace CEN-SAD. Ces projets seront soumis aux prochaines rencontres.

S. : Est-ce que les travaux ont abordé le problème ivoirien ?

Y.O. : C’était une réunion multilatérale. Le temps était très serré et n’a pas permis d’aborder les questions bilatérales. Mais dans l’ensemble, les recommandations qui ont été faites à la conférence, c’est de travailler à faire en sorte que les Ivoiriens puissent trouver une solution à leur problème. Parce que c’est d’abord un problème ivoirien. Quand on dit accord de Linas-Marcoussis, c’est un accord inter ivoirien. Mais nous devons tout faire dans le cadre de la CEN-SAD comme dans d’autres structures pour aider la Côte d’Ivoire afin qu’elle retrouve la paix, la sécurité.

Propos recueillis par H. NANA

Sidwaya

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