Le colonel Khadafi s’est exprimé à l’ouverture de ce sommet, qui se tient dans la capitale malienne en présence de quinze chefs d’Etats africains, dont Laurent Gbagbo, selon l’AFP sur place.

Avant lui, le président nigérien, Mamadou Tandja, a dressé un bilan positif de son mandat à la tête de l’organisation, avant de passer le témoin au chef de l’Etat malien, Amadi Toumani Touré (ATT), nouveau président en exercice du Cen-Sad.

M. Tandja a souligné les "avancées" dans les domaines de la "promotion de la sécurité alimentaire" et des institutions de la Cen-Sad destinées à accélérer le processus d’intégration au sein de la Communauté, tout en estimant qu’il fallait veiller sur les droits des migrants dans l’espace Cen-Sad.

Le président malien a insisté sur "la situation agricole contrastée" dans les pays de la Cen-Sad et a invité à la "maîtrise de l’eau, inévitable pour le développement de l’agriculture".

Il a en outre déclaré que le Mali mettait à la disposition de la Cen-Sad 100.000 hectares de terre en "zone de l’office du Niger" (300 km au nord de Bamako, dans la zone rizicole du pays).

Mouammar Kadhafi, arrivé vendredi, a insisté, devant les chefs d’Etat de la Cen-Sad et du président ivoirien Laurent Gbagbo, sur le fait que les problèmes africains devaient être réglés par les Africains.

"Les grandes puissances essaient de profiter de toutes les occasions pour mettre le pied sur le continent", a déclaré le dirigeant libyen, citant les problèmes en Algérie, Côte d’Ivoire, Nigeria et Darfour.

"C’est le peuple ivoirien qui a élu Gbagbo, donc c’est à lui de prendre la responsabilité (...) Je dis aux ivoiriens : +vous avez élu Gbagbo, laissez-le sans intervention étrangère, ramener la paix+", a déclaré M. Kadhafi.

Concernant la situation dans le Darfour, "une région de pâturage et d’élevage", cette "querelle entre tribus", comme il l’a résumé, doit être résolue par la Cen-Sad et le Soudan, a indiqué le dirigeant libyen.

Après s’être déclaré favorable à la création de grands ensembles sur le continent "pour faire face aux nouveaux défis", le "guide-frère" a abordé le problème du terrorisme, sans prononcer le terme, a constaté l’AFP.

"Il faut écarter ces fauteurs de troubles (...) des groupes ne devraient pas parler au nom de l’islam", a-t-il précisé.

Les questions du terrorisme et de "la sécurité alimentaire" dans l’espace sahélo-saharien sont au centre des débats de la réunion. "Il faut ébaucher une politique de défense commune au sein du Cen-Sad", a lancé M.Tandja, évoquant les menaces qui pèsent sur les pays qui en sont membres.

Pour sa "première grande sortie" sur le plan international, le président centrafricain François Bozizé a indiqué que "l’Afrique est le continent le plus instable de la planète", puis a parlé de son pays qui "a vécu un drame où l’absence de dialogue a causé des dégâts".

Il a demandé "l’aide et le soutien de ses pairs".

Les chefs d’Etat se penchent notamment sur le renforcement de l’intégration dans les domaines des infrastructures, de la politique agricole, de la lutte contre l’insécurité, du banditisme et du terrorisme.

Une source proche de la rencontre a indiqué que des réunions informelles sur la Côte d’Ivoire, le Darfour et le Nigeria sont prévues.

La Côte d’Ivoire n’est ni membre ni observateur au sein de l’organisation, mais M. Gbagbo est venu pour "faire le point de la situation" dans son pays, alors qu’un rapport de l’Onu sur des violences à Abidjan fin mars accable les autorités ivoiriennes, a-t-on indiqué de source diplomatique à Bamako.

Avec une superficie de 12,5 millions de kilomètres carrés et une population de 350 millions d’habitants, l’espace Cen-Sad, crée en 1998 en Libye par le colonel Kadhafi, représente 43% de la population africaine.

AFP