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Sommet de l’Union africaine : L’avenir de l’Afrique se joue-t-il à Accra ?

Publié le lundi 2 juillet 2007 à 08h27min

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Le vieux rêve du panafricaniste Kwamé N’Krumah va-t-il enfin se réaliser ? Trente cinq (35) années après sa disparition (27 avril 1972) et cinquante (50) années après l’indépendance du Ghana, jadis Gold Coast, les dirigeants africains se retrouvent dans son pays pour engager de nouveau, le débat sur le panafricanisme ou les Etats-Unis d’Afrique.

C’est donc un immense honneur pour son 9e successeur, John Kufuor, de reprendre le flambeau à la faveur du 9e Sommet de l’Union africaine qui a ouvert ses portes au Ghana hier 1er juillet 2007. Mais, il faut dire que John Kufuor n’est pas Kwamé N’Krumah et que l’ère des indépendances n’est pas celle des démocraties. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et les mentalités ont changé aussi. Les dirigeants africains le savent bien. John Kufuor ne cache donc pas son peu d’enthousiasme à exhumer la grande idée de son lointain prédécesseur en soulignant : « N’Krumah était un visionnaire, avec ce que cela comporte d’irréalisme. Son rêve panafricain, qui faisait l’économie de la lente et patiente construction d’ensembles régionaux, était séduisant. Il s’agissait en fait, d’une utopie ». Qu’à cela ne tienne, les dirigeants africains éprouvent aujourd’hui, la nécessité de fédérer leurs Etats pour une Afrique unie et plus forte.

La volonté y est mais quand et comment y parvenir ? C’est toute la problématique qui sera au centre des débats à Accra, ces trois jours (du 1er au 3 juillet).
Pour Alpha Oumar Konaré, « La bataille pour les Etats-Unis d’Afrique est la seule qui vaille pour notre génération ». L’actuel président de la Commission de l’Union africaine qui a, en outre, manifesté son désir de ne pas briguer un second mandat, croit tout de même à une Afrique unie, forte capable de tenir tête à son homologue européen. Pourvu que ses fils mettent à profit leur génie.

Certainement déçu par le comportement des chefs d’Etat qui ne lui ont pas facilité la tâche durant ce premier mandat, il ne rebolleterait pas mais serait disponible à apporter sa contribution au regard de sa riche expérience.
Cette idée des Etats-Unis d’Afrique se pose aujourd’hui en termes de pour et de contre.

Ces deux conceptions de l’avenir du continent africain sont défendues par deux camps clairement identifiés qui vont « allumer le feu » à Accra pour mieux expliquer leur position. Le colonel Khaddafi qui, depuis Syrtre en 1999, est attaché à cette idée, est le leader de ceux qui pensent que l’heure est venue de passer à l’acte. Il met tout en œuvre pour s’attirer la sympathie et l’adhésion de ses pairs.

Ainsi, avant « d’envahir » la capitale ghanéenne avec son impressionnante délégation, il n’a pas manqué de faire un détour dans quelques pays de la sous-région. Comme quoi il vaut avoir soi les dirigeants mais aussi les peuples pour une telle aventure.

Si l’idée est partagée par tous ou presque, il n’en demeure pas moins que beaucoup de divergences existent sur la façon et les étapes de sa mise en œuvre. Beaucoup sont réticents à cette « précipitation » de vouloir, coûte que coûte, créer ce supra Etat, sans résoudre des préalables indispensables. Comment peut-on aller dans un tel regroupement si on n’est pas solidaire, si l’intégration dans nos petits regroupements sous-régionaux n’est pas effective, si la libre circulation des personnes dans bon nombre de nos régions reste encore un leurre, si on continue d’expulser des Africains en Afrique, etc.

Il faut dire aussi qu’un tel regroupement nécessite d’énormes moyens. Qui en sera le bailleur de fonds quand on sait déjà qu’au niveau de l’Union africaine, les impayés s’élèvent actuellement à plus de 106 millions de dollars. Sur 53 pays, sept seulement sont à jour de leurs cotisations.

Autant de préoccupations qui méritent beaucoup de réflexion et qui confortent la conviction de ceux qui sont hostiles à un gouvernement de l’Union dans l’immédiat.
Si l’Union européenne qui semble nous inspirer, a mis le temps nécessaire pour sa mise en œuvre, les Africains devraient aussi avoir la patience dans la montée des marches de l’Union africaine. Pourvu que les « étincelles » d’Accra ne brûlent pas les fondements de cette fragile union qui mérite bien de survivre au-delà des divergences et des leaderships des uns et des autres.

Par Zakaria Yeye

Sidwaya

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