En effet, la dissolution de l’équipe du Hamas et la mise en place d’un gouvernement d’urgence par le président Abass augurent d’un futur loin d’être pacifique. Si la nouvelle équipe a l’appui des Occidentaux, le Hamas, lui, revendique avec juste raison la légitimité de sa gestion du pouvoir d’État, suite à sa victoire aux dernières élections législatives. Il bénéficie aussi de l’appui de la rue arabo-palestinienne, et exerce un contrôle militaire réel. Il semble loin d’avoir été ébranlé par les derniers actes posés par le président Abass, résolu à gérer le pays par décrets.

Les accords de Ryad n’auront donc pratiquement servi à rien. Les choses apparaissent comme si elles avaient été savamment planifiées. La nouvelle équipe gouvernementale palestinienne s’est constituée avec une rapidité déconcertante, donnant de ce fait l’impression d’une véritable conspiration anti-Hamas. Le camp occidental avait tout fait pour empêcher le Hamas d’exercer son mandat. Le gouvernement israélien ne s’en cache pas non plus aujourd’hui : ses agissements visent à isoler davantage le Hamas, à briser son pouvoir et à lui ôter toute possibilité de retour aux affaires.

Ce qui se passe en Palestine rappelle étrangement les événements survenus il y a quelques années en Algérie et dont les traces sont indélébiles. Les Occidentaux y avaient rapidement béni et alimenté la crise en orchestrant le rejet du verdict des urnes aux dépens des vainqueurs alors qualifiés d’islamistes purs et durs. La suite ? Des familles endeuillées, des handicapés à vie, des ruines et des désolations à n’en plus finir.

Dans le cas de la Palestine, nul n’ignore que c’est le Hamas qui a eu les faveurs du peuple lors des élections. Mais que n’a-t-on pas fait pour l’empêcher de gouverner, l’assimilant alors à une organisation terroriste ? Comme si le peuple palestinien n’était pas suffisamment mûr pour savoir qui défend réellement ses intérêts.

Si les Européens ont accepté une fraction du temps de débloquer une partie des fonds destinés aux Palestiniens, les Américains qui se targuent d’être les champions de la démocratie, ont quant à eux résolument tourné le dos aux élus du peuple palestinien. De son côté, Israël a obstinément refusé de reverser les frais de douane et autres sommes qui reviennent pourtant de droit aux Palestiniens. Et il continue à faire fi des nombreuses résolutions votées par les Nations unies pour mettre fin au conflit qui perdure. Que de résolutions votées, mais jamais appliquées par l’Etat hébreux qui sait pouvoir compter en particulier sur les Américains pour ne souffrir d’aucune sanction ! Les terres arabes resteront donc occupées au titre des butins de guerre et au nom de la lutte contre l’insécurité et l’encerclement par des forces hostiles. Israël n’en continue pas moins de se consolider pendant que s’affaissent la Palestine et les pays arabes.

Outre les désagréments avec Israël et le camp occidental, les luttes fratricides au quotidien par milices interposées, les Palestiniens ont aussi le malheur de ne pas pouvoir compter sur la cohésion de leurs frères arabes. La résurgence du conflit entre Libanais participe ainsi de l’émiettement des forces et présage d’un embrasement qui ne profitera qu’aux faucons... occidentaux, israéliens et arabes, au lobby militaro-industriel et aux groupes mafieux.

Au comportement des dirigeants occidentaux, à la limite indécent et réellement antidémocratique, répond la rue arabe qui continue de soutenir ceux qu’elle s’est librement choisis pour conduire sa destinée. Mais un tel défi ne saurait être toléré longtemps par les Occidentaux. D’où cette crise orchestrée entre frères musulmans. Ils s’étaient pourtant engagés sur les terres saintes de l’Islam, à maintenir le dialogue, à défendre ensemble les intérêts du peuple palestinien.

Il est déplorable que cette partie du monde, pourtant siège des trois grandes religions révélées (Judaïsme, Christianisme et Islam), n’ait jamais réellement connu la paix. Les nombreuses tentatives de médiation, les accords multiples et les traités en tous genres ne sont toujours pas parvenus à taire les rancoeurs et à soustraire les peuples à l’arbitraire et à la misère pour profiter ensemble de l’immensité des richesses. Depuis des temps immémoriaux, le partage de l’eau, denrée rare dans la région, des pâturages et, plus récemment, la possession et l’exploitation des gisements de pétrole, ont tour à tour servi de lit à des conflits fratricides. Plus les années passent, plus on se demande pourquoi cette incapacité à trouver un compromis entre Arabes et Juifs, entre Arabes musulmans, entre Arabes musulmans et chrétiens, etc.

Il y a comme une épreuve sans fin que Dieu a imposée aux humains de cette partie de la Terre en ces termes : "Si vous avez bien compris mes messages, conformez-vous à mes directives. Vous parviendrez toujours à surmonter vos contradictions. Si vous n’en avez cure, si vous faites passer vos intérêts matériels et si vous privilégiez tout ce qui fait la vanité de l’Homme, vous passerez votre vie à vous entre-déchirer."

Ainsi, pour que vienne et s’installe la paix dans la région, il faut travailler partout à renforcer le camp de la paix et de la démocratie véritable.

Le Pays