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Afrique : immigration et exil

Publié le mercredi 4 juillet 2007 à 07h06min

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Il y a eu un avant. Il y a un après. La campagne et l’élection
présidentielle sont terminées. Le peuple a décidé et fait son choix.
Maintenant, qu’on le veuille ou pas, qu’on ait été pour ou contre l’homme
qui a été élu président de la République, la logique voudrait qu’on
l’accepte comme tel. Sans contestation aucune.

Dans cette nouvelle phase, il faut le dire, ce n’est pas de l’homme qu’il
est question, mais de ses idées précisément. Durant toute la campagne, on
n’a pas ou très peu entendu de politique étrangère, notamment de l’Afrique.
Chaque fois, de l’Afrique, il n’a été question que de l’immigration. Mais
l’Afrique, ce n’est pas que l’immigration. L’Afrique, ce sont des femmes,
des hommes, des jeunes ; bref, des êtres humains, des peuples. L’Afrique, ce
sont des régimes politiques. L’Afrique, c’est aussi les droits de l’homme.
L’Afrique, c’est aussi la politique africaine de la France qui n’a jamais
changé d’un iota depuis des décennies.

Cela dit, la clé pour résoudre le problème de l’immigration est dans ce qui
précède. Certes, l’homme en général a toujours été un être mouvant. Il a
toujours bougé. Mais les vagues de déplacements d’êtres humains que
j’appellerai « exode » ont une autre explication. La première question que
moi-même je me poserai est celle de savoir : « Pourquoi tant d’hommes, tant
de femmes, tant de jeunes, au lieu de rester chez eux, préfèrent-ils quitter
leur pays, partir loin, parfois et bien souvent au péril de leur vie ? ».

A moins de vouloir changer d’air, voir d’autres horizons, ce qui est aussi
normal, je sais seulement qu’on ne fuit pas son pays par plaisir, pour aller
mettre sa vie en danger. Je me souviens de ces jeunes qui sont morts dans
des trains d’atterrissage d’avions. Malheureusement, on a très vite oublié,
par cette mort atroce, cette alerte, cette sorte d’appel au secours exprimé
dans leurs messages de détresse lancés à titre posthume. Vite oubliés !
Personne ne s’est posé la question après. Personne ne s’est interrogé. Si,
tout le monde sait et connaît la réponse et la suite à donner aux
conséquences de ces tragédies, mais on se voile la face. Après tout ce n’est
qu’un cas exceptionnel. Il n’y a donc pas drame.

La clé est donc dans : « Comment éviter tout cela ? ». Au-delà de la France,
c’est à l’Europe qu’il revient de revoir la copie de sa politique africaine.
On ne peut fermer les yeux sur les pratiques politiques dans ces pays où des
guerres interminables sévissent et déciment des populations entières. Le
Darfour, la Somalie, l’Ethiopie, le Congo-Kinshasa, l’Angola, le
Congo-Brazzaville, la Côte d’Ivoire, etc., sont des cas inoubliables.
Au-delà de l’immigration décriée ici en France, c’est plutôt de l’exil qu’il
faut parler. Car, outre les guerres, il faut aussi parler des chefs
kleptocrates qui, comme dans un système de vases communicants, trouvent des
complices ailleurs. Et, dans ce jeu de pillages, de détournements de fonds,
le grand bénéficiaire, c’est l’Europe. Et on est donc obligé de fermer les
yeux. Ceci expliquerait-il cela ?

Comment faire alors ?

Plus de quarante ans aujourd’hui, quarante-sept ans précisément, il est
toujours interdit de toucher au marché de dupes, de truands, et de pilleurs
séculaires qui consacre le « Pacte colonial » et sacralise la kleptocratie
dans ces pays avec la connivence de l’Europe en général et de l’Etat
français en particulier. Quiconque ose y toucher se voit tomber la foudre de
Paris sur la tête. Le président Laurent Gbagbo de la République de Côte
d’Ivoire, et bien d’autres avant lui, en ont fait les frais ou connu des
déboires. Ceci explique les flux migratoires massifs Sud-Nord. Et tant que
l’Europe en général et la France en particulier n’auront pas mis fin à ce
pillage éhonté, surtout à l’affectation et l’installation dans nos pays des
« Préfets de région » ou des « présidents-gouverneurs généraux » au service
de la France, de surcroît criminels et kleptocrates, le problème de
l’immigration Afrique-Europe (Sud-Nord) ne sera jamais réglé, et les pays
dits du Nord, c’est-à-dire l’Europe, seront confrontés à cette immigration
pour très très longtemps.

En règle générale, personne n’aime partir, quitter, plutôt fuir son pays.
Alors, si on veut réellement endiguer ce fléau à défaut de le stopper net,
c’est cette situation qu’il faut avant tout régler : « Cesser d’installer,
de soutenir et de cautionner des régimes politiques de moralité peu
recommandable. Humaniser et civiliser les pitbulls que l’Europe en général
et la France en particulier affectent ou installent dans ces pays pour les
besoins de leurs intérêts ».

Alors seulement les Africains seront heureux de rester et de vivre chez eux.

Jean-Claude MAYIMA-MBEMBA

(France)

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