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Gouvernement : Le premier mois de Tertius Zongo

Publié le jeudi 19 juillet 2007 à 07h58min

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Tertius Zongo et Blaise Compaoré

Alors que Tertius palabre sans fin, la mare aux caïmans politiques n’a jamais été aussi agitée. Comme très souvent et dans un environnement où chacun a fini avec la " science " de l’autre, les camps se préparent. Que nous réserve la rentrée en septembre prochain ?

Ces vacances-ci ne seront pas de tout repos. Nous avions expliqué dans le numéro de L’Evénement du 10 juin dernier, comment la nomination de Tertius avait dynamité le cercle restreint qui gérait les " hautes affaires " du pays. Nous avions écrit : " Ce n’est pas forcément que l’on ne l’attendait pas. C’est surtout qu’avec lui, l’ancien dispositif de " faiseurs de rois" a explosé. Tertius, c’est le choix du président et de la famille " resserrée ".
Certains de nos lecteurs que le calme trompeur de la situation actuelle peut abuser peuvent se demander : mais comment est-ce possible ?

Le différend qui est en train d’atteindre son point culminant est à la fois un avatar de ce type de régime qui finit toujours par se recroqueviller sur les proches et la famille nucléaire, mais quelque part aussi le reflet d’une lutte de direction et d’orientation politique. Selon que l’une ou l’autre des tendances triomphera, le régime pourrait évoluer vers une "senghorisation" ou vers une "houphouëtisation, passablement Moussa traorienne". La seconde évolution se caractérisant, comme on le voit à l’heure actuelle, par la présence prégnante de la famille
(comme on l’avait vu avec madame Mariam Traoré au Mali), mais aussi une sorte de syncrétisme à la Houphouët, avec une volonté de "dauphinat" politique, non affirmée, mais passablement suggérée.

Evidemment que tout cela se joue de la façon la plus soft possible, même si le caractère des protagonistes, tradition de violence en politique oblige, les trahit souvent. Il y a de ces méthodes dont on a toutes les difficultés à se départir. Comme l’utilisation outrancière du tract, en tout cas des écrits non clairement identifiés.

Et nous sommes en train d’assister au "printemps" de ce type de pamphlets dans les médias de la place. Sur deux livraisons successives, un journal n’a pas craint de prendre parti contre une des parties en présence, sans la nommer évidemment, mais en des termes assez clairs pour que chacun se reconnaisse. Voilà ce qui est écrit dans cet article intitulé "Le déclin de l’autruche" "Faire l’autruche pour un homme politique, c’est refuser de voir la réalité de sa nudité en face lorsqu’il n’y a plus que les derniers des courtisans encore crédules pour s’abreuver de versions aussi contradictoires que ridicules destinées à leur camoufler son impuissance.

Par exemple, comment peut-on battre des pieds et des mains pendant plusieurs jours pour se proposer comme Premier ministre, remuer ciel et terre par de multiples relais interposés, pour à l’arrivée prétendre avoir refusé le poste malgré les "supplications du chef", et d’être l’auteur de la promotion de Tertius Zongo ? (...)

Mais les murs ont des oreilles comme certains relais de notre grand courtisan ont la langue déliée. Tout fini par se savoir ici bas. Du reste, ce n’est pas sans quelques bonnes raisons qu’on dit du monde politique que c’est une faune. En effet, comme dans le règne animal et végétal où foisonnent des espèces de tout genre, des plus utiles aux plus futiles, des plus vivaces aux plus éphémères, des plus rusées aux plus frustres, selon des légendes bien connues, on rencontre du tout dans les milieux politiques d’ici et d’ailleurs.

Telle cette cigale, orgueilleuse et intrigante qui chante et fait chanter par ses scribes, chaque jour que Dieu fait, un hymne à son propre ego. Mais il y a une vérité éternelle qu’il faut rappeler à toute fin utile : "l’orgueil précède la chute ". Et les sacrifices occultes, même pas celui d’un chameau n’y feront rien. Les fortunes étourdissantes facilement sorties du néant pourraient très rapidement retourner au néant... ".

Pour les habitués de l’échiquier politique burkinabè, les allusions sont claires, pour que "l’autruche" en question se reconnaisse.

Un autre élément caractéristique de ce temps agité, c’est la filature et les surveillances de toutes sortes. C’est depuis un certain moment la surveillance pour constituer les habitudes et les itinéraires des éléments de chaque camp. Chacun est donc pisté.

La situation est suffisamment préoccupante, pour que les avertis du fonctionnement de notre politique s’inquiètent de l’avenir du gouvernement Tertius. Le tout se joue évidemment dans le cercle restreint des mogô puissants du palais. Vieilles amitiés trahies ou félonie, tout y passe. Personne n’a plus confiance en personne.

Si comme l’avertit l’article cité plus haut, "l’orgueil précède la chute" et que "les fortunes étourdissantes facilement sorties du néant pourraient très rapidement retourner au néant...", nous sommes devant des échéances qui n’ont rien d’enchanteur.

Des politiques attardés

Il faut quand même s’inquiéter de ce que notre classe politique n’a pas beaucoup évolué dans ses méthodes. A chaque fois que survient une crise sérieuse, les camps ne cherchent rien d’autre qu’à s’anéantir mutuellement. La lutte des idées ne semble pas avoir pris racine, malgré plus d’une décennie d’expérience démocratique. Dans le cas qui nous intéresse, notre démocratie n’aurait-elle pas gagné en enrichissement si les camps en question traduisaient effectivement leur différend en opposition de principe politique ? Bien sûr que oui. Les deux blocs ont suffisamment de ressources humaines et matérielles pour donner de la vie à notre politique.

Il faut souhaiter que les camps arrêtent effectivement la politique de l’autruche. "Le déclin de l’autruche", quelle qu’elle soit, ne grandira pas notre pays. Bien au contraire.

Par Newton Ahmed Barry

L’Evénement

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