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La Centrafrique : Pauvre malgré ses diamants

Publié le vendredi 29 juin 2007 à 08h02min

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François Bozizé

Malgré ses pierres précieuses et ses présidents successifs que sont Barthélemy Boganda, David Dacko, Bokassa, André Kolingba, Ange Félix Patassé et François Bozizé, la Centrafrique peine à décoller. Pourtant, que d’espoirs suscités par la chute de Bokassa en 1979. Mais c’est comme s’il n’y a rien à faire. De coup d’Etat en coup d’Etat, d’élection en élection, les populations de ce pays ne font que s’enfoncer dans la pauvreté et l’insécurité.

Et aujourd’hui, avec la récession économique et la rébellion, l’enlisement semble avoir atteint le cou des victimes. A l’image de la malédiction de l’or noir chez les producteurs africains de pétrole, on peut bien parler ici de la malédiction du diamant brut, qui enrichit surtout les négociants du côté d’Anvers en Belgique.

Croulant sous le poids de ses dettes, chancelant sous les coups de boutoir des mouvements rebelles qui ont poussé comme champignon après l’orage, l’ancienne Oubangui-Chari cherche toujours ses repères. Et à voir les actes posés par les rebelles, qui sont presque dans les faubourgs de Bangui, il sera difficile au pays de Bozizé de retrouver son centre de gravité.

Les attaques répétées dont sont l’objet en République centrafricaine les agents de l’action humanitaire sont un symbole du climat délétère qui y règne. Les conditions de sécurité ont été encore fragilisées par l’intensification des activités des bandits de grand chemin et des mouvements rebelles dans diverses régions. Bangui reste le théâtre de cambriolages de résidences, fréquents, quasiment quotidiens.

Comme en octobre 2006, un mouvement rebelle s’est emparé, les 3 et 4 mars 2007, de deux villes du nord-est, qui ont été reprises par les Forces armées centrafricaines, appuyées par la Force multinationale de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) et les forces françaises. Après la signature, le 13 avril 2007, de l’accord de cessez-le-feu entre le gouvernement et les forces rebelles, un calme relatif s’était instauré dans la région.

Mais il a été interrompu par l’arrivée en mai d’environ 3 000 Soudanais qui cherchaient à s’y réfugier après avoir fui ce qu’ils ont qualifié de combats intenses dans le Darfour soudanais. Au nord-ouest du pays, les conditions de sécurité se sont nettement dégradées. On continue de signaler des attaques à main armée de factions rebelles et de groupes criminels.

En mai dernier, des bandits ont pris en otage deux agents humanitaires. Le même mois, un groupe armé non identifié a attaqué un convoi du bureau des Nations unies qui rentrait d’une mission. Le dernier acte en date, qui donne des insomnies à Bozizé, c’est le meurtre le 11 juin dernier d’un agent humanitaire français de l’ONG Médecins sans frontières, commis par des membres du mouvement rebelle de l’APRD.

Alors, avec ce décor apocalyptique, l’on est tenté de se demander où va la Centrafrique. La réponse est que, très probablement, elle n’ira nulle part, si ce n’est à la case départ. La volonté politique de l’actuel chef de l’Etat centrafricain, les richesses de la forêt, le diamant, l’or et l’uranium n’y changeront pas grand-chose.

Si par malheur, l’actuel homme fort est lâché par la France, et ça ne serait pas une première, le mouvement rebelle le plus fort prendra le pouvoir et ce sera comme un « retour à la normale ». Face à cette éventualité, Bozizé, ce fils de gendarme, ne devrait même pas pousser des cris d’orfraie parce que c’est grâce à ce cheminement, loin d’être démocratique, qu’il est aujourd’hui président.

Rappelons-nous qu’après le coup d’Etat manqué contre son protégé (Patassé) dans lequel il était fortement impliqué, il a pris le maquis au Tchad avec une partie de l’armée et menait quelques incursions en République centrafricaine.

Plus tard, ce fut le dénouement, désormais inscrit dans les annales de l’Histoire : le 15 mars 2003, pendant qu’Ange Félix Patassé est en déplacement au Niger, Bozizé rentre au pays et prend le pouvoir. Lui qui avait promis de lâcher le pouvoir après la transition y est toujours. Alors, la rébellion, ça le connaît comme on dit. Et qui prend le pouvoir par l’épée doit aussi s’attendre à le perdre par l’épée.

Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

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