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USA : Après l’apogée, le déclin ?

Publié le jeudi 5 juillet 2007 à 07h23min

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George W. Bush

La célébration de “l’Indépendance Day” américain (le 4 juillet) intervient cette année dans un climat international quasi-hostile à l’Oncle Sam sur fond de remodelage contesté du Proche-Orient, de “guerre froide” avec la Russie et de bisbilles avec ses alliées traditionnels. Avec la montée en puissance de la Chine et de l’Inde, l’heure du déclin serait-elle arrivée pour l’Amérique ?

Le “siècle américain”, comme on l’appelle, a commencé immédiatement à la fin de la seconde guerre mondiale lorsqu’à travers sa puissante armada militaire et avec ses moyens financiers énormes, l’Amérique régentait le monde. Le plan Marshall allait en effet, remettre l’Europe à flots après les dégâts immenses de la guerre, avec les dollars déversés sur le “Vieux continent”.

Dans le même temps, les marines s’attaquaient aux “îlots” du communisme constitués par la Corée, le Vietnam avec dans le viseur,l’endiguement souhaité de la Chine et de l’URSS qui constituaient de trop gros “morceaux” pour être attaqués frontalement.L’URSS justement constituait le principal trouble-fête de cette hégémonie américaine sur le monde, ce qui donnera lieu à une longue période de défiance (1950-1987) et de coups tordus entre les deux pays, que les exégètes ont qualifié de guerre froide.

Les temps forts de celle-ci, correspondront justement à la guerre de Corée (1950) qui aboutira à la partition en deux du pays, à la campagne vietnamienne (1964-1972) qui divisera également ce pays et, last but not least, la tentative de débarquement de la “baie des cochons” en 1961, suivie de la crise internationale des fusées cubaines en 1962. Aussi, la rentrée des chars russes à Budapest en 1956 et la répression du printemps de Prague en 1968 auront constituées des moments de tension extrême entre les deux super-grands. C’était l’époque où on était soit pro-américain soit pro-soviétique, ce qui avait du reste prévalu à la création du groupe des “non-alignés”.

Cette guerre froide, l’Amérique en aura été le grand vainqueur, avec la chute de la “maison” soviétique consécutivement à la chute du mur de Berlin. La Glasnot puis la Perestroïka entreprises par Michaël Gorbatchev démantèleront le grand empire soviétique, en lui coupant ses “ailes” baltes et caucasiennes. Un démantèlement qui a pris de nos jours des allures de dépouillement, avec la secession programmée de l’Ossétie et les immixtions américaines en Biélorussie et au Ukraine.

Quel ordre mondial demain ?

Des ingérences qui conjuguées avec les prétentions Yankee sur le pétrole de la mer Baltique ont irrité Moscou au point de nous valoir récemment un remake de la guerre froide version miniature. Cette boulimie de l’Oncle Sam ne plaît pas du reste à grand monde, surtout lorsqu’elle se décline sous la forme d’un remodelage du Proche-Orient qui n’a, semble-t-il, pas mesuré tous les risques qu’il pouvait engendrer. Première “faute” de l’Oncle Sam sur ce dossier, le “décagnotage” de Saddam Hussein de la tête de l’Irak, au prétexte que ledit voulait s’approprier l’arme nucléaire.

L’arme fatale contre le fondamentalisme ayant été détruite, il apparaissait clairement que celui-ci repartirait de plus bel en Irak, ce qui arrive à présent Avec la jonction programmée des chiites iraniens et irakiens qui ont pour allié naturel le régime de Damas, le Proche-Orient, d’abcès de fixation, peut devenir une plaie purulente. Surtout que le soutien inconditionnel de l’Amérique à Israël a le don de radicaliser la résistance panarabe avec les groupuscules islamiques libanais et le Hamas de moins en moins enclin au dialogue.

L’anti-américanisme se développe donc dans ces contrées et, pire, atteint certaines régions jadis alliées inconditionnelles de Washington. La “vieille” Europe (Allemagne, France, Espagne) semble touchée, avec les dissensions nées en 2003 (déclenchement de la campagne d’Irak) et qui se sont traduites par des mesures de rétorsions économiques de la part de l’Oncle Sam.

Politique du dollar faible, contingentement des produits européens (acier notamment) OPA “sauvages” sur certaines entreprises ont eu des effets dévasteurs sur l’économie de ces pays. Renouer le lien atlantique ne sera pas une mince affaire, surtout que l’Amérique lorgne sur les empires coloniaux de certains de ces pays.

Mais, la menace la plus réelle à l’hégémonie de l’Amérique viendra probablement de la Chine au cours des deux prochaines décennies. Le dragon chinois s’est en effet réveillé et fait montre dans tous les domaines, d’un appétit d’ogre. Ignorant superbement les injonctions de l’Oncle Sam lui intimant de réévaluer sa monnaie jugée trop faible, la Chine est quasiment devenue le premier exportateur de produits manufacturés.

En sus de s’accaparer ainsi du commerce international, la Chine participe à la “déréglementation” de la finance internationale, en octroyant des crédits qui n’obéissent pas à “l’orthodoxie” définie par le FMI et la Banque mondiale. Conséquence, elle est devenue un nouvel “eldorado” où se ruent tous les “damnés” de la terre, à commencer par les Africains qui n’ont pas hésité à tenir les assises annuelles de leur banque (la BAD) à Shanghaï.

Washington qui a pris toute la mesure du “danger” chinois, a opté pour le moment de faire le dos rond et de discuter avec Pékin de toutes les questions qui fâchent. Le dialogue direct se mène par dirigeants suprêmes interposés avec comme “aides de camp” les directeurs des banques centrales et les patrons des services de renseignements.

Mais, comme il ne saurait y avoir deux capitaines dans un bateau, l’entente cordiale tournera un jour à l’affrontement. Pour l’heure, les Etats-Unis ont de l’avance avec leur supériorité technologique, leur puissance militaire, leur relative bonne santé économique et sans doute, leur réseau relationnel riche et dense. Mais, Pékin a des atouts (forte démographie, économie en pleine expansion) et, le nouveau “grand jeu” qui se dessine promet des étincelles.

Pour résumer, disons que l’Oncle Sam est à son apogée et que ceux qui veulent être calife à sa place ne manquent pas. Au successeur de George Bush de prendre toute la mesure du danger et de réorienter la politique étrangère du pays. Autrement, le déclin pourrait être pour bientôt.

Boubakar SY

Sidwaya

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