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Résolution de la crise ivoirienne : Hommage du PAI à Gbagbo

Publié le mercredi 20 juin 2007 à 07h51min

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L’accord historique de Ouagadougou qui ouvre la voie au retour de la paix en Côte d’Ivoire, après quatre années de guerre civile, ne laisse pas le Parti africain de l’indépendance (PAI) indifférent. Ci-après le Bureau exécutif central, sous la plume de son secrétaire général Philippe Ouédraogo, salue la lucidité dont a fait preuve le président Laurent Gbagbo....

Notre parti, le PAI, est un observateur très attentif de la situation en Côte d’Ivoire. Il y a plusieurs raisons à cela, dont les suivantes :

1. Notre parti est naturellement attentif à la situation de tous les pays qui, comme la Côte d’Ivoire, entretiennent avec le Burkina Faso des relations politiques, économiques et humaines importantes : c’est le cas par exemple du Mali, du Niger, du Togo, de la France, etc. ;

2. Notre parti entretient des rapports particuliers et anciens avec de nombreux hommes politiques de différents partis en Côte d’Ivoire, notamment ceux qui se réclament du socialisme, de la gauche, ou des droits humains ;

3. Avec le Président Laurent Gbagbo, en particulier lorsqu’il était président du Front populaire ivoirien (FPI) et pas encore président de la Côte d’Ivoire, nos rapports sont anciens et remontent au début des années 1980.

C’est pourquoi le déclenchement de la guerre en Côte d’Ivoire le 19 septembre 2002 avait plongé le PAI dans un grand émoi. Notre plus grand souhait et notre préoccupation constante ont dès lors été que la Côte d’Ivoire retrouve rapidement la paix et son unité.

C’est dans cet esprit que nous avons envoyé en date du 10 octobre 2002 une lettre au Président Laurent Gbagbo dans laquelle nous l’enjoignions de tout faire pour trouver un accord avec la rébellion, qui assure le plus rapidement possible le retour de la paix dans son pays. Pour cela nous demandions au président Gbagbo :
- « de continuer à faire montre vis-à-vis de ceux qui se considèrent comme vos adversaires d’une ouverture encore plus grande, pour autant que cela ne porte pas atteinte aux intérêts permanents du pays ;
- de faire en toutes circonstances prévaloir votre volonté d’assurer la réconciliation et la paix par rapport à toute autre préoccupation partisane ;
- de faire constamment la différence entre les intérêts permanents du pays et les intérêts conjoncturels ou partisans ;
- de confirmer votre volonté permanente de promouvoir et de consolider les liens entre votre pays et les pays voisins ainsi que leurs peuples ;
- de combattre en conséquence officiellement et de manière pratique les tendances et les manifestations de xénophobie, de discrimination et de brimades gratuites à l’égard des communautés étrangères résidentes. »

C’est dans le même esprit également que nous avons contribué à définir les positions sur la Côte d’Ivoire de la Coordination de l’opposition burkinabé (COB) en 2002 et 2003, matérialisées par différentes déclarations de celte Coordination sur la situation de ce pays.

Des échecs successifs des réunions diplomatiques

Avec beaucoup de douleur et d’indignation, nous avions noté à Ouagadougou la montée du climat belliciste de la part d’hommes instrumentalisés par le pouvoir burkinabé, inconnus pour la plupart, retombés déjà dans l’oubli, ainsi que le ressentiment qui se creusait entre les autorités du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire.

Nous avons noté aussi les échecs successifs des réunions diplomatiques au plus haut niveau (Marcoussis, Lomé 1-2, Accra 1-2-3-4, etc.), dont les décisions restaient immanquablement lettre morte. Nous nous interrogions sur les raisons qui amenaient le Président Gbagbo à approuver ou signer ces accords, pour ensuite montrer les plus grandes réticences à leur mise en œuvre.

Le PAI a toujours dénié aux dirigeants du Burkina le droit qu’ils se donnaient d’intervenir aussi clairement dans les affaires intérieures d’un pays comme la Côte d’Ivoire, notamment en abritant et laissant circuler librement sur leur territoire des rebelles bien connus, sous le prétexte fallacieux que le Burkina était un pays ouvert et respectueux des principes du droit d’asile.

Car dés lors que ces hommes s’étaient identifiés comme tels, leur droit à l’asile et à la protection dans notre pays ne pourrait se justifier que dans le cadre de négociations pour la paix. Or manifestement, ils séjournaient au Burkina Faso comme dans un sanctuaire dans lequel ils se recréaient, refaisaient leurs forces, prenaient contact avec le monde entier et faisaient même dès déclarations compromettantes pour notre pays.

Le parrainage insolite de Blaise Compaoré

Après plus de quatre années de guerre civile, tantôt ouverte, tantôt larvée, fort heureusement, le 4 mars dernier, le gouvernement ivoirien de Laurent Gbagbo et la rébellion représentée par Guillaume Soro, Secrétaire général des « Forces Nouvelles », ont fini par signer un accord pour restaurer la paix dans leur pays, sous le parrainage a priori insolite de Blaise Compaoré, le Président du Burkina Faso, celui-là même que le gouvernement de Laurent Gbagbo accusait d’être le parrain de la rébellion.

Bien évidemment, a priori il n’y a pas de contradiction fondamentale entre le fait que Biaise Compaoré puisse être le parrain de la rébellion et son acceptation de la médiation. Il parait évident que plutôt que d’avoir des discussions séparées et successives avec la rébellion d’une part, puis ultérieurement entre celle-ci et son parrain, avec une multiplication des possibilités de désaccords, le Président Laurent Gbagbo a préféré faire d’une pierre deux coups.

Il a pris toute la mesure de la lassitude de tous les acteurs directs ou indirects de la guerre et de la crise : l’opinion nationale, les FANCI, les Patriotes, le FPI, les partis politiques ivoiriens, les Forces nouvelles, le Burkina, l’opinion nationale burkinabé, la « communauté internationale ».

Il a également évalué tous les risques d’une nouvelle confrontation militaire avec la rébellion, se déroulant en présence des forces françaises « Licorne » et des forces des Nations Unies. Le Président Gbagbo a donc proposé la solution dite du « dialogue direct ».

Celui-ci a donc apparemment abouti au bout d’un mois, le 4 mars dernier, à Ouagadougou et les principaux protagonistes de la crise paraissent cette fois sérieusement désireux de mettre en œuvre les arrangements convenus.

Même si les multiples déconvenues rencontrées dans la mise en œuvre des ?accords antérieurs incitent à la prudence, le soin que mettent jusqu’à présent tous les acteurs à ne pas le (Ndlr : l’accord de Ouagadougou) dénoncer, à ne pas dramatiser ou même crier leurs désaccords, à minimiser leurs divergences, conduisent à penser qu’ils sont cette fois tous désireux d’aller à la paix.

Près de trois mois après l’accord de Ouagadougou, le PAI veut donc saluer la volonté des protagonistes directs et indirects de la crise ivoirienne d’aller à la paix, telle que cette bonne volonté se manifeste actuellement.

Personne ne perd

La paix est d’abord le résultat du désir des parties en conflit de l’obtenir et non la conclusion d’un rapport de forces toujours évolutif. Elle signifie que chaque partie renonce à gagner de manière exclusive, subordonnant ses propres pulsions, ambitions ou calculs à la recherche d’une entente où chacun estime que ses préoccupations majeures sont prises en compte dans l’accord final obtenu tel qu’il est compris et mis en œuvre par tous les acteurs principaux. La paix suppose qu’aucun des protagonistes ne perde jamais de vue qu’il est comptable devant le peuple ivoirien tout entier, aujourd’hui et demain, de la situation que ses positions et ses comportements entraîneront.

C’est pourquoi nous voudrions ici rendre en particulier hommage au Président Laurent Gbagbo pour la lucidité dont il a fait preuve en proposant ce « dialogue direct » avec ceux qui ont délibérément et ouvertement contesté son pouvoir pendant plus de quatre ans, et qui, les armes à la main, ont cherché dans un premier temps à le renverser.

Comme toute son histoire, ses relations et son orientation en témoignent, le PAI réaffirme sa disponibilité et son attachement à oeuvrer au rapprochement, à l’amitié et à l’entente entre tous les peuples africains.

Ouagadougou le 14 juin 2007

Pour le Bureau exécutif central,
Le Secrétaire général du PAI

Philippe Ouédraogo

L’Observateur

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