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Gestion des communes : Le spectre de l’épée de Damoclès antidémocratique

Publié le lundi 2 juillet 2007 à 08h38min

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Avec la tenue des élections législatives et la mise en place effective de la 4e législature, les Burkinabè des villes et des campagnes étaient en droit de se la couler douce politiquement, en attendant la présidentielle de 2010.

La démocratie supposant le fair-play, vaincus et vainqueurs des consultations électorales passées devraient observer une paix des braves et fumer le calumet de la paix sociale. Un pays qui veut se développer ne peut être dans une compétition électorale permanente.

Les récents soubresauts enregistrés dans la commune de Banfora prouvent cependant que la hache de guerre électorale est loin d’être enterrée. Si la commune de Pô a pu bénéficier d’une reprise (presque inutile) de la consultation, des interrogations subsistent pour celles où l’on s’apprête à jouer au jeu des chaises musicales à la faveur de la volonté de formations politiques qui broient du noir pour n’avoir pas pu « obtenir » la mairie.

Le quorum à atteindre lors des sessions des conseils municipaux devient une espèce d’épée de Damoclès sur la tête des maires qui n’ont pas été élus avec une majorité confortable. En appelant un chat un chat, comme au bon vieux temps de la Révolution, à Pô comme à Banfora, ce ne sont point, curieusement, les élus des partis d’opposition qui font la fine bouche mais ceux du parti majoritaire, le CDP himself ; ils semblent être de mauvais joueurs, donnant ainsi des insomnies au PAI dans le premier cas et au RDB dans le second.

À Dori, autre commune aux sables mouvants et aux équilibres politiques précaires, le PDS n’y dormirait que d’un œil. À ce rythme, il faudra décréter, pour les prochaines élections municipales, qu’une ville ne pourra être érigée en commune et dirigée par un conseil communal que si une formation politique y remporte les deux tiers des sièges. Avec une telle disposition, on mettra à l’abri ces localités d’une partie de bowling où les quilles majoritaires d’une simple tête seront à la merci des coups de boules.

En raisonnant par l’absurde et en suivant la logique des contestataires de ces élections « libres et transparentes » selon les observateurs, chaque jour qui se lève devrait donner lieu à un sondage d’opinion au sein d’un conseil municipal pour en déterminer la tendance dominante. Même dans ce cas pourtant, l’Europe, qui nous inspire, est coutumière de ces sondages d’opinion sans que cela donne lieu au changement des responsables élus, quand bien même leur cote de popularité serait en baisse.

Si ça se trouve que dans le cas du pays des Hommes intègres c’est l’ensemble de la population d’une commune qui réalise après coup qu’elle s’est trompée dans son choix, qu’elle attende les prochaines échéances pour changer le fusil d’épaule. Sinon, ce serait faire une politique de coups d’État civils permanents. Or le choix pour la démocratie exprimé par le peuple par l’adoption de la Constitution du 2 juin 1991 vise à mettre fin à la prise anarchique du pouvoir.

La versatilité des hommes politiques, outre le fait qu’elle traduit leur manque de maturité, est une plaie dans le jeu démocratique. Certaines pirouettes ou intransigeances sont, on le sait, plus dictées par des intérêts personnels que par l’intérêt des populations. Maintenant que tout le monde est d’accord que les institutions démocratiques fonctionnent bien au Faso, il faudra que les hommes politiques, eux aussi, se décident à fonctionner bien !

Journal du jeudi

P.-S.

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Vos commentaires

  • Le 3 juillet 2007 à 02:59, par fati En réponse à : > Gestion des communes : Le spectre de l’épée de Damoclès antidémocratique

    Merci pour votre analyse. Malheureusement les hommes politiques de notre pays ne fonctionneront pas aussi bien que nos institutions democratiques pour la simple raison que ce n’est pas la recherche de l’epanouissement des populations pour lesquelles ils disent faire de la politique qui les guide dans leurs actions mais tout simplement leurs interets personnels. La poilitique les permet de s’enrichir en toute tranquilite (Ils y arrivent presque tous pauvres avec l’objectif ultime de s’enrichir.,.), les protege de leurs forfaitures. N’allons donc pas leur demander de ce comporter autrement que ce qu’ils font. Ils ne savent que faire cela. C’est leur raison d’exister.

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