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Awore Brigitte Bignane, artiste peintre : La peinture aide les enfants à s’exprimer »

Publié le samedi 30 juin 2007 à 13h48min

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Awore Brigitte Bignane

L’association Kamba et Picasso sise à Gounghin forme des enfants de la capitale à la peinture afin de les aider à mieux s’exprimer. Nous avons rencontré la responsable pour échanger sur cette expérience au profit
des enfants.

Sidwaya plus (S.P.). Qui est Awore Brigitte Bignane ?

Awore Brigitte Bignane (A.B.B.) : Je suis née au Gabon de père normand et de mère gabonaise. Je suis artiste-peintre. J’ai découvert la peinture à l’âge de quatre ans. Je n’avais pas de pinceaux ni de couleur, je m’amusais avec du charbon, de l’argile. Plus tard, j’ai continué la peinture en autodidacte avant d’aller aux beaux arts, via un concours. Donc j’ai passé sept années aux Beaux arts pour acquérir la technique et avoir une base en peinture. Pendant que j’étais à l’école, je faisais des ateliers avec des enfants surtout ceux qui ont des problèmes. Ils apprennent à s’exprimer par la peinture. Cela donne souvent de très bons résultats à l’école pour ces enfants. Ensuite, j’ai décidé de visiter plusieurs pays à la rencontre des enfants par la peinture.

S.P. : Quels sont ces pays où vous avez séjourné ?

A.B.B. : Le Cap Vert, le Cameroun, le Gabon, le Sénégal, la Mauritanie etc., sont les pays dans lesquels j’ai séjourné. En Afrique, nous avons tout pour faire la peinture. Au Cap Vert, j’ai appris aux enfants de la rue à se prendre en charge en fabriquant et en vendant des objets au lieu d’aller mendier.

S.P. : Aujourd’hui, vous êtes au Burkina Faso, dites-nous qu’est-ce que vous réservez aux enfants de notre pays ?

A.B.B. : Le Burkina Faso et moi, c’est une histoire. Depuis ma jeunesse, à l’époque de la Haute-Volta, j’ai toujours voulu venir dans ce pays. Un jour, j’ai décidé de connaître le Burkina Faso, alors je suis là. C’est un pays qui, malgré sa pauvreté, est agréable.

S.P. : Combien de temps passez-vous dans chaque pays pour installer votre projet de peinture au profit des enfants ?

A.B.B. : Je passe deux années dans chaque pays. Je prends le temps de former des personnes originaires de ces pays pour continuer le projet après mon départ. Dans certains pays, l’Etat ou les municipalités récupèrent le projet pour le pérenniser.

S.P. : Votre projet d’atelier de peinture au Burkina Faso regroupe combien d’enfants ?

A.B.B. : Je ne m’attendais pas à un tel engouement des enfants et des parents pour mon atelier de peinture. Au début, je m’attendais à recevoir cent à deux cents enfants mais ils sont au nombre de cinq cent quarante (540) enfants.

S.P. : Tous des élèves ?

A.B.B. : Non, j’ai une quarantaine d’enfants qui ne vont pas à l’école. Il existe une bonne cohabitation entre les enfants.

S.P. : Les séances de peinture se font-elles à travers un thème imposé ?

A.B.B. : Dans la peinture, il y a le côté artistique où on cherche à gagner sa vie en faisant de cet art un métier. L’autre aspect est la détente.
J’ai mis l’accent pour le moment à la détente en permettant aux enfants de s’exprimer, de s’évader. Je donne l’opportunité aux enfants de toucher, de sentir la peinture et maintenant créer. S’ils sont vraiment sensibilisés, ils peuvent en faire plus tard un métier. Je suis mère de trois enfants à qui j’ai enseigné la peinture.

S.P. : Les cinq cent quarante enfants, sont-ils répartis en groupe pour les séances de peinture ou avez-vous une méthode spéciale pour les enseigner ?

A.B.B. : Je suis disponible pour les enfants à tout moment. Je ne force pas un enfant à travailler. Je m’occupe d’eux lorsqu’ils sont inspirés.
Moi, ce qui m’intéresse c’est l’enfant qui vient me demander à peindre. C’est pourquoi, c’est mieux de faire un atelier ouvert à tout moment aux enfants. Je leur apprends les techniques de base pour faciliter leur façon de s’exprimer.

S.P. : Les œuvres des enfants sont-elles exposées ?

A.B.B. : Les œuvres sont exposées pour pouvoir racheter quelques petits matériels. En plus, j’expose le travail des enfants pour susciter en eux la motivation.

S.P. : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

A.B.B. : J’ai des problèmes avec quelques parents qui pensent que l’apprentissage de la peinture est inutile pour leurs enfants. Pour eux, la peinture est une perte de temps. Mais ils doivent savoir que la peinture aide beaucoup les enfants à l’école, surtout à s’exprimer. L’autre difficulté est l’absence de soutien financier. Je prends toute seule en charge la formation des enfants.

S.P. : Les inscriptions sont-elles toujours possibles et à quelles conditions ?

A.B.B. : L’atelier est toujours ouvert aux enfants intéressés ainsi qu’à leurs parents. Je demmande une petite contribution (symbolique) et il n’y a pas de conditions.

Alassane KERE

Sidwaya

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