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Benjamin I. Baguian "Etre éligible à l’AGOA est une chose, pouvoir en exploiter les dispositions en est une autre"

Publié le lundi 16 juillet 2007 à 07h53min

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Benjamin I. Baguian

Du 17 au 19 juillet 2007 se tiendra à Accra au Ghana le Forum AGOA qui va réunir les décideurs gouvernementaux américains du monde des affaires et de la société civile, pour faire le point sur la coopération commerciale entre l’Afrique et les Etats-Unis d’Amérique en vue de son renforcement. A la veille de ce grand rendez-vous, le conseiller économique de l’Ambassade du Burkina Faso à Washington, Monsieur Issa Benjamin Baguian, membre de la délégation burkinabè, explique les enjeux d’une telle rencontre pour l’Afrique et particulièrement pour le Burkina. Il définit d’abord l’AGOA.

Benjamin I. Baguian : L’AGOA est la Loi sur la Croissance et les Opportunités en Afrique, une loi des Etats Unis en vigueur depuis le 18 Mai 2000. Elle couvre trois principaux secteurs à savoir : l’agriculture, les textiles et vêtement, ainsi que l’artisanat. Elle incite réellement les pays africains à poursuivre leurs efforts d’ouverture de leurs économies afin de parvenir à la libéralisation de leurs marchés. Elle est la pierre angulaire de la politique commerciale et de développement des Etats Unis d’Amérique en faveur des pays d’Afrique au sud du Sahara. Elle est également perçue comme une récompense des pays qui font des efforts en matière de réformes économiques pour être à mêmes :
• de réduire les barrières commerciales,
• de contribuer à la croissance des exportations,
• de créer des emplois
• et d’augmenter les opportunités d’affaires entre les entreprises américaines et africaines.

Quels sont les domaines et volumes d’échanges entre les Etats Unis d’Amérique et le Burkina Faso ?

B.I.B : Bien que minimes pour le moment, les domaines et volumes des importations et exportations entre le Burkina Faso et les Etats Unis sont variés.
Pour ce qui concerne la composition des échanges, le dernier rapport du Secrétariat d’Etat au Commerce, publié en juin 2007 indique qu’ils portent sur des équipements (machines), de produits textiles, chimiques, électroniques et surtout agricoles. Mais l’essentiel est dominé par les produits par ordre d’importance de volumes d’exportations, le Burkina Faso occupe le vingt neuvième rang sur les trente huit pays éligibles à l’AGOA.

Peut on dire que les Pays membres de l’AGOA ont reformé leurs economies selon les principes du libre échange ?

B.I.B. : Il faut d’abord noter que l’éligibilité à l’AGOA est conditionnée par l’engagement du gouvernement du pays candidat à entreprendre des réformes qui sont clairement définies par les Etats Unis. Donc en principe, tout pays éligible à l’AGOA est supposé avoir engagé les réformes requises tendant à l’assainissement du climat des affaires dans le pays.

Comme vous le savez certainement, cet assainissement du climat des affaires communément appelé « Doing Business » comporte plusieurs volets dont les facilités de création d’entreprise, l’exécution de contrat, la flexibilité des procédures de recrutement et de licenciement. De nombreux pays se sont engagés à entreprendre ces réformes. Cependant, il faut reconnaître que la mise en place de ces réformes requiert l’intervention de plusieurs départements ministérielles et des agences gouvernementales et une coordination qui ne vont pas sans difficultés dans plusieurs Etats. Aussi, il faut admettre que ces reformes considérées comme incontournables pour la croissance économique, constituent un processus que les pays de l’AGOA se sont engagés à mener à terme.

Le 6ème Forum de l’AGOA à Accra se tient sur le thème « L’Afrique prospère avec le développement du Commerce ». Quel est l’intérêt d’une telle rencontre pour l’Afrique et particulièrement pour le Burkina Faso ?

B.I.B : En rappel, le Forum de l’AGOA, qui se tient une fois par an et de manière alternative dans un pays du continent africain et les Etats-Unis d’Amérique se déroule en trois volets :
1. La réunion des experts qui examine les documents à soumettre à la conférence ministérielle ;
2. La conférence ministérielle qui regroupe les ministres en charge du Commerce qui examine les propositions des experts et ;
3. Le Forum qui regroupe les autorités américaines et africaines.

L’intérêt d’une telle rencontre réside dans le fait qu’elle regroupe l’ensemble des acteurs de l’AGOA pour faire le point de la mise en œuvre de l’accord, examiner l’évolution et l’impact de l’AGOA sur les échanges commerciaux, inventorier les difficultés rencontrées, envisager des solutions et dégager des perspectives.

De nombreux pays africains éligibles à l’AGOA n’ont pas encore réussi à vendre sur le marché américain malgré ses dispositions favorables. A l’évidence, être éligible à l’AGOA est une chose, pouvoir en exploiter les dispositions en est une autre. Ce constat général commande de s’attaquer à certains obstacles dont les principaux sont : la satisfaction des normes requises par le marché américain, les problèmes de financement, la capacité de production, le renforcement des capacités des entreprises et l’assainissement du climat des affaires.

Un des intérêts pour l’Afrique à sa participation à l’AGOA réside dans l’effet d’entrainement de l’exigence des réformes économiques qui amène pays candidats de travailler ardemment à l’assainissement du climat des affaires, à la libéralisation de leur commerce afin d’attirer des investisseurs étrangers.
Enfin l’éligibilité à l’AGOA constitue, à n’en pas douter, une reconnaissance de la bonne gouvernance et des efforts consentis par états dans leur lutte pour la croissance économique et la réduction de la pauvreté.

En ce qui concerne le Burkina Faso, ce forum revêt une grande importance en ce sens qu’il se déroule un an après notre admissibilité définitive de notre pays à l’AGOA. Il sera alors pour nous une opportunité de partager son expérience en termes de difficultés, d’avantages et de perspectives d’avenir pour une meilleure exploitation des dispositions de l’AGOA. Cette expérience du Burkina sera portée et traduite par une PME exportatrice ayant vécu les réalités de terrain. Les différents thèmes qui seront débattus sont aussi d’un intérêt pour le Burkina Faso car ils sont d’actualités : le développement du marché, les normes, le marketing, etc.

Entretien réalisé par Habata. BARRY
Ambassade du Burkina à Washington DC

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