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Ingérance coupable

Publié le jeudi 21 juin 2007 à 07h45min

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L’air du temps en Occident, est à la mise à l’index et au jugement des dirigeants africains déchus ou en activité. Après Hissène Habré, convoqué “manu militari” par le Tribunal pénal international et qui a jusque-là échappé à cette “fatwa” grâce au soutien de l’UA, ce fut Charles Taylor qui fait attrait avec succès cette fois devant le tribunal.

Certainement “inspiré” (?) par cette jurisprudence naissante, ne voilà-t-il pas qu’un “petit” juge français se pique de vouloir entendre les présidents Sassou et Bongo sur l’affaire Total. Finna Elf pour les deux ainsi que sur le dossier des suppliciés du Beach pour le Congolais.

Si l’intention est bonne, ces ingérances quelque peu grossières voire inappropriées n’en traduisent pas moins quelque part, le peu de cas qu’une certaine opinion “bien pensante”, fait de nos Etats et des personnes chargées de les administrer. “Ces “bougnoules” - là sont incapables de produire quelque chose de bon”, voilà le refrain chanté dans certains salons européens. Et pourtant, aucun de ces justiciers des temps modernes n’a lancé la moindre injection à l’encontre de certains officiels français inculpés jusqu’au cou dans l’affaire Total-Finna EIF. Et le délibéré rendu dans cette affaire en première instance a fait pleurer bien des puristes du droit, tant il était apparu qu’on voulait couvrir certains “gros bonnets”.

Plus loin, l’affaire des “diamants de Bokassa” n’a pas fait plus de vagues alors que certaines “moustaches officielles” y étaient trempées. On n’est donc pas loin de cette exquise hypocrisie qui caractérise bien souvent les relations Nord-Sud. Pire, cet activisme juridique contribue à décrédibiliser davantage nos institutions et à cultiver l’afro-pessimisme ambiant. Car, comme indiqué plus haut, ce devoir “d’assainissement” des mœurs africaines s’accompagne d’un discours qui infantilise les Africains.

A preuve, lorsque l’UA a voulu faire de la résistance sur le cas Habré, nombre d’exégètes occidentaux sont montés au creneau pour fustiger cet “arrière-gardisme” et cette “sublimation” (sic) des survivances du passé par les chefs d’Etat africains. Lesquels ne faisaient qu’exprimer pourtant leur souveraineté pleine et entière conférée par des indépendances acquises de haute lutte.

On touche là le nœud gordien du problème, à savoir de fantasme colonialiste qui habite bien d’Occidentaux. L’Afrique n’est plus celle de “papa” et certains milieux ont du mal à l’accepter. Ils grossissent donc les moindres travers d’un continent jeune qui a en plus, l’excuse d’expérimenter des modes étrangers.

Sans refaire l’histoire, disons qu’il y a un peu plus d’un siècle, l’ordonnancement institutionnel et juridique des Etats-Nations (si, si) africains n’avait rien à voir avec celui d’aujourd’hui. Après avoir volé notre âme et nous avoir travesti l’esprit, qu’il plaise à nos chers “maîtres” de ne pas piétiner notre dignité. Car, si “l’idiot n’est pas aveugle, l’aveugle non plus n’est pas idiot”, et ce paternalisme de mauvais aloi pourrait être la goutte d’eau qui fera déborder le vase (...)

Boubakar SY

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 21 juin 2007 à 17:02, par Bila KOUTOU - Paris En réponse à : > Ingérance coupable

    Dites-moi Monsieur de Sidwaya, est-ce vraiment s’attaquer à la souveraineté d’une nation ou d’un peuple que de réclamer en justice que le droit de ces nations et peuples soient respectés pour ce qui concerne la gestion du patrimoine national des pays en question ? Pourquoi avoir faire des histoire pour se présenter à la justice si l’on n’a rien a se reprocher ? Et si les pays occidentaux décidaient de ne plus (ce qui n’est pas trop tôt...) être complices par leur silence "diplomatique" des dommages que les peuples en questions subissent de la part de leurs propres dirigeants sans pouvoir se défendre. D’ailleurs, il n’est pas anormal qu’un pays qui voit arriver de grosses fortunes sur son territoire cherche à faire la lumière sur leur provenance !!! C’est même une obligation morale.
    Monsieur, il serait plus digne pour les africains de se scandaliser pour ce qui se passe au Darfour et pour bien d’autres exactions infligées aux populations africaines sans défense, que de pleurer le sort de ceux qui devraient rendre des comptes non seulement à leurs victimes, mais aussi à l’humanité entière.
    L’opacité et l’injustice n’ont rien à voir avec une souveraineté nationale à défendre.

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