LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Hamsétou Madeleine Ouédraogo (Association Koom) : "Notre activité phare demeure la lutte contre l’obscurantisme"

Publié le mercredi 27 juin 2007 à 07h43min

PARTAGER :                          

Hamsétou Madeleine Ouédraogo

Agent de mise en œuvre des activités d’appui à l’alphabétisation des femmes, membre du service de production des curricula à l’Institut national d’alphabétisation (INA), représentante des femmes du Burkina Faso au Conseil économique et social (CES)..., Noomtondo Hamsétou Madeleine Ouédraogo a occupé et occupe diverses fonctions.

Elle est aussi consultante et formatrice. Battante et très engagée pour la cause de la femme burkinabè démunie, son implication dans la vie associative est sans commune mesure. L’interview qu’elle nous a accordé porte essentiellement sur la vie de l’Association Koom pour l’auto-promotion des femmes du Burkina Faso (AKAFEM/BF) dont elle est la coordonatrice.

Sidwaya (S.) : Pour ceux qui ne vous connaîtraient pas, qui est Hamsétou Madeleine Ouédraogo ?

Hamsétou Madeleine Ouédraogo (H.M.O.) : A l’état civil, je me nomme Ouédraogo Noomtondo Hamsétou Madeleine. En ce qui concerne ma position au sein des organismes et institutions, je suis depuis 2002 au Conseil économique et social (CES), également membre du département d’Etat américain-méridien, depuis 2003. Je suis aussi membre du groupe de réflexion sur le développement humain durable au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Dans la vie associative, je contribue dans divers domaines dont je citerai l’Association Koom pour l’auto-promotion des femmes du Burkina Faso (AKAFEM/BF).

S.:Présentez-nous l’Association (AKAFEM/BF) dont vous êtes la coordonnatrice des activités ?

H.M.O. : L’Association Koom pour l’auto-promotion des femmes du Burkina Faso (AKAFEM/BF) est une organisation burkinabè de la société civile à but non lucratif. Elle s’est fixée pour objectifs entre autres, de lutter contre les problèmes de développement auxquels font face les populations rurales. Notamment la frange sociale la plus sensible que sont les femmes. L’Association est devenue une ONG depuis avril 2007. Elle compte actuellement trente (30) groupements féminins comprenant environ 25 000 membres à la base. L’AKAFEM/BF évolue dans trois provinces que sont le Yatenga, le Kadiogo et le Namentenga. Sa spécialité est qu’elle est ancrée à la vie rurale.

S. : Quelles sont les conditions d’adhésion à l’Association ?

H.M.O. : Nous sommes une association qui regroupe des structures que ce soit du formel ou de l’informel. Nous avons en notre sein, des groupements féminins qui ont un statut juridique, des agréments etc. Il y a d’autres groupements villageois féminins qui veulent aussi bien faire partie de l’Association. A ceux-là, nous essayons d’expliquer le bien-fondé d’avoir le statut juridique. Nous les aidons à avoir des agréments. Nous avons aussi des adhésions individuelles. Il suffit de faire une demande et si elle est accordée, nous octroyons au demandeur la carte de membre vendue à un prix étudié.

S. : D’où est venue l’idée de créer l’association AKAFEM/BF et quelles actions menez-vous sur le terrain ?

H.M.O. : L’organisation a été crée en 1994 par un groupe de femmes. Il s’agit des femmes du secteur n°8 de Ouahigouya. L’initiative est venue du désir de regrouper les femmes de la famille royale. Compte tenu de la spécificité de ces femmes, nous avons essayé de les regrouper et de les faire participer à la vie associative. En effet, les femmes de rois sont considérées comme des personnes à part. Elles ne doivent pas, par exemple, se mêler aux autres. Ayant vécu et vivant cette situation, nous avons jugé bon qu’il y ait un changement.
La demande a été très forte à telle enseigne que nous avons décidé d’en faire une association à envergure nationale qui a été officiellement reconnue le 12 août 1999.

Depuis sa création, l’AKAFEM/BF œuvre pour l’amélioration des conditions de vie des populations vulnérables en les aidant à identifier et à réaliser par elles-mêmes des projets de développement. Nous citons entre autres activités que nous menons : l’agriculture, l’élevage. Nous œuvrons aussi dans le secteur de la santé, la conservation des eaux et des sols, l’alphabétisation fonctionnelle, la scolarisation des enfants, la promotion des droits etc. En outre, nous prônons avant tout, des valeurs de partenariat axées autour des notions culturelles et de certaines approches de développement. Mais notre activité essentielle demeure la lutte contre l’obscurantisme (analphabétisme) étant donné que notre public cible se trouve en milieu rural où ce phénomène est criant.

S. : Pour mener à bien toutes les activités que vous venez d’évoquer, il faut nécessairement mobiliser des fonds. Avez-vous des partenaires qui vous soutiennent financièrement ?

H.M.O. : Je profite de cette occasion pour remercier franchement la Coopération suisse qui nous aide énormément dans nos programmes de lutte contre l’ignorance.
C’est ce partenaire qui nous appuie beaucoup. Dans le cadre des autres activités, il y a l’ambassade des États-Unis qui nous a soutenus dans la culture maraîchère. Par ailleurs, les allemands nous ont souvent appuyés pour des activités précises.
Je n’oublierai pas l’Etat et les structures déconcentrées au niveau des provinces.

S. : Les résultats de vos activités vous satisfont-ils ?

H.M.O. : Quand nous faisons un bilan, nous nous rendons compte que nous avons posé de multiples actions. Cependant, nous ne pouvons pas affirmer que nous sommes entièrement satisfaites dans la mesure où il y a encore beaucoup à faire pour atteindre nos objectifs.
Sinon des personnes que nous avons aidées nous témoignent leurs reconnaissances. Cela est naturellement un motif de satisfaction. En matière d’alphabétisation par exemple, quand je vois des femmes qui écrivent en langue nationale, je suis satisfaite moralement.

L’acte récent que nous avons posé et qui s’est révélé salvateur est l’établissement d’actes de jugements supplétifs au profit de plus de mille cinq cents (1500) femmes de notre association.

S. : Vous auriez eu à redonner la joie de vivre à une handicapée de 40 ans. Comment cela est-il arrivé ?

H.M.O. : Effectivement, Roukiatou est le prénom de cette handicapée née avec une malformation chronique. A l’âge d’un an, ses parents l’ont abandonnée avec sa grand-mère dans un village reculé de Ouahigouya. Nous l’avons découverte lors de la cérémonie de lancement d’établissement d’actes de jugements supplétifs. Au cours de cette cérémonie, dix (10) matériels roulants ont été remis à des personnes invalides dont Roukiatou. Grâce à ce matériel, Roukiatou vit réellement aujourd’hui.

En effet, depuis sa naissance, elle n’avait pas de contact avec d’autres personnes puisqu’elle se déplaçait à peine. Elle était considérée comme un génie dans le village. A quarante ans, elle pèse à peine dix (10) kilogrammes. Elle ne peut manger seule, ni dormir dans une bonne position. Considérée comme une paria, seule sa grand-mère s’occupait tant bien que mal d’elle. Elle mange une fois tous les deux jours.

Lorsque je lui est rendu visite la dernière fois, elle m’a relaté que sa grand-mère la promène dans le village grâce au matériel et que c’est grâce à cette bicyclette qu’elle a connu d’autres concessions, d’autres personnes, des animaux etc. qu’elle n’avait jamais vus depuis sa naissance. Voilà encore un autre motif de satisfaction : redonner du sourire à une personne qui était reléguée au rang des parias.

Mais le cas de cette fille (Roukiatou) doit nous interpeller tous. D’abord les parents. Ils ne doivent pas abandonner un enfant sous aucun prétexte. Ensuite, aux âmes sensibles, nous leur demandons de venir toujours en aide à ceux qui en ont besoin.

Aussi, pour mener à bien les activités de notre association et atteindre certains de nos objectifs, toute collaboration, tout apport seraient les bienvenus. Pour terminer, nous interpellons les femmes burkinabè à s’intéresser à la vie associative, à lutter pour l’amélioration de leurs conditions.

Interview réalisée par Alban KINI

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : L’ONG IRC lance deux nouveaux projets