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Législatives françaises : Une leçon de démocratie pour les républiques bananières

Publié le mardi 19 juin 2007 à 08h01min

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L’exemple devrait constituer une leçon pour les républiques bananières. Il devrait, pour une fois, les inciter à se mettre en face d’un miroir ; un miroir qui leur renverrait certainement l’image de leurs "laideurs" démocratiques.

On sait combien, sous les tropiques africains, la réalisation des scores électoraux à la soviétique fait généralement la fierté des tenants du pouvoir. Mais quelle fierté, quand la source dont les princes du jour tirent leur légitimité n’est pas propre !

Achats de conscience, fraudes, inégalité et illégalité des moyens ; ce sont là autant de coups de poing portés à la face d’une démocratie sonnée et titubante. Aveuglés par la boulimie du pouvoir assimilable à un rouleau compresseur qui lamine tout sur son passage, ils entendent triompher sans partage. C’est une déferlante en règle sur les terres arides d’une opposition qui se cherche toujours.

Pour leur part, les Français qui ont porté Nicolas Sarkozy à l’Elysée, viennent cependant de lui adresser un message clair à travers les dernières législatives : ils n’aiment pas l’absolutisme. Sans aucun doute, réalisant qu’une dictature de l’UMP à l’hémicycle serait nocive à la démocratie, les descendants des Gaulois ont fait barrage au raz-de-marée électoral du parti de Sarkozy, qui pointait à l’horizon. Montrant ainsi que sous les ponts de la démocratie, ils peuvent constituer ce courant d’eau suffisant pour charrier hors des caniveaux, toutes velléités totalitaires de Sarkozy.

A l’Assemblée nationale française, la déferlante bleue n’aura donc pas eu lieu. Il n’y aura pas eu l’effet d’entraînement de la présidentielle sur les législatives. Cela tient de la vigilance du peuple français et du Parti socialiste qui a montré tous les dangers qu’une telle perspective représenterait. Si, à l’arrivée, l’UMP est en deçà de ses objectifs électoraux de départ, cela s’explique aussi par le fait que le Parti socialiste a surfé sur la fameuse question de la TVA sociale qu’il a fait passer, aux yeux des Français, comme une mesure injuste.

Cela dit, Sarkozy serait président dans bien des pays d’Afrique que son parti obtiendrait à coup sûr sa déferlante bleue. Qui l’en aurait en effet empêché ? Autre enseignement que l’Afrique devrait tirer de la récente consultation française : le devoir de démission pour tout ministre qui n’a pu se faire élire dans sa propre circonscription lors des législatives. N’est pas ministre qui a été simplement appelé par Sarkozy. Encore faut-il obtenir les faveurs de sa base. L’homme qui continue de payer pour Chirac, le savait bien. Mais, sans aucun doute, Alain Juppé n’aurait pas craint pour son poste s’il avait été ministre en Afrique.

Dans des pays où il est facile d’être député sans même mettre pied chez soi dès lors qu’on sait compter sur la magie du scrutin de liste, et où l’obtention d’un mandat électif ne passe pas toujours par un jeu démocratique franc, quelles raisons de s’inquiéter quand on bénéficie d’un solide couvert politique ? Assurément, l’Afrique devrait s’inspirer des bons exemples, des exemples qui arrangent d’abord les peuples et non leurs dirigeants. Autrement, le continent continuera de traîner les poutres qui l’empêchent de voir les chemins de la démocratie et du développement.

Cheick Beldh’or SIGUE

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 19 juin 2007 à 19:35, par demo En réponse à : > Législatives françaises : Une leçon de démocratie pour les républiques bananières

    salut á tous,c’est très interessant ce que dit cheik,mais j’ai l’impression que dans son analyse il oublie un element clee,à savoir la sociologie des peuples et leur niveau de comprehension de la democratie...en france et dans les pays du nord les politiciens viennent d’abord à la politique par conviction pour servir leur pays et ensuite quand ils ont la legitimité du peuple,certains se jettent dans les magouilles et même là ,c’est tres intelligemment qu’ils le font...
    Sous les tropiques C’est tout à fait autre chose car la politique est tout d’abord percue comme ascenseur social et moyen perniscieux pour tout faire de sorte que le peuple reste pauvre,analphabet,bref sous-developpé...imagine un temps soit peu que les derniéres elctions au Burkina aient été faites avec 90% de burkinabè alphabetisés...le cdp aurait certainement connu un autre sort que plus de 70 deputés.
    Demandez-leur à n’importe lequel d’entre eux pourquoi il va à l’assemblée et vs verrez que la reponse ne serra pas spontannée et naturelle comme quoi au pays des aveugles les borgnes sont rois,comme dirait l’addage !!!!
    A bon entendeur,salut !!!

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