Epouvantail agité par ci par là, elle est d’une inefficacité désespérante dès lors qu’il s’agit de résoudre des questions d’actualité qui interpellent la conscience humaine. Si tant est que « la communauté internationale » est l’œil et l’oreille du monde, une sorte de conscience universelle, elle est particulièrement myope, édulcorée, parce qu’elle est si lente, gauche et inéquitable dans sa démarche de résolution des problèmes dont elle se saisit.

A sa décharge, on dira qu’elle manque souvent de bras, de jambes, des moyens d’action pour que ce que l’œil a vu de révulsant pour nos consciences, elle le corrige diligemment. Hélas ! Que d’atermoiements devant des drames colossaux qui nous rappellent d’autres drames historiques où l’humanité avait capitulé devant la bestialité des intérêts égoïstes des nations, la fanfaronnade des idéologies, l’irrédentisme des religions...

Ceux des philosophes, sociologues et autres historiens qui avaient expliqué la xénophobie, les intolérances religieuses et les guerres d’extermination des peuples par l’ignorance, le primitif et l’instinct animalier encore dominant dans les cultures de la majorité des peuples aux siècles précédents, doivent avoir perdu leur latin quand, c’est après « le siècle des lumières », de « la révolution industrielle », à « l’ère des sondes interplanétaire », « des nouvelles technologies de l’information et de la communication » que se commettent encore des crimes racistes, l’ignominie de l’esclavage , l’holocauste des génocides...Des exemples ?

Passons sur le brûlant Proche Orient, au propre et au figuré, la question est trop vieille ! Considérons le chaudron irakien, quel prophète se risquerait à prédire la fin de son bouillonnement et l’instauration d’un état de droit avec tous ses droits ? Plus près de nous au Darfour, quel espoir pour la paix, la paix des peuples, fils présomptifs de la prophétie senghorienne sur « la civilisation de l’universel » ? Et s’il faut s’attarder sur cette question d’actualité, c’est bien pour faire remarquer, une fois encore, les bégaiements de notre chère « communauté internationale ».

Elle s’est en effet invitée à Paris, lundi dernier, sans l’Union Africaine ni le gouvernement soudanais, les premiers concernés par le sujet. Par contre étaient bien présents, des grands pays comme les Etats-Unis, la Chine...et la France bien entendu. Quand on sait que les enjeux du conflit se résument à l’accès à l’eau, aux terres arables et surtout au dieu pétrole, on a compris pourquoi « la communauté internationale » traîne les pieds sur le Darfour depuis quatre longues années. Maintenant qu’elle promet par la voix de l’initiateur de la conférence internationale de Paris, le président Sarkozy, « d’agir vite face au silence qui tue » on attend de juger l’arbre à ses fruits. Mais nous ne nous faisons pas d’illusions sur « l’avenir qui s’éclairci pour le Darfour » selon les déclarations de Bernard Kouchner.

En effet, les 20.000 soldats de la paix n’y seront totalement déployés qu’en fin 2008 selon la conférence de Paris ...Et encore, car dans ce jeu d’intérêts, le Soudan et son allié Chinois n’ont pas dit leur dernier mot. Qu’importe, même si le déploiement de la force dite hybride au Darfour venait à foirer pour quelques raisons que ce soit, « la communauté internationale » va continuer de dormir sur ses lauriers, ceux d’un épouvantail des grands pays.

Djibril TOURE

L’Hebdo