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Démission de Tony Blair : Un service minimum en Afrique

Publié le jeudi 28 juin 2007 à 07h45min

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Tony Blair

Une page se tourne dans la chronique politique de la Grande-Bretagne, avec le départ anticipé - il n’est pas au terme de son mandat - du Premier ministre Tony Blair et l’entrée immédiate en scène de son "ombre", Gordon Brown. Un bilan en demi-teinte, voilà faits les comptes de la gouvernance sous toutes ses formes, de l’allié inconditionnel de George Bush.

Côté lumières, Tony Blair tourne définitivement le dos au 10 Downing Street, avec la satisfaction d’avoir fait acquérir aux systèmes éducatif et sanitaire de son pays, ses lettres de noblesse, et donné à l’économie nationale une physionomie propre à susciter des convoitises au sein de l’Europe. Epris de l’Europe et des ses idéaux, ce Premier ministre qu’on qualifie à juste titre de pragmatique, aura travaillé à faire de la Grande-Bretagne, une entité - unique en son genre - plus ouverte à l’Europe, et à lui imprimer une véritable marque de modernité.

Ce qui n’était pas si évident, pour un pays aux habitudes si enracinées dans les atavismes et les profondeurs du conservatisme. Sur la même lancée, il aura réussi à édulcorer la résistance de la Grande-Bretagne (qu’on sait jalouse de sa monnaie) à entrer dans l’Union européenne. La paix récente en Irlande du nord est assurément le plus grand coup qu’aura réussi Blair. D’autres actions non moins positives marqueront son oeuvre, dont son implication active dans la résolution de la crise du Kosovo.

Mais sur un tout autre registre, sombre cette fois, l’histoire n’oubliera pas de sitôt son engagement aux côtés de George Bush, pour mener une guerre aussi insensée qu’injuste contre l’Irak. C’est la face la plus désastreuse de sa politique, et pour laquelle les Britanniques qui continuent d’en payer un lourd tribut, l’ont sanctionné.

En accompagnant Bush dans sa folie belliqueuse en Irak tout comme en Afghanistan, Tony Blair a sans conteste contribué à rendre le monde plus tourmenté, plus désemparé et plus désarçonné que jamais. Un peu partout, les attentats terroristes succèdent aux enlèvements, depuis que la soif de justice a asséché les gorges de peuples brimés à travers le monde, qui ne savent plus à quel saint se vouer. Liberté, égalité et respect, bon nombre d’opprimés n’ont jamais su à vrai dire ce qu’est tout cela.

Et si l’unilatéralisme a été des plus arrogants, des plus débordants et des plus destructeurs, il a été encouragé et entretenu par Blair qu’on n’a pas hésité à qualifier à raison, de caniche de Bush.

Par son alignement sans réserve sur les positions de la Maison Blanche, l’ancien chef de l’Exécutif britannique aura sans aucun doute contribué à attirer sur le sol britannique, les flammes du terrorisme. Une situation qui compliquera sans doute la tâche à son successeur. Au demeurant, rien ne dit que son parti qui porte le chapeau de cette entrée en guerre de la Grande-Bretagne, sortira vainqueur des futures élections législatives.

Cela étant, en quoi le départ de Tony Blair peut-il intéresser les Africains, en quoi peut-il avoir des répercutions sur le continent africain, quelles leçons en tirer, que peut attendre l’Afrique de ce changement à la tête de l’Exécutif britannique ? Pour la leçon, on retient que Tony Blair accepte de quitter les choses... avant qu’elles ne le quittent. Une démission qui aurait résonné comme un coup de tonnerre en pleine saison sèche, sous les tropiques africains où bien des chefs d’Etat n’ont pas la force morale de s’imaginer hors du pouvoir. Entendant rester aux affaires le plus longtemps possible et par tous les moyens, pour bon nombre d’entre eux, c’est le pouvoir ou le chaos. L’exemple du Guinéen Lansana Conté ne constitue-t-il pas une parfaite illustration ?

Quant à savoir si le Premier ministre britannique sortant sera regretté par les Africains, on peut d’ores et déjà indiquer que ses rapports avec l’Afrique, surtout francophone, avaient de toute façon manqué de consistance et d’originalité. Combien de fois en effet Tony Blair a-t-il foulé le sol africain pendant ses dix années au pouvoir ? Bien peu. Comme si, du côté de Londres, on ne s’en était tenu qu’au service minimum, même si, soit dit en passant, le président de la Sierra Leone lui doit une fière chandelle pour l’avoir rétabli, à l’époque, dans son fauteuil de président. Peut-être doit-on expliquer ce peu d’attention pour l’Afrique par l’histoire ? Car, comme on le sait, les rapports que la Grande-Bretagne entretenait avec ses colonies étaient empreints d’ingérence minimum, ce qui se traduisait d’ailleurs par le terme de l’indirect rule.

Pour le reste, on gardera de Blair, le souvenir d’un dirigeant occidental qui a eu l’outrecuidance de se mêler des affaires intérieures d’un pays souverain, en l’occurrence le Zimbabwe, en s’en prenant vertement à sa politique de réforme agraire. On connaît la suite : des rapports jusque-là restés exécrables, par chefs d’Etats interposés.

Gordon Brown en ce qui le concerne, fera-t-il mieux que son prédécesseur ? Montrera-t-il plus d’égard pour le continent africain, lui qui avait déjà dans ses tiroirs son projet de plan Marshall pour l’Afrique ? On espère en tout cas que le successeur de Tony Blair jetera une véritable passeralle entre son pays et l’Afrique, dans toute sa diversité linguistique.

Le Pays

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