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Un centre pour valoriser le patrimoine culturel sénoufo à Bobo

Publié le lundi 2 juillet 2007 à 08h12min

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Depuis avril 2005, il existe à Bobo-Dioulasso, un centre de recherche pour la promotion et la sauvegarde de culture sénoufo. Sis dans la zone périphérique, sur la route de Nasso, ce centre qui a pour vocation la sauvegarde des valeurs culturelles sénoufo, est dirigé par l’Abbé Mathieu Traoré.

Situé en bordure de la route, l’architecture du centre ne laisse aucun passant indifférent. Avec ses murs couverts de peintures représentant différentes facettes de la culture sénoufo (masques, rites funéraires ou de mariage, scènes de la vie quotidienne...), l’extérieur du centre donne tout simplement envie de voir l’intérieur. Le centre culturel sénoufo de Bobo est une antenne du centre-mère qui, lui, est à Sikasso. Selon l’Abbé Mathieu Traoré, tous les deux centres sont l’œuvre d’un prêtre italien, le Révérend Père Emilio Escudero qui, pour avoir vécu pendant plus de 40 ans en milieu sénoufo, a été témoin de la dégradation de cette culture.

Pour témoigner sa reconnaissance à ses hôtes, il a voulu apporter sa pierre à la valorisation et à la protection de la culture de ce peuple qui l’a si bien accueilli. C’est ainsi qu’est née l’idée d’un centre de recherche pour la promotion et la sauvegarde de la culture sénoufo. Celui de Sikasso a vu le jour en avril 2004, suivi une année plus tard, de l’antenne de Bobo. Les deux structures sont complémentaires selon l’Abbé Traoré.

Le centre de Sikasso effectue des travaux de recherche sur le terrain, en faisant la collecte des informations auprès des anciens du terroir sénoufo, tandis que l’antenne de Bobo a pour mission de traduire en langue française, les résultats des recherches et de les publier sous forme de fascicules. Pour une plus large diffusion, un projet de création d’un site Web est en cours de réalisation. Après deux années d’existence, l’on en est toujours au stade de la traduction.

Le centre de Bobo a également initié la réalisation de monographies sur les villages sénoufo du Burkina. Ces monographies concernent l’histoire de ces villages, leur organisation sociale et les infrastructures de développement dont ils disposent. Pour l’Abbé Traoré, le premier objectif recherché est de fixer la mémoire des villages sénoufo, “ mais au-delà, nous voulons permettre aux partenaires au développement qui veulent aider ces villages, de savoir ce dont ils ont besoin”, a-t-il dit.

Au départ, le but de la démarche du père Emilio Escu dero était seulement de mettre sur écrit la tradition orale sénoufo. Mais en sillonnant les villages, les chercheurs du centre sont tombés sur des pièces rares qui, si elles ne sont pas bien conservées, risquent de se retrouver hors du pays. “ C’est pourquoi, laisse entendre l’Abbé Traoré, le centre prévoit, si les moyens nous le permettent, d’ouvrir très bientôt un musée ”. Il y a également un projet de construction d’une bibliothèque.

A la question de savoir comment les Sénoufo ont accueilli ce centre, l’Abbé Traoré affirme qu’ils en sont fiers. “ Partout où nous passons, nous leur expliquons clairement les objectifs du centre et je vous assure qu’ils y adhèrent pleinement « , a-t-il dit. Avant d’ajouter que beaucoup de Sénoufo et de gens d’autres ethnies viennent chaque jour en ce lieu, soit pour faire des suggestions, soit pour s’inspirer de cette expérience. L’Abbé Mathieu Traoré a tenu à préciser que le centre culturel sénoufo est ouvert à toutes les ethnies du Burkina qui désirent faire des recherches semblables. “ Nous mettrons à leur disposition toute notre expérience et notre matériel pour qu’ensemble, nous arrivions à sauvegarder le patrimoine culturel burkinabè ”, affirme-t-il.

A long terme, il sera question de l’alphabétisation en langue sénoufo. Mais aux dires du responsable du centre de Bobo, cela ne sera pas chose aisée car au Burkina il existe trois grands groupes de Sénoufo (Nannerké, Tagoua et Sénar) qui parlent des dialectes différents.
Etre prêtre et entreprendre ce genre de recherche n’est-il pas paradoxal ? A cette question, l’Abbé Traoré répond : “ Non. Tant que je m’en tiens à mes travaux de recherche, je ne vois pas de problème ”. Il souligne que les recherches se font sans profaner le “ sacré ” sénoufo.

Il faut souligner que le personnel du centre est composé de deux permanents assistés de nombreux jeunes Sénoufo qui travaillent comme contractuels. Ce sont ces jeunes de niveau Terminale qui mènent les recherches sur le terrain.

Clarisse HEMA

Sidwaya

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