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Après l’attentat contre Soro : Des gorilles dans la forêt ivoirienne ?

Publié le mercredi 11 juillet 2007 à 08h27min

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Tout le monde est unanime à le reconnaître, le processus de paix en Côte d’Ivoire a connu une avancée significative depuis la signature de l’accord de Ouagadougou le 4 mars par le président Laurent Gbagbo et le chef de la rébellion, Guillaume Soro.

Et l’un des acquis des conclusions de ces pourparlers interivoiriens à Ouagadougou, sous la médiation du chef de l’Etat burkinabè, Blaise Compaoré, président en exercice de la CEDEAO, n’est autre que la formation du gouvernement de transition avec pour Premier ministre Guillaume Soro, le secrétaire général des Forces Nouvelles (FN) ;

ce qui a redonné un réel espoir à tous ceux qui brûlent d’impatience de voir la fin du bourbier dans lequel la locomotive de l’économie ouest-africaine est plongée depuis le 19 septembre 2002. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les Ivoiriens ont soufflé un tant soit peu avec ce début d’application de l’accord signé dans la capitale burkinabè.

Il y a certes que sa mise en œuvre achoppe sur la reprise du processus d’identification de la population en vue des élections ou sur la question de l’intégration des ex-combattants des FN dans l’armée, mais l’accalmie observée a fait, sans aucun doute, espérer à plus d’un le retour à la paix.

Comme le disait le père même de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, Houphouèt Boigny, c’est toujours facile de déclarer la guerre, mais pour y mettre fin, c’est presque la mer à boire. En tout cas, au vu de ce qui se passe aujourd’hui dans son pays après lui, personne ne peut le contredire, tant le chemin qui conduit au retour à la paix est parsemé d’embûches.

Depuis 2002, que d’initiatives pour faire taire les armes et les bruits de bottes du côté de la lagune Ebrié ! Et les accords qui ont fait long feu, nous en avons à la pelle. En effet, des premiers accords, de Linas Marcoussis, à celui de Ouagadougou, on en compte plus d’une dizaine signés avec forces embrassades des parties concernées, avec l’espoir d’un retour à la paix des braves.

Malheureusement, cette paix que de bonnes volontés essaient de bâtir chaque jour, comme la tour de Babel, a été maintes fois ébranlée. Le dernier fait marquant en date est l’attentat contre l’avion du premier ministre de transition, Guillaume Soro, à Bouaké le 29 juin dernier, alors qu’il s’y rendait pour l’installation des magistrats en vue des audiences foraines.

Bilan : quatre morts et plusieurs blessés. Ainsi la paix, que de bonnes volontés s’évertuent chaque jour à construire, venait de nouveau d’être mise à rude épreuve. Jusqu’à ce jour, les tenants et les aboutissants de cet attentat n’ont pas encore été identifiés.

Les Forces Nouvelles, qui ont annoncé avoir arrêté des suspects, n’ont pas hésité à pointer un doigt accusateur sur les forces de l’ONU, qui n’ont pas pour mandat d’assurer la sécurité de l’aéroport ; par ailleurs, on parlait d’un certain IB, à savoir cet ex-sergent-chef de l’armée ivoirienne qui avait pris fait et cause pour la rébellion et qui, depuis, est en rupture de ban avec cette dernière.

On aura donc entendu toutes sortes d’hypothèses sur cet incident. En effet, alors que d’aucuns y voient un complot du président Gbagbo et de son entourage, d’autres n’écartent pas la thèse d’un règlement de comptes interne aux FN.

D’autant que, depuis hier, une information est venue renforcer la conjecture qui veut que les auteurs de l’attentat soient issus des rangs des FN : selon une dépêche de La Lettre du Continent, « l’embuscade meurtrière » du 29 juin dernier à Bouaké aurait été fomentée par l’un des commandants de zone des Forces nouvelles avec la complicité d’un conseiller israélien. Bref, quel que soit le camp des coupables, il est clair qu’ils sont des gens qui n’ont pas intérêt à ce que la paix revienne en Côte d’Ivoire.

Ce qui est sûr, le drame a contraint le Premier ministre, Guillaume Soro, à retourner à Ouagadougou pour consulter le médiateur, Blaise Compaoré. A peine a-t-il regagné Abidjan le 9 juillet dernier, que l’on annonce qu’il a souhaité que sa sécurité soit assurée par des forces d’élite du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) du Burkina Faso.

Mais les autorités burkinabè auraient exigé la reconnaissance et la prise en charge desdits éléments par l’ONUCI. Ayant accepté de jouer la médiation, il faut bien que notre pays aille jusqu’au bout de sa logique.

Cependant, il est aussi important que le Burkina Faso fasse davantage preuve de prudence. Et il faut espérer que le gouvernement requerra, comme il est de coutume depuis un certain temps, l’aval de l’Assemblée nationale avant de commettre des « gorilles » burkinabè dans la forêt ivoirienne pour veiller sur la sécurité du Premier ministre ivoirien. Quand bien même l’on sait que cela passerait comme une lettre à la poste, avec l’écrasante majorité du parti au pouvoir au Parlement.

Il importe, en outre, de s’assurer que la présence de militaires burkinabè aux côtés de Guillaume Soro ne suscitera pas des frustrations non seulement dans le camp des rebelles, mais également dans l’armée régulière ivoirienne et pourquoi pas au sein des forces de l’ONUCI. Toutes choses qui pourraient retarder le processus de paix, lequel doit déboucher sur la tenue d’élections acceptées par tous les Ivoiriens.

Hamidou Ouédraogo

L’Observateur paalga

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