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Grève générale au Nigeria : Première grande épreuve de Yar’Adua

Publié le lundi 25 juin 2007 à 08h11min

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Le nouveau président nigérian Umaru Yar’Adua n’aura bénéficié d’aucun état de grâce de la part de ses concitoyens. C’est le moins qu’on puisse dire au regard des derniers événements qui ont secoué le géant pétrolier. Durant quatre jours, le nouveau gouvernement a croisé le fer avec les syndicats qui avaient décidé d’observer une grève générale largement suivie, suite à l’augmentation du prix de l’essence.

Moins d’un mois après son investiture, l’enfant de Katsina, qui n’a pas encore goûté à son premier salaire de président, a pu sans doute évaluer l’ampleur de la crise sociale qui tenaille son peuple depuis belle lurette. Mais pouvait-il en être autrement quand on sait les circonstances de son élection ? Ne devait-il pas s’attendre à une telle situation, lui qui a été catapulté à la tête du géant pétrolier contre vents et marées avec la bénédiction de son prédécesseur ?

Il est évident qu’en facilitant à l’extrême la montée de Yar’Adua au trône, Obansanjo lui a, dans le même temps, compliqué la tâche. Les syndicats et les autres forces sociales ne pouvaient rester longtemps dans le silence face à la dégradation constante des conditions sociales. Ce mot d’ordre de grève auquel la population a promptement adhéré dans sa grande majorité, montre à quel point le mouvement contestataire reste vivace dans ce pays. S’il est vrai que Yar’Adua a pu désamorcer cette crise au bout de 4 jours de paralysie totale du pays, il n’est pas moins vrai que la tension sociale demeure.

Les observateurs avisés ont pu se rendre compte que les syndicats n’ont pas accepté de lever formellement leur mot d’ordre de grève samedi dernier, au terme d’un accord conclu entre eux et le président Yar’Adua, en dépit du geste d’apaisement de ce dernier. Cet accord qui a tout d’un compromis, maintient l’augmentation du prix de l’essence, même si celle-ci n’est plus dans les proportions voulues par le gouvernement au départ.

Au-delà du fait de geler ce prix pendant une année, cet accord n’apporte pratiquement rien aux travailleurs nigérians. N’ayant plus les moyens d’une lutte plus longue, les syndicats ont dû plier l’échine temporairement. C’est sûr que cette crise rejaillira un jour ou l’autre à la face de Yar’Adua dans des proportions qui lui seront difficilement maîtrisables, s’il n’y prend garde. Pour l’heure, il peut se frotter les mains et même se targuer d’avoir pris le dessus sur les syndicats dans cette première bataille qui n’est nullement la fin de la "guerre". A cette allure, il y a lieu de craindre des lendemains tumultueux pour ce pays dont la stabilité reste fort hypothétique.

En tout état de cause, Yar’Adua a du pain sur la planche, et de sa capacité à gérer le contentieux social, dépendra sa longévité politique à la tête du Nigeria. S’il ne développe pas le tact nécessaire pour apprécier en toute lucidité les problèmes de son peuple, il faut craindre que le Nigeria ne sombre dans un chaos, et ce serait dommage pour un pays aussi nanti par la nature. 8e exportateur de l’or noir sur le plan mondial, il est inadmissible que le prix du pétrole soit l’objet de conflit social dans ce pays.

Ladji BAMA

Le Pays

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