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Burkina : Réussir loin du mirage occidental

Publié le lundi 16 juillet 2007 à 07h53min

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Au "pays des hommes intègres", la société multiplie les initiatives pour trouver un modèle de développement fondé sur une gestion responsable, constate le quotidien suisse Le Temps.

Des feux épars dans la brousse. Lorsqu’on survole de nuit le Burkina Faso, on aperçoit à des kilomètres à la ronde les lumières d’Ouagadougou, la capitale, une multitude de points incandescents : la lumière de foyers isolés. Autant de flammes éparpillées à perte de vue qui grignotent l’obscurité. Le développement de ce pays subsaharien - l’un des plus pauvres du monde - est à l’image de ces feux.

Il est facile de s’effrayer face à la profondeur des ténèbres africaines. Mais on peut aussi apprécier le nombre des lueurs, comme autant de balises qui guident jusqu’à l’aube. Elles sont comme les progrès d’un pays en mouvement : autant de bornes sur la voie du développement. Dans la lutte contre la pauvreté, les réussites au "pays des hommes intègres" sont nombreuses. Le Burkina Faso reste, il est vrai, un pays pauvre, enclavé, sans ressources. Les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) de l’ONU sont loin d’y être atteints. Mais on y parle aujourd’hui ouvertement de corruption, on y crée des entreprises et développe des partenariats de commerce équitable.

Et, peut-être plus que les progrès mesurables à l’aune d’indices économiques, le changement des mentalités est le plus important. "Nous avons la malchance, ou peut-être la chance, d’être loin de la mer pour rêver d’Europe." Souvent, dans la bouche des jeunes Burkinabés, revient l’idée de réussir sur place, loin du mirage occidental. Fières de leur pays, les forces vives ne cèdent pas à la tentation de l’eldorado européen. Trop de jeunes Burkinabés, partis chercher fortune dans la riche Côte-d’Ivoire voisine, sont souvent revenus les mains vides.

La société a fait sienne l’idée d’un développement non pas tombé du ciel mais qui repose sur la création de bases pérennes : un socle ancré par la bonne gouvernance et la gestion responsable des finances publiques et la décentralisation. A tous les échelons, elle affiche la volonté de se relever ; une idée chère au grand intellectuel Joseph Ki-Zerbo. Le vieux sage, partisan du développement endogène, cultivait le refus de la fatalité. "Il n’y a pas de développement clés en main mais clés en tête", aimait-il à répéter. Un leitmotiv qui a germé dans les esprits et que l’aide internationale doit interpréter comme le signe d’une Afrique devenant responsable. Le signe aussi qu’il est grand temps pour nous les Occidentaux de changer notre regard sur un continent qui, malgré les famines et les guerres, se tient debout.

Pierre Chambonnet
Le Temps (http://www.letemps.ch)

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