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Conflit israelo-palestinien : La politique dangereuse de Sharon

Publié le vendredi 7 mai 2004 à 07h23min

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Les militants du Likoud(droite, parti au pouvoir) viennent de
rejeter le plan de séparation unilatéral d’avec les Palestiniens
proposé par le premier ministre israélien, Ariel Sharon. Le refus
de ce plan est un sérieux revers pour le chef du gouvernement
de l’Etat hébreu et pour George Bush, qui ne ménage aucun
effort pour soutenir Sharon.

Mais le premier ministre s’entête et
cherche à passer outre cette sanction de son propre parti pour
réaliser ses rêves du "Grand Israël". Ariel Sharon est donc à la
recherche d’un plan alternatif.

Il est à la fois soumis à la
pression du quartette (Etats-Unis, Union européenne, Russie et
ONU) initiateur de la feuille de route censée aboutir à la création
d’un Etat palestinien dans un an (aujourd’hui, personne ne croit
plus à ce plan, à commencer par les Palestiniens eux-mêmes)
et d’une bonne frange de la population israélienne.

Aujourd’hui, Sharon est un homme presque seul, même s’il
peut toujours compter sur un appui systématique du président
américain. Mais le locataire de la Maison Blanche ne peut
continuer à ignorer les critiques concernant sa politique au
Proche-Orient. Une soixantaine d’anciens diplomates
américains ont ouvertement dénoncé la politique menée par
Washington dans la région.

Emboîtant le pas à leurs collègues
britanniques qui n’avaient pas ménagé la semaine dernière
leurs critiques envers le ralliement systématique de Tony Blair
aux positions américaines sur ce dossier, ces diplomates
dénoncent une politique partiale des Etats-Unis dans le conflit
israélo-palestinien.

Cette levée de boucliers, même si elle n’émane pas de
personnalités en activité, traduit tout de même un certain
ras-le-bol d’une partie de l’establishment quand on connaît
l’unanimisme qui a toujours caractérisé les relations
américano- sionistes.

Toutefois, Ariel Sharon qui s’était déjà tristement illustré dans le
massacre de Palestiniens à Shabbra et Chatila (Liban) en 1982,
n’entend pas se laisser démonter.

Le mur de séparation entre
Isräel et les Territoires occupés, comparable au Mur de Berlin,
se poursuit, les assassinats ciblés de leaders palestiniens
continuent.
Après l’élimination de Cheich Ahmed Yassine et de son
successeur Abdul Aziz Rantissi , le président de l’Autorité
palestinienne, Yasser Arafat, se présente désormais comme
une cible potentielle de l’armée israélienne.

Confiné dans son
palais de La Moukatta à Ramallah, privé d’électricité et d’eau
courante, le vieux leader palestinien est à la merci totale de Ariel
Sharon. D’ailleurs, le premier ministre isräelien ne fait pas
mystère de sa volonté d’éliminer Arafat, estimant que l’immunité
dont il jouissait est désormais caduque.

Dans tous les cas, la communauté internationale s’est montrée
impuissante pour régler ce conflit qui dure depuis 56 ans.
Quant au monde arabe, il est plus que jamais divisé, incapable
de parler d’une même voix.

Ainsi, l’Etat hébreu a le droit de tuer,
de raser des habitations et de détruire des champs sans
susciter la moindre réaction en dehors des éternelles
condamnations verbales. Au même moment, quand un
cimetière juif est profané, c’est une véritable campagne
médiatique de désapprobation qui se met en place, assortie de
poursuites judiciaires.

Manifestement, il s’agit là d’une politique
de deux poids deux mesures. On ne peut même plus critiquer
la politique israélienne sans être taxé d’antisémite. L’Europe, qui
a le plus persécuté le peuple juif, depuis la Rome antique
jusqu’à la barbarie hitlérienne de la Shoa, se sent piégée. Elle
traîne donc, comme un boulet, ce triste héritage que le sionisme
international n’hésite pas à réveiller quand il le faut.

Quoi qu’il en
soit, la politique de Sharon a peut-être transformé un problème
difficile en un problème insoluble en développant une rhétorique
biblique qui légitime la fin des persécutions subies par le
peuple juif pendant deux mille ans et dont l’holocauste a marqué
le paroxisme. Les Palestiniens, de leur côté, considèrent Israël
comme une intrusion sur un territoire arabe "sacré". Ils peuvent,
certes, accepter tel ou tel compromis territorial, faute de mieux.

Mais leur attitude sera la même que celle de la France face à
l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne en 1870 : récupérer les
régions perdues. Ces données rendent tout compromis difficile.
Que faire alors ?

On est tenté de répondre avec Henry Kissinger, ancien
Secrétaire d’Etat américain que "l’avenir montrera si la
coexistence sera le fruit de la négociation, ou si elle s’imposera
à l’issue de nouvelles épreuves de force comparables à celles
que la guerre de Trente Ans a entraînées au cours d’une période
assez comparable de l’histoire européenne".

Le Pays

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