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L’OBU face à la presse : "Ce n’est pas le pouvoir qui est fort, c’est l’opposition qui est faible"

Publié le lundi 10 mai 2004 à 10h16min

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Emile Paré

Depuis un certain temps, les partis politiques de l’opposition ne retrouvent plus le sommeil et pour cause la présidentielle de 2005 les préoccupent au plus haut point. A cela s’ajoute la modification du code électoral.

L’Opposition burkinabé unie (OBU) n’est pas en reste. Elle a organisé une rencontre avec la presse pour s’exprimer sur la modification du code électoral et l’élection présidentielle.

Le débat sur la modification du code électoral a débuté dès le lendemain des élections législatives de mai 2002. On se rappelle que le CDP avait constaté que l’ancien code électoral était émaillé de beaucoup d’insuffisances et avait proposé sa révision. Ce code qui est intervenue le 27 avril dernier.

Pour l’OBU, le CDP a voulu se ressaisir après s’être aperçu de la percée spectaculaire de l’opposition. C’est poussé par la crainte de perdre les futurs élections du fait des dispositions de l’ancien code que le parti majoritaire a voulu se tailler. Un nouveau code électoral à sa mesure, pour le grand malheur de l’opposition. Pour l’OBU tous les points de modification proposés ne sont que du dilatoire, de la diversion politicienne.

Pour les élections locales, c’est la proportionnelle à la plus forte moyenne en lieu et place de la proportionnelle au plus fort reste. La justification de cette modification donnée par le parti majoritaire a comme prétexte la recherche de la stabilité de la municipalité. Cela constitue pour l’OBU un argument très léger, car la stabilité relève plus de la qualité des hommes qui animent la municipalité et des mécanismes qui régissent son fonctionnement. De plus, cet argument est une négation de la politique de décentralisation actuellement en vigueur qui veut que toutes les composantes des populations de base soient associées à la gestion de leur cité.

Pour les élections législatives, la loi du 27 avril retient la proportionnelle au plus fort reste mais elle annihile en même temps son effet par la réduction de la taille des circonscriptions électorales.

Pour l’OBU tous les experts constitutionnalistes sont unanimes sur le fait que le système du plus fort reste n’a d’effet qu’à partir de trois (3) députés.

De ce point de vue l’OBU estime que c’est une aberration politique. Pour les élections législatives c’est la proportionnelle au plus fort reste pour huit provinces "provinces à plus de trois (3) députés", le scrutin majoritaire pour les quinze (15) provinces à un (1) député et les vingt-deux (22) provinces à deux (2) députés. L’OBU estime que la modification du code électoral consensuel de juillet 2001 n’est pas dictée ni par un quelconque souci de recherche de stabilité ni par une volonté de donner à chaque province un (1) député au moins, comme le CDP voudrait le faire croire. Cet argument cache la volonté inébranlable du CDP de se maintenir coûte que coûte et vaille que vaille au pouvoir. Il revient à l’opposition de saisir le message.

L’OBU baptise désormais le code modifié de code CDP du 27 avril. Un code illégitime et donc impopulaire. Dans les jours à venir, elle compte adresser une lettre au président du Faso pour solliciter de lui une deuxième lecture de cette loi en vue d’en extraire les aberrations politiques et ridicules, ceci en application de l’article 48 de la constitution.

L’élection présidentielle de 2005

Au cours de cette conférence de presse l’OBU a dévoilé sa décision de participer aux prochaines élections de 2005. Les partis membres de l’OBU comme le stipulent les textes fondamentaux participeront de façon unitaire. L’objectif de l’OBU en 2005 est la réalisation d’une alternance alternative. Elle proposera un candidat à la mesure de celui du parti majoritaire. Pour cela le candidat sera une personnalité non comptable des deux mandats du régime en place. Un programme de gouvernement quantifiable, mesurable et contrôlable est déjà élaboré et prend en compte toutes les préoccupations des Burkinabé. Elle présentera sa candidature au moment venu. Avec les cinq (5) partis qui la composent l’OBU affûte ses armes sur le terrain pour être plus représentative.

L’OBU boycotte les journées de réflexion de l’opposition

L’atelier de réflexion de l’opposition qui a vu la participation de l’OBU ne s’est pas déroulé de la meilleure manière pour l’OBU qui trouve que l’atelier devait discuter de la stratégie commune notamment la question des candidatures, des conditions de transparence des élections de 2005, d’un code de bonne conduite des partis de l’opposition. Au regard de la composition de la classe politique, l’OBU a préconisé la candidature unique de l’opposition, un candidat de consensus mais un candidat qui peut entraîner un maximum de militants des différents partis dans la campagne électorale et qui peut rassembler le maximum de voix des électeurs de l’opposition. Dans ce sens, il doit être le moins comptable possible de la gestion des deux mandats de Blaise Compaoré. A défaut de dégager une candidature unique qui simplifierait le choix des électeurs, l’OBU souhaite deux ou trois candidatures sur la base de regroupements existants qu’ils soient formels ou informels.

La voie de la candidature unique a été soutenue par seulement trois (3) partis, les autres ayant préféré la voie de la candidature multiple limitée à trois (3) candidatures maximum. La déclaration de la candidature est restée libre et un comité de médiation sera mis en place en vue d’un lobbying au cas où les déclarations de candidature seront plus de trois (3). Novembre 2004 est fixé comme dernier délai pour les partis afin de faire connaître les candidatures.

L’OBU après avoir tiré les conclusions de cet atelier a décidé de suspendre sa participation à la concertation des quinze (15) partis et regroupement de l’opposition.

L’objectif de l’OBU est de créer une opposition politique crédible soudée et puissante pour influer sur les décisions du pouvoir et réaliser à terme une alternance alternative au Burkina Faso. Pour l’OBU ce n’est pas le pouvoir qui est fort, c’est l’opposition qui est faible. Une opposition qui se divise par les calculs politiques et mesquins. Mais l’OBU reste disposée à la concertation pour une unité et une candidature unique à condition qu’elle soit crédible et réaliste pour donner confiance au peuple.

Salam Compaoré
L’Hebdomadaire

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