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Préoccupations post-électorales au Burkina : La contribution de Mahama Sawadogo au débat

Publié le jeudi 21 juin 2007 à 08h10min

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Après les élections législatives 2007, des questions relatives au score du CDP, à la représentation des femmes, à la chefferie coutumière... animent le débat politique. Le député CDP, Mahama Sawadogo, apporte son point de vue sur ces questions dans le message ci-dessous qui vous est livré en entièreté.

Au lendemain du scrutin du 06 mai 2007, un certain nombre de questions constituent de sérieuses préoccupations pour la classe politique et la société civile. Il s’agit principalement .
- des performances respectives du CDP et des autres partis qui ont pris part à la compétition électorale ;
- de la représentation des femmes dans la nouvelle Assemblée ;
- de la participation politique de la chefferie coutumière ;
- de la participation et de l’opposition politiques.
Ces préoccupations font depuis lors, l’objet de débats très intéressants à travers les médias, principalement la presse écrite.
C’est en vue de participer audits débats que je me propose dans les lignes qui suivent de faire part de ma lecture des différentes questions.

A propos des performances respectives du CDP et des autres partis

Les paramètres intervenant pour déterminer les performances des uns et des autres sont divers.
Mais pour ma part et dans le contexte actuel de la culture démocratique au pays des hommes intègres, les plus significatifs sont le système électoral (mode de scrutin, circonscriptions électorales) et l’envergure géographique (implantation territoriale) de chaque formation politique. Aussi, pour agir sur les prochains résultats électoraux dans le sens de réduire la très grande disparité électorale, conviendrait-il de modifier ces paramètres significatifs.

Manifestement, si la modification du système électoral dépend du parti majoritaire, celle de l’envergure des autres partis dépend fondamentalement de ces derniers.
Il est évident que ces deux modifications n’ont pas les mêmes probabilités d’être réalisées.
En effet, le parti majoritaire, du fait de l’instinct naturel de conservation aura besoin davantage de sacrifices à consentir pour agir, tandis que les autres partis (opposition et mouvance présidentielle) n’auront comme sacrifice que d’accepter la perte de leur individualité.

Aussi, le réalisme politique commande-t-il d’espérer davantage de la deuxième modification que de la première pour rééquilibrer les forces. Un tel point de vue fait de l’opposition et des partis de la mouvance, le moteur de la dynamique politique.

A propos de la représentation des femmes

Le scrutin du 06 mai n’aura pas donné les résultats escomptés quant à la représentation des femmes dans la nouvelle Assemblée nationale. C’est dire que l’important plaidoyer en faveur de candidatures féminines bien positionnées sur les listes, n’a pas pu être pris en compte comme il fallait par les formations politiques. Cette situation, appréciée par certains comme découlant de l’insuffisance de la volonté politique des directions des formations politiques, relève pour ma part de l’impossibilité d’assurer a priori un quota de représentation des femmes à travers une élection dont la base est territoriale.

Aucune mesure volontariste ne pourra le faire dans le cadre d’un système électif authentique (scrutin universel, direct et secret). A l’inverse, dans un système de nomination où d’élection dont la base n’est pas territoriale mais le genre, alors là, un quota fixé a priori est possible.

Aussi, pour les 30% préconisés comme quota minimal acceptable de participation des femmes dans les sphères de décision, devrait-t-on déployer les efforts pour qu’ils soient effectifs au niveau de l’exécutif et de la haute administration. Cela est possible politiquement (simple volonté politique) ou légalement (adoption d’une loi) sous réserve de la révision de certaines dispositions de la constitution. Comme exemple récent d’un quota politiquement fixé, on peut citer la parité de l’actuel gouvernement français (08 hommes et 07 femmes).

A propos de la participation politique de la chefferie coutumière

L’histoire enseigne que deux puissances de même nature ayant plus ou moins des champs communs d’intervention se combattent et collaborent nécessairement à la fois, l’aspect dominant de la coexistence étant déterminé par le rapport des forces à chaque période historique. La collaboration comme la confrontation affectent les deux puissances, mais généralement de manière dissymétrique tant et si bien que l’évolution peut conduire à l’affaiblissement, voire à la disparition de la plus faible.

Depuis la colonisation et jusqu’à nos jours, certains chefs ont résisté à l’emprise du pouvoir politique moderne, d’autres ont collaboré avec lui. Ces deux attitudes sont de manière égale louables ou condamnables ou de manière égale ni l’un, ni l’autre car découlant toutes deux de la stratégie et des tactiques de coexistence et parce qu’il n’y avait pas une troisième voie (attitude) de survie.

Cependant à la faveur des élections, des voix s’élèvent pour intimer à la chefferie traditionnelle de se tenir à l’écart de la politique moderne car c’est de cette façon qu’elle pourra conserver son identité, tout en évitant d’influencer de manière partiale les élections. Si théoriquement une telle attitude est concevable, pratiquement elle est impossible. C’est là bien sû, r une affirmation mais qui ne mérite aucune démonstration car son évidence est patente .

A propos de la participation et de l’opposition politiques

La participation et l’opposition en politique sont des concepts traditionnels forgés dans un contexte historique où les idéologies étaient très vivantes. Les clivages politiques s’expriment jusque-là par deux concepts conventionnels, à savoir la droite et la gauche, le premier incarnant le conservatisme (la tradition) et le second, le progrès. Dans un tel contexte, et étant donné un régime en place, on peut y participer ou s’y opposer au regard des objectifs stratégiques qu’on se fixe. Dans ce cas, la ligne de démarcation entre participation et opposition est très nette.

Il en va autrement dans la situation historique actuelle caractérisée par une quasi globalisation idéologique. En effet dans cette situation, des concepts traditionnels comme souveraineté nationale, souveraineté internationale, public, privé, participation, opposition. . . sont devenus trop rigides et étroits pour rendre compte de la complexité de la réalité politique, du fait de l’indétermination actuelle des lignes de démarcation entre les termes de chaque couple. Partant de ce point de vue, l’on pourrait mieux apprécier la polémique actuelle autour des notions d’opposition et du chef de file de l’opposition.

Mahama SAWADOGO
(Député)


Parti des forces indépendantes pour le développement : Un appel aux nouveaux députés

Dans le message ci-dessous que nous vous proposons en entier, le Parti des forces indépendantes pour le développement (PFID) appelle les nouveaux députés à travailler pour le peuple au lieu de penser aux manœuvres pour le spolier.

Peuple du Burkina Faso, après une longue période de préparation et une vingtaine de jours de campagne électorale, voici une nouvelle législature qui vient d’être mise en place. Toutes nos félicitations aux nouveaux locataires de l’hémicycle même si certains y sont parvenus de manière frauduleuse.

Tout en félicitant ces nouveaux députés, le Parti des forces indépendantes pour le développement (PFID) les exhortent à travailler pour le peuple, à réfléchir à la résolution des problèmes qui ternissent l’éclat de vie de notre Nation et non réfléchir sur la manière dont il faut spolier le peuple de ses biens comme cela semble être le principe cher d’un certain nombre de dirigeants depuis un certain temps. Il leur est encore recommandé la vigilance pour empêcher le pays de se retrouver encore dans des situations peu nobles et honnêtes sur le plan national qu’international.

Au-delà de cet aspect sus-consigné de la législature en place, le Parti des forces indépendantes pour le développement (PFID) voudrait exprimer toute sa gratitude à tous ses militants et sympathisants de toutes les circonscriptions électorales du Kadiogo, du Sanguié, du Houet, de la Sissili, du Boulkiemdé, du Ziro, du Bazèga, du Tuy, de la Comoé, du Poni, du Soum, du Séno, du Nahouri, du Zoundwéogo, et du Sanmatenga, etc...eux qui, malgré les slogans de découragement et de provocation de certaines personnes, sont restés déterminés jusqu’au bout.

Le parti voudrait leur confirmer sa reconnaissance à travers une détermination sans égale dans le jeu politique au pays des Hommes intègres pour qu’ensemble nous construisions un Burkina vrai dans la loyauté, la légalité, l’intégralité et la dignité.

Liberté-indépendance-développement
Secrétaire général,
Kader NACRO

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 21 juin 2007 à 17:22, par Le Bobo En réponse à : > Préoccupations post-électorales au Burkina : La contribution de Mahama Sawadogo au débat

    Un essai sur l’opposition pat T.I.Z........................
    opposition (politique), ensemble des forces politiques qui expriment des divergences importantes par rapport aux détenteurs du pouvoir.

    Pour qu’il puisse exister une opposition, il faut que le système politique d’un pays soit organisé et régi par des règles précises. L’opposition est ouverte et collective. Lorsque la lutte contre les détenteurs du pouvoir est clandestine, il ne s’agit pas d’opposition mais de résistance. De même, l’opposition n’est pas normalement la critique individuelle mais le regroupement de personnes partageant des vues critiques sur la manière dont le pays est gouverné.
    La réflexion sur l’opposition est récente. Parmi les auteurs qui se sont intéressés de près à cette notion, il faut citer R. Dahl, qui a écrit en 1966 un ouvrage intitulé l’Avenir de l’opposition dans les démocraties. Dans ce livre, R. Dahl propose un essai de typologie des différents modèles d’opposition en régime démocratique. Ainsi, il distingue les pays dans lesquels le « consensus » étant très élevé, les minorités d’opposition sont peu nombreuses et les citoyens sont en général d’accord avec l’esprit des lois qui sont édictées ; les pays dans lesquels il y a en permanence une importante minorité qui accepte les formes et les procédures constitutionnelles tout en étant profondément en désaccord avec la politique suivie par le gouvernement. Les personnes faisant partie de cette minorité obéissent aux lois qui ont été adoptées suivant la procédure constitutionnelle et légale reconnue légitime, mais ont le sentiment d’être contraintes d’obéir à ces lois bien qu’elles les trouvent mauvaises. Enfin, R. Dahl définit un troisième type, constitué par les pays dans lesquels une importante minorité refuse à la fois la politique gouvernementale et la Constitution.

    Il s\’agit bien entendu de formes « idéales ». Il semble que la France, après avoir appartenu à la troisième catégorie, appartienne désormais à la deuxième, celle où les textes fondamentaux, la Constitution et l’esprit qui l’inspire sont à peu près acceptés. On peut donc distinguer dans les faits les régimes politiques à « consensus élevé » ou de nombreux citoyens ne sont que très modérément opposés au pouvoir et les régimes à « consensus limité » où beaucoup de citoyens sont fortement opposés au pouvoir. Parmi les premiers, on peut citer la Suède, parmi les seconds, la France ou l’Italie. Un régime de consensus limité offre plus de liberté dans l’action politique qu’un pays de consensus élevé, mais il entraîne des risques importants de violences politiques, d’impasses politiques, d’instabilité constitutionnelle et, à la limite, de destruction de la démocratie elle-même. C’est l’une des causes de la chute de la IVe République en France en 1958.
    Alfred Sauvy écrit dans la Tragédie du pouvoir (1978) : « La démocratie ne consiste pas à s’unir mais à savoir se diviser. L’unanimité, le plein accord, est un mauvais signe. » L’opposition assure donc certaines fonctions indispensables en démocratie. Elle permet d’abord une information contradictoire des décisions et des intentions du gouvernement du pays. Il revient à l’opposition de soulever des questions, de critiquer les interrogations ou les orientations de telle ou telle politique. L’opposition doit ensuite constituer pour les électeurs un éventuel gouvernement de rechange. Cela signifie que l’opposition doit avoir un programme réalisable. Le principe de l’alternance fait donc de l’opposition un gouvernement en puissance.

    ...........................................D’où la question suivante avons-nous une opposition ou permettez-vous une opposition ????????????

  • Le 22 juin 2007 à 03:38, par Moussa En réponse à : > Préoccupations post-électorales au Burkina : La contribution de Mahama Sawadogo au débat

    Le Depute Mahama Sawadogo a le merite d’exprimer ses opinions sur les questions politiques. Mais c’est dommage qu’il survole les sujets. On le comprend parce qu’il est depute du CDP !

    La question de l’implication de la chefferie traditionnelle en politique au Burkina est la preoccupation majeure des Burkinabe. On ne peut pas vider cette question en disant tout simplement qu’il est pratiquement impossible que les chefs cessent de faire la politique politicienne malgre les raisons objectives qui ont ete developpees par le Pr. Loada. Il faut tout simplement une volonte politique comme le Ghana l’a demontre en inscrivant une clause sur ce sujet dans sa Constitution.

    D’une maniere generale, on peut dire que depuis l’avenement de la Revolution jusqu’a nos jours les Burkinabe ne disent plus rien qui puisse contrarier la volonte du Chef Supreme. Les CDRs ont enseigne cette lecon et plus de 20 ans apres elle n’est pas oubliee !

    Il faut que cela change si nous sommes vraiment en democratie. En continuant de carresser le prince du jour dans le sens du poil, c’est la democratie elle-meme qui est vouee a l’echec... et avec elle la chefferie coutumiere sera une institution qui ne representera plus rien ni pour nous aujourd’hui, ni pour nos enfants demain.

    Le parti CDP doit prendre au serieux cette question, en debattre franchement au niveau de ses instances et proposer des solutions a l’Assemblee. Mais alors il va falloir aussi ecouter l’opposition parlementaire sans prejuges et sans parti pris. Il y a des problemes dont la solution necessite que les clivages politiques habituels soient leves afin de permettre d’arriver a un veritable consensus national.
    Si le CDP refuse de prendre au serieux ce probleme malgre les interpellations tous azimuts, ce parti risque de porter une grande responsabilite devant l’histoire.

    Vivement que d’autres personnes partagent leurs propositions afin que ce probleme soit regle pour de bon. Si les chefs coutumiers doivent continuer de faire la politique politicienne, il est important que par la reflexion nous reussissions a trouver les balises qui peuvent proteger l’institution traditionnelle contre elle-meme. Si par contre ils doivent quitter la scene politique, nous devons trouver les modalites qui conviennent.

    Merci

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