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Rébellion touarègue au Niger : Blaise veut faire une piqûre de rappel

Publié le mercredi 18 juillet 2007 à 07h04min

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Blaise Compaoré et l’ancien président, Mahamane Ousmane, lors des négociations sur la rébellion touarègue en 1995

Depuis le début de l’année 2007, une crise secoue le nord du Niger, où des postes de l’armée nationale sont l’objet d’attaques itératives de la part de rebelles du Mouvement nigérien pour la justice (MNJ).

On croyait ce pays avoir tourné définitivement le dos aux violences qui entravent son développement, depuis en tout cas l’accord de paix signé le 24 avril 1995 à Ouagadougou, entre gouvernement et rebelles.

Mais ne voilà-t-il pas que ces derniers temps, le spectre de la dissidence armée refait surface ? Et cela même si le pouvoir à Niamey persiste à vouloir faire accréditer la thèse fallacieuse de simples bandits et autres trafiquants d’armes. Sur le terrain en tout cas. Les choses ont pris une tournure sanglante, où sur fond d’enlèvements et de prises d’otages, on compte des morts ainsi que de blessés de part et d’autre.

Face à une telle dégradation de la situation, des voix de partis politiques y compris celle du parti au pouvoir, s’élèvent pour exiger l’arrêt des hostilités et instaurer le dialogue.

Et à l’évidence, il va falloir dialoguer avec la rébellion touareg que le président Mamadou Tandja, dans ses sorties négationnistes refuge de reconnaître comme telle. Celle rébellion organisée autour du MNJ poserait pourtant, comme condition pour un retour à la paix, une meilleure insertion des Touaregs dans l’armée, les différents corps paramilitaires et leur intégration dans le tissu économique tel que le secteur minier.

Le prix à payer donc pour éviter que le pays d’Hamani Diori ne retourne aux vieux démons de la violence des années 90, réside dans un dialogue franc entre le pouvoir de Niamey et les éléments du MNJ.

A problème politique, solution politique. C’est certainement dans cet esprit qu’il faut comprendre l’initiative prise cette semaine par le président Blaise Compaoré, président en exercice de la CEDEAO de dépêcher sur les bords du Niger son ministre des Affaires étrangères, son excellence Djibril Bassolé.

Si officiellement le chef de la diplomatie burkinabè est allé manifester au président Tandja l’appui de son homologue burkinabè, il est tout aussi plausible qu’il a par la même occasion offert les bons offices de notre pays pour la mise place des conditions du dialogue.

De ce point de vue, il s’agit alors d’une piqûre de rappel, si on se souvient comme nous l’avons déjà suggéré plus haut, qu’en 1995 déjà, c’est sous les hospices de notre pays que l’accord de Ouagadougou avait été signé. En somme, c’est l’occasion de pratiquer une sorte de suivi-évaluation de ce dossier pour voir ce qui a été fait et ce qui ne l’a pas été.

Une tâche qui vient au moment où, Blaise Comparé, naguère perçu comme le trublion de la sous-région, a en charge la gestion du dialogue intertogolais et le processus de paix dans la crise ivoiro-ivoirienne. Un troisième front diplomatique donc en perspective, alors que tout n’est pas encore définitivement résolu ni du côté togolais, ni du côté ivoirien, loin s’en faut.

Un troisième front ? Encore faut-il que le pouvoir nigérien accepte de reconnaître la réalité de la rébellion sur son sol. Encore faut-il que de son côté cette rébellion soit vraiment disposée à dialoguer, c’est-à-dire à se départir de tout maximalisme dans ses revendications.

Il reste alors à la partie burkinabè de donner la preuve qu’on peut être efficace sur trois fronts à la fois, c’est-à-dire en somme, qu’en matière de médiation on peut trop embrasser sans mal étreindre.

Agnan Kayorgo

L’Observateur

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Vos commentaires

  • Le 19 juillet 2007 à 11:32, par Watt En réponse à : > Rébellion touarègue au Niger : Blaise veut faire une piqûre de rappel

    Blaise va devoir se contenter de ses 2 fronts inachevés (Togo et RCI) car le Niger doit reprimer les actions des bandits armés qui sevissent dans sa region du Nord. Il faut mettre fin à ce foutoir qui s’installe en Afrique à chaque fois qu’un pays souverain prend des decisions souveraines pour le bien de son peuple mais au detriment des interets égoistes des multinationales occidentales. Le MNJ est né après l’attribution de nouveux permis d’exploration de richesses minières par le Niger à d’autres sociétés que Areva. Et pourtant Areva exploite l’uranium du Niger depuis 40 ans mais le pays ne fait que sombrer dans la misère. Alors je crois que tous les africains soucieux du developpement du Niger doivent soutenir le President du Niger dans le sens de ne pas negocier avec des bandits qui sont contre les interets de leur pays. Ainsi il n’y aura pas de 3è front pour Blaise.

    • Le 20 juillet 2007 à 01:23 En réponse à : > Rébellion touarègue au Niger : Blaise veut faire une piqûre de rappel

      Je ne suis pas pour la violence. Du reste, il y’a quelque chose d’assez étrange : ces "rebelles" sont super bien équipés en logistique et en armes modernes de guerre. Tout comme en Cote d’Ivoire, on pourrait se demander d’où cela provient... Pauvre Afrique....

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