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Coordination de la lutte contre la corruption : Tolérance zéro

Publié le mercredi 27 juin 2007 à 08h15min

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Malobaly A. Traoré remettant son rapport à Tertius Zongo

La Haute autorité de coordination de la lutte contre la corruption (HACLC) a sacrifié à un rituel, en remettant son rapport 2006 au Premier ministre, Tertius Zongo, mardi 26 juin 2007.

“La Haute autorité a l’obligation de rendre compte de ses activités au Premier ministre à chaque fin d’exercice annuel”, a déclaré son président Malobaly Alphonse Traoré, à la sortie de l’entrevue avec le Premier ministre. C’est donc à un “rituel républicain” qu’elle vient de se conformer, à travers la remise de ce rapport d’activités 2006.

En charge de la “coordination” de la lutte contre la corruption et de “l’assistance” au gouvernement pour la détection et la répression des actes de délinquance financière, “la Haute autorité adresse au Premier ministre un rapport pour tout dossier dont elle est saisie ou s’est autosaisie en précisant les suites qu’elle estime pertinentes d’accorder au dossier”.

L’exercice du 26 juin 2007 est le quatrième du genre depuis la création de la structure le 31 décembre 2001. Sur la base des rapports établis au cours des trois dernières années, des recommandations ont été faites sur l’organisation et le fonctionnement des structures de contrôle des services publics, le dysfonctionnement de l’administration et les foyers de corruption au sein des départements ministériels. Aussi, les capacités des membres des structures concourant à la lutte contre la corruption ont été renforcées et une campagne de communication et de sensibilisation a été menée.

Dans son projet de plan d’action, la Haute autorité prévoit d’impliquer tous les acteurs du développement dans la lutte contre la corruption et de généraliser les codes de déontologie et d’éthique dans tous les secteurs d’activité. Aussi, l’amélioration de la transparence et de l’efficacité des services publics ainsi que le renforcement de l’action judiciaire et des moyens de justice figurent en bonne place dans le rapport.

La rationnalisation du cadre juridique et institutionnel, le renforcement de la coopération internationale et la coordination de la lutte contre la corruption constituent d’autres points de ce plan d’action. “La détermination pour la lutte contre la corruption” existe donc selon monsieur Traoré, qui incline à penser toutefois que “le moment de l’action est attendu, si le but ultime est l’éradication du phénomène néfaste de la corruption”. Dont acte.

Boubakar SY


Aller au-delà du rituel

“Des réponses promptes auraient pu marquer un pas positif dans la marche des administrations”...Cette phrase du président Malobaly Alphonse Traoré résonne comme un aveu d’impuissance face à un phénomène qui, à terme, risque de saper les fondements même de notre société. Car, si les autorités en sont encore à parler de “perception” de la corruption, le citoyen lambda lui s’est depuis fait une religion, avec cette phrase du docteur Bongnessan Yé qui revient comme une antienne : “La morale agonise au pays des Hommes intègres”.

Elle agonise en effet, entre le “petit” fonctionnaire qui veut assurer son “porco” de 10 heures et ses deux bières fraîches (plus éventuellement le “nansongo” de la “gando”) ou le col blanc “propre sur lui” et sourire affable qui vous laisse entendre que “le marché-là pourrait vous être octroyé à condition que...” Il existe même d’autres formes de corruption plus pernicieuses avec certains docteurs qui exercent des “pressions amicales” sur leurs patientes pour “mieux les soigner” et les professeurs adeptes des notes sexuellement transmissibles.

Abus d’autorité, subornation viennent donner ici, un visage plus abject à la corruption. Au-delà de l’éthique et de la déontologie propre à chaque métier, se pose un problème d’éducation de ces partisans du gain facile. La morale agonise parce que nous avons perdu nos repères fondamentaux, ces substrats communs qui fondaient la vie en société en Afrique. Respect des parents, de l’autorité, crainte de Dieu, solidarité ont “foutu le camp” avec le règne de l’argent roi.

Or comme le dit le précepte biblique, “celui qui court après l’argent, n’en est jamais rassasié”. On se trouve ainsi entraîné dans une “quête” permanente, un malleströem nourri par une vie devenue libidinale et ventrale. Le corrompu n’est plus maître de ses sens, esclave qu’il est devenu de ses instincts. Voitures par-ci, villas et maîtresses par-là, c’est “la belle vie” (sic) qui laisse sur le bas-côté de la route, la famille, les enfants surtout que l’on “calme” avec des billets de banque et avec lesquels on ne communique plus que par téléphone.

Conséquence, ceux-ci sont devenus des prédateurs pire que leurs parents, se “shootant” et buvant à longueur de journée avec des fillettes à peine pubères. Voilà les effets insidieux de cette corruption qui sapent la base de la société. Mais, comme “ça arrange tout le monde sauf l’Etat, à nous aller...” Jusqu’au jour où les sans-culottes et tous ceux qui ne profitent pas de cette répartition biaisée des revenus, manifesteront buyamment leur désapprobation.

Oppresseurs et opprimés sont d’autant plus résolument opposés que les seconds ont l’impression que les premiers “bouffent” leur gombo en toute impunité. Il y a donc urgence à mettre le holà avant cette dérive fatale. Et puis, un gouvernement ne peut atteindre des résultats si les agents de l’administration travaillent d’abord pour eux-mêmes.

B.S.

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 27 juin 2007 à 11:19 En réponse à : > Coordination de la lutte contre la corruption : Tolérance zéro

    Une très belle Analyse. Fellicitations Monsieur le Journaliste.

  • Le 27 juin 2007 à 12:21, par l’amiral En réponse à : > Coordination de la lutte contre la corruption : Tolérance zéro

    la corruption est réellement un fléau pour le Burkina.La pauvreté favorise dans bien de cas la corruption mais la corruption entraîne inéluctablement la pauvreté du pays .Les honnêtes citoyens qui veulent travailler pour l’intérêt général se retrouvent souvent isolés et ridiculisés parce qu’ils résistent à la tentation. Tenez bons car ceux qui aiment vraiment ce pays doivent rechercher avant tout le bien-être de tous les burkinabè .L’amour de l’argent est la racine de tous les maux nous dit l’Ecriture.Savoir se contenter de ce qu’on a est une vertu et non une résignation.Je ne dis pas de ne pas vouloir plus mais il faut être honnête surtout quand il s’agit de deniers publics ou de l’argent acquis par des méthodes pas louables en usant soit de son statut ou de sa position dans le seul but de s’enrichir au détriment des gens. Il s’agit d’un combat certes difficile mais la confiance des gens viendra si on combat sérieusement ce fléau qui fragilise l’économie du pays et qui occasionne la démobilisation des plus motivés dans l’administration.L’avenir du pays exige une transparence dans la gestion et une éthique de responsabilité. L’amiral

  • Le 27 juin 2007 à 17:13 En réponse à : > Coordination de la lutte contre la corruption : Tolérance zéro

    Bon courage a la haute autorité.
    Accomplissez avec pleine conscience la mission a vous confiée.
    Quand a vos rapports, ils en ferront ce qu’ils veulent et quant a vous, vous aurez fait votre devoir de citoyen.

  • Le 27 juin 2007 à 17:52, par Gorkomawdo En réponse à : > Coordination de la lutte contre la corruption : Tolérance zéro

    Regardez le juge Malobali, est-ce ce Mr fait peur même à plus forte raison lutter contre la corruption. Vous verrez, il ne fera rien de bon lui aussi.

    Mais j’en veux surtout aux fonctionnaires qui sont les plus corrompus des citoyens. Des gens sans foi ni loi, qui n’ont pas honte de toucher à la fin du mois alors qu’ils passent toutes les soirées dans les maquis. Ils viennent pour la plupart à 8h00 pour ne même plus venir le soir parfois. Surtout s’il pleut le matin, c’est comme jour férié pour ces inconscients. Leurs dadas, ce sont de gros sacs bourrés de programmes de PMUB, un gros trousseau de clés et rien d’autres. De vrais cancres !!!

    Toujours entrain de se plaindre, de se morfondre. Il y en a qui trafiquent les fournitures de bureau pour se plaindre après de manque de dotation. D’autres restent au bureau à midi et mettent le climatiseur à fonds, toute chose qu’ils n’ont pas dans leurs sales taudis de maisons, alors que ce sont nos impôts qui payent les factures de l’Etat. De vrais fainéants : Y a qu’à voir dans la zone des ministères ; ils sont toujours assis entrain de pinter et de se critiques les uns les autres.

    En plus les femmes fonctionnaires-là, toujours entrain de vendre des sandwichs, des pagnes, du miel, du lait (parce que le fameux mari a quelques vaches maigres à quelque part pas loin).... dans les bureaux. Elles passent tout leur temps à se promener de bureau en bureau pour voir les tenues de leurs camarades au lieu de travailler. Elles passent aussi leur temps à raconter les histoires de leurs voisines de quartier, de maison, etc... Toujours en autorisation d’absence, ou dans des funérailles, baptêmes et autres mariages, sanglées de gros sacs à main pour y mettre le restant des viandes volées dans ces cér’monies au moment de la bouftifaille.

    Il faut diminuer leur nombre. Bandes de profitards. Mr le Ministre Bouda a du pain sur la planche.

    En plus, les syndicats ont le culot de demander des augmentations pour ces paresseux, ces magouilleurs. Vous les syndicats, il va falloir corriger le comportement de vos protégés partisans du moindre effort.

    Regardez comment les écoles primaires sont bourrées d’enseignantes (2 ou 3 par classe) alors que dans les villages, il y a des classes sans enseignants.

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