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Instances de régulation en Afrique : Des rapports conflictuels

Publié le jeudi 5 juillet 2007 à 07h08min

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Il s’est tenu en marge de la 4e Conférence des instances de régulation de la communication d’Afrique (CIRCAF) qui a eu lieu à Ouagadougou du 2 au 4 juillet 2007, un forum sur les rapports entre les professionnels des médias et les instances de régulation de la communication en Afrique. Des débats, il est ressorti que le régulateur n’avait pas toujours bonne presse auprès des journalistes africains.

"Les médias et la régulation de la communication en Afrique." C’est le thème du forum organisé le 3 juillet dernier à l’occasion de la 4e édition de la Conférence des instances de régulation de la communication d’Afrique (CIRCAF) qui s’est déroulée du 2 au 4 juillet 2007 à Ouagadougou. Ce forum était coorganisé par le Conseil supérieur de la communication du Burkina (CSC) et Radio France international (RFI), en collaboration avec la Radiodiffusion télévision nationale du Burkina (RTB) et la chaîne de télévision Canal 3. Il a connu la présence du président du groupe RFI, Antoine Schwartz. Pour le président du CSC, Luc Adolphe Tiao, au cours de son allocution d’ouverture, la tenue de ce forum témoigne d’un partenariat dynamique entre médias du Nord et du Sud.

Au présidium, il y avait au titre des représentants d’instances de régulation, Agapit Maforikan du Bénin et Victor Sanou du Burkina. Il y avait également d’éminents enseignants en communication ou en journalisme, notamment le Pr Serge Théophile Balima, directeur de l’IPERMIC, et Marie Soleil Frère, spécialiste des médias africains. A noter également la présence de l’ancien directeur de la télévision nationale du Sénégal, Matar Silla. Adjima David Thiombiano, journaliste à la TNB, Thierry Perret et Benson Diakité, journalistes à RFI, étaient les modérateurs des débats.

L’objet du forum était d’échanger sur les rapports entre les instances de régulation de la communication et les médias en Afrique, la perception par les professionnels des médias des instances de régulation.

Les instances africaines fonctionnent sans cadre légal approprié

Au cours des débats, il est ressorti que le rôle des instances de régulation se résumaient à deux missions essentielles, à savoir défendre la liberté de la presse et veiller au respect de l’éthique et de la déontologie par les professionnels des médias. Cependant, nombreuses sont les difficultés auxquelles sont confrontées les instances de régulation. Pour Marie Soleil Frère, il est impossible d’établir un diagnostic global de l’état de la régulation dans les pays africains.

Mais en général, a-t-elle soutenu, les instances de régulation en Afrique fonctionnent sans cadre légal approprié et cette situation, a-t-elle dit, les met en position d’illégitimité face aux journalistes. De même, a-t-elle ajouté, il y a des instances qui ne sont pas indépendantes financièrement ; ce qui remet en cause leur crédibilité. Sur ce point, Matar Silla dira qu’il y a une "tare de naissance" dont souffrent les instances de régulation, si fait que, a-t-il laissé entendre, leur activité est assimilable à "la chose politique et politicienne".

L’une des difficultés qui entrave également le bon fonctionnement des instances de régulation, c’est l’absence de cahier des charges. Par ailleurs, selon Marie Soleil Frère, le fonctionnement des instances de régulation est toujours mis en difficulté dans les pays où il n’y a pas de stabilité politique. Toute chose qui a fait dire à Serge Théophile Balima que la régulation des médias fonctionnait selon la démocratie du pays.

Aller vers le "métajournalisme"

Mais la position du professeur est claire : "La presse qui dérange a son utilité." Toutefois, il a aussi recommandé aux journalistes africains de cultiver davantage l’autocritique et le sens de la responsabilité car, dira-t-il, les journalistes africains sont parfois hostiles à la critique. Selon lui, il faut que les journalistes africains développent le concept de "métajournalisme" qui permet de se remettre quelquefois en cause.

Autres sujets ayant également fait l’objet de discussions, les difficultés de compréhension entre promoteurs de médias et instances de régulation de la communication en matière de publicité. Sur cette question, Matar Silla a salué l’exemple du Conseil supérieur de la communication du Burkina qui a interdit la diffusion de spots publicitaires indécents.

"Le jeu d’Internet, est-ce un danger pour la régulation ?" Cette problématique qui, du reste, se colle au thème même de la 4e CIRCAF, a aussi été débattue. Pour Matar Silla, il ne faut pas pour l’instant mélanger les choses, car, a-t-il dit, les instances africaines de régulation ne sont pas encore outillées pour réguler Internet et il faudrait plutôt se concentrer sur les choses classiques. Les instances de régulation africaines ont un cadre réglementaire et normatif dépassé vis-à-vis d’Internet, dira sans ambages le Pr Balima, pour qui, pour y parvenir, il faudrait nécessairement une volonté suffisante à l’échelle planétaire.

A propos de la régulation en période électorale, le Dr Victor Sanou, se basant sur l’expérience du Burkina, a soutenu qu’en période électorale la régulation devait être plus visible.

Par Lassina SANOU

Le Pays

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