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Musique : Le RAP burkinabè serait-il sexiste ?

Publié le vendredi 13 juillet 2007 à 06h32min

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Considéré il n’y a pas longtemps comme une musique de voyous et fait par des voyous, le RAP prend de plus en plus du galon au Burkina, toute chose se traduisant par les changement de vision et de perception sur ce genre musical qui rue dans le brancards.

Musique de rebelle, le rap tire son inspiration des mots pour dénoncer les maux de la société. Il dérange les consciences affreuses et se fait la voie et la voix des petites gens.

Inspiré pratiquement par les jeunes Américains, le rap avec son adjacent le mouvement hip hop entraîne dans ses vagues aujourd’hui pratiquement tout le monde. Qui n’a pas fredonné en se rasant le matin ou bien à un moment de vague à l’âme dû aux difficultés quotidiennes le fameux refrain du groupe "Wemteng Clan" à savoir "Ici au Faso, la vie est dure" ou bien cet autre refrain du groupe K-Ravane disant "Viima ya kanga...".

Sur le premier refrain "Ici au Faso la vie est dure..." ceux qui sont dans les secrets des dieux racontent que le président Blaise COMPAORE himself aurait demandé en Conseil des ministres quel est le groupe de jeunes musiciens qui chantent "Ici au Faso la vie est dure...". A ce qu’il paraît le président du Faso voulait juste savoir le nom du groupe ; preuve qu’il s’intéresse à presque tout ce qui se passe dans les médias. En réponse à la question présidentielle, nos chers ministres pour qui le rap est une musique "yoyo", synonyme de voyoucratie, se sont retrouvés coincés.

C’était une vraie colle pour eux. Toujours selon les sources proches du sommet de l’Etat, c’est un seul ministre qui a pu répondre à peu près ; il aurait dit que c’est un groupe de jeunes rappeurs et le nom du groupe serait, prenez votre souffle, "le Wemteng-Gang"... Le nom du groupe n’est pas cela, mais "Wemteng Clan" ou le "Clan du quartier Wemtenga" de Ouagadougou.

Peut-être que cet intérêt présidentiel a donné sans le vouloir un intérêt pour le RAP. Chez les "Mogo-puissants" on ne zappait plus systématiquement quand la TNB diffusait du RAP. Puisque le président du Faso s’y intéresse, chacun s’est dit faisons comme lui. Un autre coup de pouce de Blaise COMPAORE au mouvement hip hop est sa réponse à une question d’un journaliste sur la vie chère au Faso.

En réponse, Blaise COMPAORE a dit : "n’est-ce pas vous dans le sens "vous les jeunes" qui dites, "Viima y a kanga". C’est une autre référence "rapologique". Le RAP est entré dans les mœurs des Burkinabè avec les deux refrains "Ici au Faso la vie est dure..." et "Viima ya kanga", pour un oui ou pour un non, on reprend l’un des refrains pour se dédouaner. Vous voulez des sous avec un oncle, un cousin, un koro tout simplement la réponse est imparable, "Viima ya kanga".
La vie est dure ici au Faso, c’est une lapalissade. Est-ce pour autant que dans le RAP les hommes la rendent encore plus difficile pour les femmes ?

En titrant, "le RAP burkinabè est-il anti-femmes ? Notre idée n’est pas de disséquer les textes des rappeurs qui, il faut le souligner, sont de véritables poètes travaillant avec dextérité les rimes. Pour le niveau d’études de certains, on se demande où ils vont chercher cette concordance syntaxique, et ces rimes époustouflants permettant de dire haut et fort, ce que beaucoup de personnes pensent bas, sans pour autant choquer les esprits des décideurs surtout. Ecoutez attentivement les textes des rappeurs, il y a de la matière à réfléchir pour des actions de changements positifs.

Sur donc les textes, les rappeurs au Faso ne sont pas sexistes. Mais là, où ils le sont, c’est dans la pratique de ce genre musical. La gente féminine semble mise hors de cause dans le RAP. Quelqu’un leur ferme la porte d’entrée ou bien les femmes se refusent à faire du RAP au Faso ?

L’un des rappeurs burkinabè, le plus doué de sa génération, le bien nommé "Smockey" assure que le fait qu’il n’y ait pas beaucoup de femmes dans le mouvement hip-hop peut être lié à la jeunesse du mouvement au Burkina.
Pour la défense des rappeuses, Smockey affirme que c’est une histoire de séduction, car les femmes ont toujours été beaucoup plus prudentes que les hommes. Et lorsqu’après avoir pesé le pour et le contre, elles se lancent dans une affaire, elles y vont à fond la caisse.

Pour Smockey, il n’y a pas à se presser les femmes sont en train de venir et les hommes n’ont qu’à bien se tenir ; car ça va bouger fort. Le Smockey national estime que le milieu du hip-hop a ce côté quelque peu macho qui fait que les femmes qui y entrent finissent par développer un fort taux de masculinité. En empruntant à Karl Max qui disait "prolétaires de tous les pays, unissez-vous", nous dirons, "femmes du Burkina, foncez dans le hip hop, il y a de la place à prendre".

Par Issa SANOGO

L’Opinion

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